Le Labo en Festival : L’Alchimie du jeu Toulouse 2022

par | 11 Mai 2022 | News | 0 commentaires

Toulouse, ville ludique

Avec en moyenne 15.000 visiteurs chaque année, l’Alchimie du Jeu de Toulouse est un des gros festivals ludiques français. En dépit de sa taille, il a su garder un côté populaire. Malgré les années et les galères, il reste gratuit et fait un gros effort pour soigner son accessibilité aux personnes atteintes de handicap avec des allées larges et de nombreux bénévoles pratiquant la langue des signes.

Cette année le festival a changé de lieu. Le salon des expos de Toulouse et de ses environs n’est plus au cœur de la ville rose comme dans le monde d’avant. Il se situe à Ausone, un coin un peu perdu entre des champs et les immenses hangars d’Airbus. Il faut maintenant compter une heure de tram pour relier le centre-ville au salon. En contrepartie, l’espace est plus vaste, plus moderne et moins bruyant.

Il a lieu sur trois jours, habituellement le premier week-end de mai et, je le répète, il est gratuit et ouvert à tous. Je ne peux que vous le recommander chaudement !

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Maintenant parlons jeu !

Parce que j’ai eu l’occasion d’en essayer pas mal. Rappelez-vous néanmoins que j’en ai pu faire qu’une ou deux parties.

Akropolis de Jules Messaud chez Gigamic.

Un côté Kingdomino, où il faut construire harmonieusement les quartiers de sa ville tout en gérant les multiplicateurs pour marquer le plus de points. Le twist, à la fois simple et bien trouvé, c’est la possibilité de construire en hauteur. Un aspect pas forcément facile à appréhender au début mais ce qu’il perd en simplicité, il le gagne en profondeur. Les joueurs plus habitués s’en lasseront moins vite.

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World Championship Russian Roulette de Anthony Burch qui devrait sortir bientôt chez Igiari

Ça fait longtemps que je n’avais pas joué à un bon héritier de Skull (& Roses) et Cash’n Guns. La particularité de WCRR, c’est qu’au début du tour, notre arme est posée sur notre propre tempe. A nous de tout faire pour que la balle glissée dans le barillet ne finisse pas dans notre encéphale et pour ça tous les moyens sont bons. Tirer avec un pistolet vide (mais gare à ne pas se faire prendre) ou s’arranger pour tirer en l’air ou, mieux, sur un adversaire. Il y a de la déduction sociale -du bluff- mais pas que.

Il y a aussi de la gestion de main, de la prise de risque, du hasard, de la mauvaise foi et la possibilité d’être vraiment méchant. Tout ce qu’on aime retrouver dans ce genre de jeu. Malgré tout, il parvient à rester abordable. Une vraie réussite.

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1, 2, 3 Glisse… de Joel & Rafael Escalente chez Gigamic

Dans la catégorie jeu pour enfant (à partir de 5 ans), voici l’un de mes préférés du festival. Un mélange de pichenette et de memory à la fois simple, fun et bien trouvé, sans règle inutile qui viendrait alourdir le tout. Le jeu est court et, en tant qu’adulte, on ne s’y ennuie pas. J’ai aussi apprécié que le jeu soit pensé pour éviter toute frustration inutile, quoiqu’on fasse on gagne un peu et c’est vraiment très plaisant.

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Sous l’océan de Tanja Malinowski & Marcus Meigel chez Gigamic

Mouais. Un jeu de prise de risque pour les enfants de 5 ans et +. Le matériel est mignonnet mais les illustrations franchement passe-partout. Beaucoup trop long et punitif pour le public visé. Avec un peu de malchance, tu peux passer ta partie à attendre que les autres finissent de jouer. Un coup à ce que votre enfant fasse voler la boîte à travers le salon. Et je le comprendrais.

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Genius Square de Salim Berghiche chez Gigamic

Une course de placement de tétraminos dans lequel, au lieu de changer les pièces, on change la zone de pose. Le jeu, prévu à partir de 6 ans, est mathématiquement très malin mais ne détrône pas Gagne Ton Papa qui, malgré son nom débile, reste le meilleur dans cette catégorie.

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Next Station London de Matthew Dunstan chez Blue Orange

Un Flip & Write simple et très très cool. L’idée est de tracer des lignes de métro en essayant d’engranger le plus de points tout en respectant les contraintes de déplacement (comme ne pas croiser les lignes). En bon jeu à cocher (à tracer plutôt), on joue toujours chacun dans son coin mais il apporte pas mal d’originalité à un genre qui, pour ma part, ne cesse de me surprendre.

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Rainbow 7 d’Alexandre Emerit et Antoine Davrou chez Ghost Dog

Ghost Dog est un nouvel éditeur français à surveiller. Il a dans ses cartons des concepts originaux et s’il faudra juger de leur qualité à leur sortie ils sont assez intrigants pour que ça vaille la peine de garder un œil dessus.

En tout cas, Rainbow 7, l’un de leurs premiers jeux, est une vraie réussite. C’est un petit jeu de cartes qui n’a l’air de rien mais comporte plusieurs couches de mécaniques vraiment intéressantes. Il peut être joué avec légèreté mais il y a un côté prise de risque calculée qui lui apporte une belle profondeur. Je n’ai eu l’occasion que d’y jouer à deux, mais je serais très curieux d’essayer à plus, histoire de voir s’il gère bien le chaos d’une partie à quatre ou cinq joueurs.

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Splito de Luc Rémond et Romaric Galonnier chez Blam!

Un jeu de draft plutôt malin dans lequel on va essayer de marquer des points avec nos voisins. Mais dans ce jeu, les alliés de nos alliés sont nos ennemis. Il va être vital pour nous de les mettre face à des situations dans lesquelles il est plus intéressant pour eux de charger en points notre alliance plutôt que l’autre.

Le jeu est agréable et subtil mais j’aurai quand même quelques regrets. D’abord, on ne peut contre-drafter qu’avec notre voisin de gauche puisque c’est à lui qu’on remettra les cartes toute la partie. Et puis le jeu ne me semble pas bien adapté à trois. Quatre ou cinq me semblent l’idéal. Au-delà, comme dans 7 Wonders, on ne joue pas vraiment avec les joueurs loin de nous. Par contre, il va falloir malgré tout garder l’œil partout et vérifier sans cesse les conditions de nos objectifs.

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Le jeu des cat-tapultes créé et édité par Exploding Kittens (l’éditeur)

Oui, c’est débile. Oui, c’est régressif. Oui, au final ce n’est qu’une variante du passe-trappe (ou jeu de l’élastique), un grand jeu en bois très populaire. Mais ça marche ! C’est drôle, rapide, chaotique. Ça fonctionne aussi bien dans une soirée détente entre potes qu’avec ses enfants. En plus c’est pas aussi cher qu’on pourrait s’y attendre (autour de 30 euros).

Ce qui va provoquer ou non l’acte d’achat sera votre tolérance à la frustration d’aller chercher régulièrement les baballes fugueuses.

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