Habituellement, quand on vous fait la critique d’un jeu de société, c’est d’une sortie récente dont on voudrait vous partager l’enthousiasme ou la déception. J’ai décidé de prendre le parti inverse et vous parler des jeux qui sortent… de ma ludothèque. Lassitude ou déconvenue, je vais aborder des jeux auxquels j’ai beaucoup joué et des raisons qui m’ont poussé à les revendre.
Car depuis 2019, je me suis lancé dans une démarche de réduction de ma ludothèque. J’avais atteint cent-seize jeux, ce qui ne paraîtra pas excessif à certains passionnés. Pourtant c’est bien suffisant pour que certains prennent la poussière. Voilà pourquoi je préfère m’en séparer afin qu’ils trouvent une nouvelle vie dans une famille plus aimante et attentionnée.
C’est le cas de Medieval Academy. Un jeu de Nicolas Poncin édité par Blue Cocker et illustré par Pierô.
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Draft Academy
Medieval Academy (MA) est un jeu de draft plutôt simple puisque ses cartes n’ont qu’un seul effet, faire avancer l’un de nos pions de 1 à 5 cases sur les différentes pistes du jeu. Chaque piste représente un examen au concours final de chevalerie et les joueurs vont s’affronter sur ces différentes épreuves pour remporter ou éviter de perdre des points de victoire. Chaque piste a une manière unique de scorer, ce qu’il faudra prendre en compte lors du choix de ses cartes. Dans MA, l’interaction entre les joueurs est importante quoiqu’indirecte : On monte ses points mais on ne descend jamais ceux des autres.
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Petite joute entre amis
Le moins qu’on puisse dire c’est que MA est abordable, en tout cas bien plus que son aîné 7 Wonders. Là où ce dernier base une part importante de son gameplay sur l’optimisation, MA laisse moins de place à la stratégie et bien plus à l’opportunisme. Reste en commun cette nécessité d’observer la situation de l’adversaire pour tenter de deviner les cartes qui l’intéressent. Un aspect du jeu rendu très confortable par son excellente lisibilité. Tous deux sont des jeux de draft mais là où le jeu d’Antoine Bauza implique de la stratégie avec des interactions entre joueurs limités, MA est un jeu tactique, léger et amusant. C’est d’ailleurs pour ça qu’il est bien plus sympathique à jouer à 5 qu’à 2 joueurs. Comme quoi, en se basant sur la même mécanique, on peut obtenir des résultats très différents.
De mon point de vue, il aurait été un jeu parfait pour être nominé au Spiel ou à l’As d’or, ce qui, pour des raisons que j’ignore, n’est pas arrivé. Peut-être est-ce à cause de son éditeur encore peu connu ? De son absence de mécanique vraiment originale ? Ou de son matériel ?
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Epée en mousse, bouclier en carton
En effet, une fois dépunché, le jeu ne paie pas de mine. Un petit plateau par épreuve, de classiques disques en bois pour représenter l’avancée des joueurs et de tout petits jetons, peu lisibles et difficiles à manipuler, pour les points de victoire. Sorti en 2014, on a pourtant l’impression que le matériel de Medieval Academy date d’un autre âge. Néanmoins, si le confort de jeu s’en ressent et s’il ne favorise pas l’immersion, il suffit amplement. C’était d’ailleurs une volonté de l’éditeur pour rendre son jeu accessible aux petites bourses. Mauvais choix quand on voit la surenchère actuelle…
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Amour courtois
L’une des raisons qui m’ont poussé à m’en séparer, c’est son attractivité. J’ai beau l’aimer de tout mon cœur, entre lui ou un Clank ! (dont je trouve pourtant la couverture ignoble) les joueurs occasionnels ont tendance à bouder le carton peu flatteur de Medieval Academy. Et cela fait quelques années que je n’insiste plus. Des parties, j’en ai fait -beaucoup- et j’ai le sentiment d’en avoir fait le tour. D’autant que le jeu demeure peu immersif. Monter plus ou moins sur une piste, rattraper et se faire rattraper, tout cela reste assez abstrait. L’attachement est toujours là mais plus pour le souvenir de bons moments de rigolade que pour l’espoir d’une future partie endiablée. Il paraît que l’amour dure trois ans, Medieval Academy en aura tenu sept dans ma ludothèque. C’est déjà pas si mal.