TEA, SCONES AND … ARSENIC
Earl Grey, Darjeeling, Ceylan. Même si vous n’êtes pas un amateur de la boisson la plus bue au monde après l’eau, ces mots doivent vous parler. Ce sont des thés noirs originaires d’Inde et du Sri Lanka très appréciés des Anglais malgré qu’ils les assassinent souvent à coup de lait, de sucre et parfois même de citron. (La bergamote, ça passe encore mais pour le reste, c’est juste honteux de faire ça à du thé). Ce que l’on sait moins, c’est qu’il n’y avait pas de plantations en Inde avant le XIXe siècle (et ce, contrairement à ce que prétend le quatrième de boîte du jeu Ceylan dont c’est pourtant la thématique). Ce sont les relations commerciales compliquées entre chinois et britanniques qui incitèrent ces derniers à faire pousser du thé dans d’autres contrées.
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A Nice Cup Of Tea
Tout commence par un monopole, celui de la Compagnie Britannique des Indes Orientales. Du XVIIe au XIXe siècle, la couronne britannique lui accorda l’exclusivité du commerce dans tout l’océan Indien, incluant bien sûr le thé. Profitant de la mauvaise réputation médicale du café, elle réussit en moins d’un siècle à populariser sa consommation dans toute la perfide Albion. A tel point qu’en Europe, on associe encore une tasse de thé noir au fameux flegme anglais. Et pourtant ce ne fut pas si simple.
Au départ, le thé provient de Chine. Et si l’empire chinois veut bien vendre, il ne veut pas acheter, causant une balance commerciale défavorable au Royaume-Uni. C’est ainsi que la Compagnie des Indes chercha à introduire le thé dans ses colonies et notamment en Inde, plus précisément au Darjeeling, une région montagneuse propice au camelia sinensis (le nom savant du théier). C’est grâce à des hommes singuliers comme Robert Fortune que la Compagnie réussit à rompre le monopole de la production chinoise du thé. En effet, ce botaniste et aventurier réussit au cours de ses voyages à faire sortir illégalement 20.000 pieds de théiers de Chine vers l’Inde.
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Les goûts et les couleurs…
L’influence de la Compagnie des Indes sur la consommation et la popularité de cette boisson ne s’arrête pas là puisqu’elle alla jusqu’à en changer la couleur…
En effet, à l’origine les thés chinois pouvaient être blanc, vert, bleu-vert (Oolong) ou post-fermenté (Pu Erh). Tout dépendait de leur préparation. Pour le thé blanc, les feuilles sont simplement séchées à l’air. Pour le thé vert, elles sont chauffées un court instant à haute température, stoppant leur oxydation. Les feuilles d’Oolong sont partiellement oxydées, et enfin les Pu Erh sont carrément fermentées, leur offrant une longue conservation (se bonifiant même avec le temps) mais aussi des notes de terre, de cuir et de sous-bois pas vraiment du goût des occidentaux.
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Le thé noir, lui, vient d’un procédé inventé par les Anglais. On ajoute une étape d’oxydation qui dure jusqu’à ce que les feuilles prennent cette fameuse couleur noire. Le but était de mieux les préserver des longs voyages en bateau vers l’Europe.
« Le chemin du bonheur passe par une théière » (Proverbe anglais)
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Une méthode de conservation qui changea jusqu’à la manière de préparer le thé. Le thé noir accepte des infusions longues sans gagner en amertume et ne révèle sa vraie saveur qu’avec de l’eau très chaude (90° à 95°). Les thés verts et blancs sont plus “fragiles”, ils nécessitent des températures plus basses (entre 70° et 80°) et des temps d’infusion plus courts. Les méthodes de préparations traditionnelles chinoises comme le Gong Fu Cha ou l’usage du Zhong (ou Gaiwan) sont bien plus adaptées. Je vous les recommande d’ailleurs si vous appréciez ce type de thé. Vous découvrirez votre sencha et autres aiguilles d’argent sous un nouveau jour…
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Quel rapport avec le jeu Arsenic me direz-vous ? Aucun, à part les magnifiques cups of tea en illustration. J’ai juste profité de l’occasion pour ramener un peu ma science sur un sujet que j’aime au point de lui avoir dédié mon pseudonyme.
Thomas « Teaman »
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Tea, scones et…arsenic est donc un jeu dit d’ambiance à thématique forte, pour 1 à 6 joueurs, à partir de 7ans, pour des parties de 20 à 25 mn, sorti tout droit de la théière de Pascal Boucher, illustré par lui-même et présenté sur Kickstarter par Robin Red Games.
Et pour en parler, nous avons eu l’idée de partager un petit Tea Time avec Pascal !
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- Bonjour, pouvez-vous vous présenter ? Que faites-vous dans la vie ? Parlez-nous de votre « CV ludique », et de vos passions en dehors du jeu ?
Bonjour ! Je m’appelle Pascal Boucher et, dans la vie, je fais plein de choses. Je suis illustrateur de formation et après avoir travaillé 8 ans dans une imprimerie et 10 ans dans une agence de communication sans jamais toucher un crayon (ou presque), je me suis dit : « Mais où tu vas ? ». 18 ans pour réagir, c’est long, je sais, mais mieux vaut tard que jamais. 🙂
A partir de là, j’ai cherché un moyen de renouer avec l’illustration… Je me suis tourné tout naturellement vers le jeu de société. D’une part, parce que j’aime jouer et d’autre part, parce que je suis né à Parthenay (le FLIP, ça vous parle ? J’avais 12 ans à la première édition et j’y vais encore chaque année). Ça laisse des traces ludiques indélébiles…
Concernant mes passions en dehors du jeu, j’en ai tellement que je ne vais pas pouvoir les lister. J’ai un tempérament passionné et je m’intéresse à tout : bricolage, jardinage, modèles réduits, cinéma, littérature, biodiversité, patrimoine… Je me rends compte que j’aurais plus vite fait de lister ce que je n’aime pas.
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- Robin Red Games est une maison d’édition de jeux de société française, pouvez-vous nous la présenter ? Avez-vous une ligne éditoriale particulière ?
Avec plaisir ! J’ai créé Robin Red Games en 2012 (crise de la quarantaine) et c’est la meilleure idée que j’ai eue.
Au départ, je voulais faire de l’archéoludisme, c’est à dire, rechercher des vieux jeux de cartes méconnus ou oubliés, de France et d’ailleurs et leur faire un lifting pour les remettre au goût du jour afin qu’ils se sombrent pas dans l’oubli. Je l’ai fait avec le Trut (France XVIIe) et Hanafuda (Japon XIVe)… J’en ai 4 autres dans les tuyaux.
Seulement voilà, j’ai eu plein d’opportunités qui m’ont temporairement détourné de mon objectif premier et je me suis retrouvé à éditer des jeux qui se sont imposés et qui m’ont passionné.
Mais je suis resté longtemps fidèle à ma ligne éditoriale du début, à savoir : les jeux de cartes (j’aime beaucoup les jeux de cartes). J’en ai édité tout une gamme, et j’en ai plein d’autres prêts à être édités.
Depuis 2 ou 3 ans, je dévie vers des jeux plus « gros » avec des tuiles, des pions, des plateaux et des dés. Et les 2 prochains ne sont carrément plus des jeux de cartes.
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- J’ai fait personnellement votre connaissance par le biais de deux projets bien différents : Chuncky Fighters en 2009, que j’ai connu en format PnP et ensuite en format classique, et Moutown en 2017, par le biais de Romaric Galonnier, l’auteur, que je connais très bien. Pouvez-vous me parler de ces deux projets assez atypiques ?
Chuncky Fighters est surement le jeu que j’ai préféré éditer. Le concept, développé par Nicholas Hayes m’a tout de suite fasciné : des personnages en 3 Dés dont l’apparence varie en fonction des blessures qu’ils reçoivent. On pivote les dés et hop, le visuel change. Un petit jeu d’escarmouche rapide et facile. J’ai considérablement modifié les règles pour apporter de la stratégie et contrôler le facteur « chance » et je trouve le résultat super (en toute modestie). Malheureusement, si le jeu fonctionne très bien sur les salons et les festivals, les ventes en boutiques n’ont pas été au rendez-vous. C’est dommage. Mais j’ai adoré créer et illustrer tous ces combattants plus atypiques les uns que les autres. Le jeu n’est plus distribué mais il est toujours disponible sur www.robinredgames.com.
Moutown (initialement Panurge) a été co-édité avec le parc Moutons-Village et le FLIP de Parthenay (dont je parlais plus haut). Romaric Galonnier et 3 autres co-auteurs ont participé à la JAM FLIP 2016 qui consiste en un concours de création de jeu sur un thème donné. En l’occurrence, le thème était « Mouton » (bref, mais efficace). Les participants ont eu 24h00 pour créer un jeu en partant de zéro. L’équipe de Romaric a développé une mécanique très originale et a remporté le 1er prix. L’année suivante, le FLIP et Moutons-Village m’ont contacté pour me proposer de co-éditer le jeu avec eux (j’apportais la gestion de fabrication et les illustrations), j’ai sauté sur l’occasion. Une très belle aventure.
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- Arsenic est un jeu à très fortes interactions entre les joueurs, ce qui, je crois savoir, est un élément important pour vous. Comment est née cette idée de jeu ? Quelles sont pour vous ses forces et ses faiblesses ?
Arsenic est le petit dernier de Robin Red Games. Celui-là, j’en suis l’auteur donc, je flippe un peu quant à l’accueil du public. Mes confrères (et amis) m’assurent que ça va bien se passer et que le jeu est super alors ça me rassure. 🙂
Le fait est qu’il tourne super bien et que les retours de mes joueurs-crash-testeurs sont unanimes.
Le concept est simple : survivre à une Tea-party. Les joueurs piochent, chacun leur tour, un biscuit empoisonné-ou-pas dans la boite et choisissent de le manger-ou-pas. Un joueur peut refuser 3 biscuits maximum. Les biscuits sont plus ou moins empoisonnés et le vainqueur est celui qui en a mangé le plus sans atteindre son seuil de résistance au poison. Pour en savoir plus, je vous invite à vous rendre sur www.robinredgames.com/crowdfunding.
L’idée m’est venue sous la douche (comme souvent). Elle m’est tombée dessus comme ça, paf ! Je l’ai mise par écrit aussitôt et le fait de la rédiger m’a permis d’approfondir les détails du gameplay. C’était réglé en 20 minutes. Ensuite, une petite centaine de parties ont permis d’huiler la mécanique pour qu’elle tourne comme un coucou suisse.
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- On remarque de plus en plus dans le jeu de société moderne l’envie des éditeurs de placer les thématiques, à l’aide des illustrations, au cœur de l’expérience ludique. Comment s’est passée cette aventure pour vous ?
Je suis parti du concept d’empoisonnement. Pour être empoisonné, il faut manger un truc, donc quoi ? Un truc qui fasse envie, une gourmandise… Un gâteau ? Un biscuit ! Biscuit = boite à biscuit (à l’ancienne, comme chez mamie) = café, thé ? Tea-party ! Qui boit du thé ? Les Anglais ! Londres, l’époque victorienne et pouf ! J’y étais !
Ma démonstration n’est pas très syntaxiquement correcte mais vous avez compris. 😉
Je pense sincèrement que le fait que la boite du jeu soit une vraie boîte-à-biscuits, faite par un vrai fabricant de boîtes-à-biscuits français depuis 1911, est un plus qui attirera les joueurs autour de la table. Ajoutez à cela des biscuits en carton de 2mm d’épaisseur, qui ont l’aspect et les dimensions de vrais biscuits… Vous obtenez une irrésistible envie de piocher dans la boite.
La forme du jeu apporte beaucoup à l’expérience ludique et Arsenic en est un parfait exemple.
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- Kickstarter (site de financement participatif de projets) permet d’ajouter des petits plus à un format de distribution classique. Pourquoi avoir choisi ce mode de distribution et est-ce que le jeu arrivera un jour en boutique ?
Comme la plupart de mes jeux, Arsenic fait l’objet d’une campagne de financement participatif sur Kickstarter qui aura lieu du 14 au 29 juin. Une petite structure comme la mienne (je suis tout seul, et je fais tout) ne peut pas produire de jeux sans le soutien indéfectible de la communauté ludique. J’en profite pour remercier une fois de plus (et je ne le ferai jamais assez) les joueurs de tous horizons qui m’ont soutenu lors de mes précédentes campagnes. Sans eux, je ne ferais rien.
Le recours au financement participatif me permet non seulement de financer les versions exclusives réservées aux contributeurs (Arsenic ne fera pas exception) et aussi d’augmenter la quantité dédiée aux boutiques. Le coût unitaire de fabrication diminue, ce qui me permet de proposer un prix public plus compétitif aux revendeurs.
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- La thématique du jeu a toujours été celle–ci ou bien un travail spécifique a été mené sur ce projet au fur et à mesure de son développement ?
Elle a toujours été celle-ci. Il est possible que le fait que ma femme soit accro au thé (elle en bois des centaines de litres par jour… Au moins…) m’a surement guidé inconsciemment vers ce thème. En tous cas, je n’ai jamais envisagé d’en changer.
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- En jouant à ce jeu, j’ai ressenti une tension s’installer rapidement pendant la partie, le rythme du jeu est particulier car on ne contrôle pas tout et l’opportunisme est bien installé. Quels sont les éléments qui vous ont plu de prime abord dans ce jeu pour avoir pris la décision de l’éditer ?
Effectivement, le petit truc qui fait le piment du jeu, c’est la tension qui monte au fur et à mesure que la boite se vide. De tour en tour, les biscuits « safe » se raréfient et chaque pioche devient potentiellement plus dangereuse. Il y a 6 familles de biscuits composées chacune de 2 biscuits normaux, 2 contenant 1 dose de poison, 1 à 2 doses et 1 à 3 doses. En conséquence, une bonne analyse statistique peut vous sauver la vie. Un peu de chance ne fait pas de mal non plus… Et puis, surtout, il ne faut pas être trop gourmand car celui qui s’arrête le premier, au bon moment, prend l’avantage.
De plus, c’est un jeu facile à expliquer, les règles sont rapides à assimiler, le jeu est intuitif et son aspect est attirant. Ces atouts devraient lui garantir un certain succès dans les boutiques.
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- On a l’habitude de retrouver Robin Red Games sur des petits jeux de cartes ou des jeux d’ambiance assez minimalistes, le travail est-il différent sur une création un peu plus exigeante comme Arsenic?
Non, pas vraiment. Bien sûr, le matériel est plus varié donc il y a plus de choses à gérer (fournisseurs, assemblage…) mais le travail de fond reste le même. Certains aspects sont mêmes plus simples. Par exemple, le travail d’illustration est moins important. Sur Officinalis ou sur le Trut, j’ai passé entre 2h00 et 5h00 par carte, alors que sur Arsenic j’ai passé environ 2 à 3 fois moins de temps (moins d’éléments à illustrer).
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- Chose peu fréquente, on trouve dans la règle d’Arsenic un ton un peu particulier, très joueur, qui laisse la part belle à l’ambiance autour de la table, ainsi qu’une recette de cuisine ? Selon vous, à quel moment la thématique devient plus importante que la mécanique ou l’inverse dans un jeu de société ?
Je pars du principe que, lorsqu’un thème est très marqué, il est de mon devoir d’aller jusqu’au bout du concept. Si j’avais plus de temps, j’aurais même été encore plus loin dans la contextualisation.
En tant que joueur, je ne compte plus les jeux que j’ai acheté pour leur univers, ne sachant rien du gameplay avant d’y jouer. En temps qu’illustrateur, je craque souvent pour la couverture de la boîte, juste parce qu’elle est magnifique. Alors oui, pour moi, la thématique est, au minimum, aussi importante que la mécanique. C’est elle qui vous extirpe de la monotonie du quotidien et qui vous transporte dans un autre monde.
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- On le sait tous, 2020 a été une année étrange, et 2021 s’annonce un peu sombre aussi, pourtant le marché du jeu de société a été presque « épargné », quel est votre vision de ce phénomène, et est-ce que les confinements et autres restrictions sociales ont changé vos habitudes personnelles et professionnelles ? Qu’est-ce qui vous manque le plus en ce moment ?
« Etrange », c’est le moins qu’on puisse dire. Le petit éditeur que je suis a sérieusement souffert de la pandémie car la majorité de mes ventes se font par l’intermédiaire des boutiques de quartier. Lorsque celles-ci sont fermées, je ne vends plus rien (à part sur mon site internet). Alors, oui, j’ai fait évoluer mon modèle économique, mais malgré tout… Dans « jeux de société » il y a « société » et sans proximité sociale, ça n’a plus de sens…
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- Quels sont vos types de jeux préférés et votre jeu star de l’année en cours ?
Mon type de jeu préféré est clairement le Dungeon Crawler ! L’aventure avec un grand A, la coopération et la complémentarité des joueurs, les stratégies improbables mises au point à l’arrache à grand renfort de « Mais si, ça va marcher ! », les petits coups bas de temps en temps, le partage du butin, les points d’expérience, l’évolution du personnage… Bref, que du bonheur.
C’est aussi pour ça que j’adore le jeu de rôle, mais le manque de temps (je n’ai jamais aussi peu joué que depuis que je suis éditeur) ne me permet pas d’y jouer autant qu’avant (la vie d’étudiant avait du bon, mais c’est très loin tout ça).
A côté de ça, je suis assez éclectique, j’aime à peu près tous les types de jeu pour peu qu’ils aient un « truc » en plus que les autres. Il n’y a que pour les gros jeux de gestion pour lesquels je n’ai aucune affinité… Quand j’y joue, j’ai l’impression de travailler. 😊
Mon jeu Star de l’année ? Gasp ! Impossible d’y répondre, il y en a beaucoup trop… Aussi, je dirais… Arsenic, bien sûr ! 😉
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- En parlant justement de 2021, quels sont vos futurs projets dans le monde du jeu ?
Si je compte bien, j’ai 8 sorties futures de programmées (même si certaines ne sont pas encore au planning) pour 2021 et 2022. Difficile d’être plus précis tant la COVID perturbe la fabrication.
Dans les priorités absolues, il y a Arsenic bien sûr dont la sortie est prévue pour février 2022 (au pire), Hi Mi Ki qui devrait sortir en juillet 2022 (c’est un jeu de stratégie et de placement, façon Echecs. La campagne KS aura lieu en fin d’année) et Hanafuda Black Edition en fin d’année prochaine (une version super-luxe avec 30 règles différentes glanées autour du monde).
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- Essayons d’imaginer ensemble une situation : si nous nous retrouvions une nuit tous les 2 (ou avec notre ami commun Tristan), quel serait ce lieu ? De quoi parlerions-nous ? Et surtout, quel jeu pourrait nous faire passer une soirée inoubliable ?
Si Tristan est avec nous (et il faut qu’il soit là, ne serait-ce que pour payer l’addition), il est évident que nous serions dans un restaurant asiatique… Un Thaï je dirais.
Nous parlerions des tendances qui se dessinent dans le monde ludique, de nos projets un peu fous qu’on n’ose pas produire (pas encore…) et du fait qu’on est bien, là, tous les trois, en terrasse avec des vrais gens autour de nous.
Quant au jeu auquel nous jouerions, ce serait le meilleur jeu du monde : celui que nous inventerions pour cette occasion !
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VERDICT
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Alors tartines ou gâteaux, beurre ou confiture, café ou thé ?
Arsenic est un jeu d’ambiance plutôt simple dans sa mécanique et efficace dans les sensations qu’il procure.
Simple dans sa mécanique, car avoir le choix d’une action sur 3 (piocher et garder, piocher et remettre ou passer), est assez souple dans ce genre de jeu, où l’essentiel se passe dans les réactions des autres joueurs à sa propre action. Les regards, les mimiques, comme lors d’une table finale d’un tournoi mondial de Poker Texas Hold’em à Las Vegas, sont le sel de ce genre de jeu !
Ici le matériel aide sacrément les joueurs à rentrer dans la partie, la boite déjà, en fer, est l’exacte réplique d’une boite à gâteaux bretons ou nantais, que l’on retrouvait le dimanche lors du 4h chez nos grands-parents, ou bien exposée dans les vitrines des boutiques à souvenirs de nos vacances d’antan. Un vrai objet agréable à saisir, à faire passer, comme une offrande ou une invitation à se rapprocher de la Grande Faucheuse, toujours avec le sourire.
Les gâteaux, plus vrais que nature (l’auteur a pris des libertés avec les gâteaux anglais dit scones), que l’on retourne discrètement pour connaitre notre niveau d’empoisonnement.
Les petits sucres, eux, auraient pu être un peu plus travaillés mais ce n’est qu’un détail car vous allez rapidement vous en séparer ^^
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L’efficacité des sensations ?
Le jeu nous promet de passer des moments tendus et mouvementés autour de la table et de cette boite de gâteaux, et le pari est tenu !
Effectivement, les joueurs se toisent, se scrutent, sourient, rigolent même, font la tronche, bref il se passe toujours des choses autour du jeu Arsenic ! On fait le malin, la victime ou bien le type confiant, pour au final trouver le bon moment pour passer, en calculant le nombre et le type de gâteaux restants dans la boite, ceux que l’on a pris, notre niveau d’empoisonnement, ou bien carrément à l’instinct, pour les plus jeunes souvent, quand on se dit, c’est maintenant vous allez tous mûrir (ah non ça c’est dans la pub de la boissons fruitée à l’eau de source !).
Le timing, est un moment important dans le jeu, comme dans tout bon jeu de bluff qui se respecte. Continuer à piocher, à prendre des risques, à compter les biscuits sur les tasses des adversaires, le nombre de sucres restants chez mes voisins de table ? Le moment choisi sera une délivrance pour un joueur, et espérons que cela soi pour vous, car si vous passez trop tôt , vous n’aurez pas assez de gâteaux mangés pour gagner et si vous attendez trop vous risquez de manger cher et de dépasser votre seuil naturel d’acceptation de l’arsenic.
Un petit point noir tout de même, la configuration 6 joueurs, qui nous parait un peu bancale, et où en général le dernier joueur a tendance à mourir systématiquement, en tout cas lors de nos parties avec le prototype et les règles l’accompagnant.
La vraie bonne idée qui fait plaisir au moment de recevoir ses convives ? Outre un ton qui penche vers l’humour anglais ou non dans la lecture des règles, vous pourrez poursuivre cette réunion ludique par une vraie dégustation gourmande grâce à la recette de gâteaux incluse dans les règles du jeu ! Oui, oui, un jeu pour les vrais gourmands …
Arsenic est un jeu pour les joueurs qui aiment l’ambiance, qui aiment être bien entourés, qui aiment passer du rire aux larmes, qui aiment prendre des risques et échouer, bref un jeu à sensations, voire un jeu sensationnel dans son efficacité et dans son écrin véritable.
Ne vous attendez pas à un moment tranquille de dégustation, avec Arsenic, vous allez passer par toutes les couleurs !!
Je tiens à remercier Tristan, de Borderlines, pour m’avoir fait parvenir un prototype du jeu, et L’homme à tout faire et unique acteur de Robin Red Games, Pascal Boucher, pour sa confiance et da gentillesse !
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Vous trouverez le lien vers la campagne Kickstarter ici !
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