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Interview-Test: Colorobot

Un peu de mécanique pour commencer :

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Les Roll & Write, c’est avec des dés et des crayons (Très Futé !).

Les Flip & Write, on remplace les dés par des cartes et on garde les crayons (Welcome To).

On peut aussi parfois remplacer le Write par du Draw, pour dessiner (Cartographers), et bien ici dans Colorobot, on bouleverse tout, et on a affaire à un Pen & Color, oui, oui !

On va donc piocher des feutres pour ensuite colorier sa feuille, encore une fois on innove du côté de la gamme Print & Play Time de chez Superlude !

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Le jeu est prévu pour 2 à 4 joueurs, à partir de 6 ans et pour des parties d’une durée inférieure à 30 minutes.

Partons donc à la découverte de ce nouvel objet ludique, en compagnie de ses auteurs, Débora et Jérôme Soleil ! Suivez le guide !

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Jérôme : Père et fille. Fans de jeux. Peut-être plus particulièrement de R&W. Débora a fait 1 million de parties de « Yams » avec sa mère-grand, entre 2 & 14 ans. C’est formateur 😉 Puis on est passé à des Très futé, des Encore & encore, et tutti quanti (c’est un jeu ça ? Haha, on le note)… On a rencontré Antoine virtuellement, par l’intermédiaire de Ludovic Chatillon. Ah que le monde ludique est tout petit ! Antoine en était au lancement de sa collection P&P Time.

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Jérôme : Déjà, mon « moteur » c’était l’envie de créer un jeu avec ma fille !  Ce sont des moments précieux ! Débora aime beaucoup les jeux de société et depuis toute petite. Elle est très imaginative. Quand on se voit, on joue et tout y passe, du « party game « au neuronal, en passant par du narratif et même un peu de jeu de rôle. On se retrouve vraiment là-dedans. Bon, même si elle et son copain sont vachement plus forts que moi. Puis, c’est le confinement qui nous a permis de nous lancer ce petit défi.

Le choix du type de jeu, initialement c’était un roll & write, car c’est un format qu’on aime beaucoup. Et durant cette période il y avait aussi l’envie de réussir à partager des choses avec d’autres personnes, par mail. C’est le format idéal pour ça. Côté mécanique, on a testé des choses variées et les feutres sont arrivés assez naturellement, car on aimait cette idée simple que l’aboutissement, que les « points », soient visuellement représentés par un (petit) dessin. On a tourné autour de différents thèmes (qui sont à la base d’autres prototypes aujourd’hui 😊). Puis on a pensé à des robots et leur visage éteint qui se remplit d’yeux, de sourires et d’énergie !

On a obtenu une base qui nous convenait, très accessible, puis on l’a augmentée sans changer le gameplay, pour en faire une version plus « complexe ». Puis le temps du confinement se déroulait doucement pour bientôt prendre fin…

Comme on trouvait que le proto avait du potentiel, qu’on l’avait fait tester à d’autres personnes, on l’a envoyé à deux ludothécaires pour avoir un avis. Ça nous questionnait pas mal de savoir si ça leur semblait jouable & plaisant, mais également si on avait réussi à concevoir quelque chose d’original. La réponse de Ludovic Chatillon pleine d’enthousiasme nous a un peu fait décoller ! Et la suite est un concours de circonstances… dont la finalité est l’édition dans ce format osé et novateur. Pour notre plus grand plaisir.

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Jérôme : Pour Pas de pitié pour les monstres, créé avec Emilie, c’est encore une autre histoire 🙂 Émilie est autrice-jeunesse (Casterman, Bayard, …) et nous avons réalisé quelques livres et loisirs créatifs ensemble. Penser des concepts créatifs à deux, c’est notre histoire depuis le début ! Le jeu « Pas de pitié pour les monstres » était avant tout destiné à être un imagier sur le thème de la maison, sous la forme « réelle » d’une maison en volume avec l’idée que les enfants s’emparent aussi de l’objet comme d’un espace pour leurs jouets.

Le projet a séduit une maison d’édition réputée. Puis ça s’est arrêté assez soudainement. Quand on a découvert qu’Helvetiq (j’adore leur ligne graphique) éditait des livres jeunesse on s’est dit : voilà un éditeur qui fait du jeu et du livre, notre livre est uniquement en carton et ressemble à un jouet… alors on y va. Ils furent emballés par l’objet et son potentiel, en nous demandant de le transformer en jeu.

Haha, la notion de défi est super motrice pour nous. Du livre-objet, on est passé au jeu-livre-objet. C’est un projet qui nous a passionnés. Et on espère qu’il réussira à faire sa place, entre deux mondes.

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Débora : Je trouve ça plutôt chouette ! J’ai toujours aimé le monde ludique et je suis une grande joueuse (grâce à mon père qui m’a fait découvrir ça), mais je ne pensais jamais qu’un jour ce serait nous qui créerions un jeu. En tous cas, c’est une expérience de plus et c’est quelque chose que j’aime beaucoup faire ! Surtout en ces temps un peu bizarres ça fait du bien d’avoir des projets et surtout des projets qui avancent et qui se finalisent !

D’ailleurs, on a plein d’autres idées avec et on y travaille, donc oui, j’espère que d’autres projets pourront voir le jour !

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Jérôme : Pas vraiment sûr qu’il y ait des spécificités côté développement. Les jeux au matos réduit sont vraisemblablement avantagés : jeux de cartes minimalistes, narratifs (jeux de rôle) ou R&W.

C’est très courant l’édition dématérialisée de livres ou de revues. On peut s’acheter un bouquin de jeu de rôle en pdf, ou télécharger une fan-version de « Love Letter ». Donc ça existe ! Ça offre certainement une plus grande souplesse pour le prépresse et l’édition au sens large. Mais c’est aussi un risque lié à ce format osé. Car c’est un défi. On souhaite que ce format fasse sa place.

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Jérôme : Elle est fantastique. Novatrice. Que du bien évidemment.

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Extrait du communiqué de presse de

LES REVENUS

« Avant d’être un produit physique, imprimé en usine, un jeu existe déjà. Il est le résultat d’un travail de collaboration créative entre un auteur, un illustrateur et un éditeur. Chacun s’investit à part égale dans cette création, conjointement sur certains aspects et séparément sur d’autres.

Ainsi, les revenus des jeux, après commissions des plateformes de vente, sont partagés à part égale entre l’auteur, l’illustrateur et l’éditeur, soit un tiers chacun.

Avec cette répartition, l’auteur gagne plus par jeu vendu à 3€ que pour le même jeu s’il était vendu en boutique à 15€ (presque 2 fois plus).

Pour l’illustrateur, le risque est plus grand car il ne touche pas de forfait initial. Les 33% de royalties lui permettent cependant de considérablement dépasser ses gains perçus avec le même jeu en boutique dès lors que plus de 3000 exemplaires du jeu en pdf sont vendus (Pour 10 000 ventes, il gagnera 3 fois plus avec le PnP à 3€ qu’avec le même jeu en boutique à 15€).

Pour l’éditeur, les revenus par jeu vendu sont bien moins importants (environ 7 fois moins) et ses bénéfices aussi (environ 3 fois moins) mais il n’a plus à prendre de risque financier (environ 12 000 euros) pour voir 3000 exemplaires du jeu arriver en boutique. Il faut savoir que pour un jeu physique à 15€ en boutique les dépenses de l’éditeur sont amorties à 2000 exemplaires vendus. Pour seulement 1000 exemplaires vendus la perte est de 6000€. Dans un marché très concurrentiel de plus en plus dominé par des groupes importants, le risque est énorme pour un petit éditeur tel que Superlude. »

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Jérôme : On a tellement bossé sur le coloriage qu’on a plusieurs pistes en cours de prototypage… pour de la colorisation « Robocité »… ou pas. Haha ! On a aussi un jeu en cours, qui était à la base un « Pen & write », puis devenu un jeu de collections avec un plateau commun déclencheur d’action. Il y a encore du travail. …  mais il faut encore qu’on le crée ce R&W, sans feutres cette fois-ci. Que pour nous car on arrive au bout de nos blocs de Très futé !

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VERDICT

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J’ai effectivement une petite histoire personnelle dans le projet Colorobot, mais sachez que ce jeu a tout de suite fait tilt dans mon cerveau de papa joueur !

Quand j’ai joué au prototype, j’ai tout de suite ressenti des choses positives, des valeurs bienveillantes. En plus de son originalité, de piocher des feutres de couleur, le choix proposé de colorier tel tuyau, ou tel réservoir m’a paru rapidement bien trouvé et surtout très bien adapté aux enfants.

L’ajout d’un mode de jeu un peu plus corsé est un plus dans ce type de jeu afin de faire évoluer les enfants tranquillement vers un peu plus de réflexion sur l’optimisation des choix.

Alors oui, pour certains enfants, le fait de colorier dans de petits espaces peut être un peu difficile au début, mais croyez-moi ils en viennent vite à s’appliquer et sinon il suffit d’agrandir la feuille de jeu à l’impression, rien de bien méchant.

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Quand j’ai découvert, il y a quelques semaines, l’univers graphique que Superlude avait choisi pour le jeu, j’ai encore une fois trouvé cela hyper logique, cohérent. Cette couverture de boite virtuelle invite au coloriage afin de personnaliser son jeu, et ça c’est chouette pour les enfants mais aussi les adultes.

Le jeu pour enfant n’est pas chose facile, il ne suffit pas de mettre de jolis dessins, il faut aussi réfléchir à une mécanique en lien avec les compétences cognitives et intellectuelles de l’enfant, prévoir une certaine profondeur, rejouabilité dans le jeu. S’attarder plus que d’habitude au matériel de jeu, afin qu’il ne mette pas en difficulté les joueurs.

Bref c’est souvent un véritable défi à relever !

Et pour Colorobot, je peux affirmer qu’il est hautement réussi, un vrai jeu à imprimer pour les enfants et toute la famille, avec un gameplay adapté et malin et qui nous ouvre les portes de la grande famille des Roll & Write, ou plutôt des Pen & Draw !

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Disponible ici :

Prix constaté : 3€

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