Test : Wonderland’s War

Test : Wonderland’s War

Wonderland’s War ne laisse pas indifférent, c’est le moins que l’on puisse dire. Avec sa grooooose boîte et son univers visuel marqué, le jeu réussit déjà à attirer l’œil. C’est déjà un point de départ pour se démarquer dans les rayonnages bien remplis des boutiques.

Concernant les mécaniques, on aura du déplacement pour récupérer des cartes dans la 1ère phase, puis des « combats » gérés par la mécanique de bag building dans la 2ème phase. Ce ne sont pas les mécaniques les plus difficiles à intégrer, mais la faute à des dizaines de petits effets ou conditions supplémentaires, le jeu va perdre en fluidité, surtout lors des premières parties.

Syndrôme Kickstarter

J’en parle régulièrement, et je suis persuadé que cela nuit au jeu plutôt que l’inverse, mais Wonderland’s War bénéficie d’une édition pensée pour la campagne de financement, et donc en mettre plein les yeux, rajouter du matos plus que de raison, afin de s’assurer de capter les backers nécessaires au lancement du projet. L’édition Deluxe figure parmi les plus grosses boîtes de jeu de ma ludothèque, et encore je n’ai pas les jetons en plastique.

Cela a forcément un impact sur le prix, et sauf si vous êtes peintre ou que vous vouliez absolument les figurines, la version standard aux alentours de 70€ me paraît largement suffisante, et déjà bien onéreuse.

Donc c’est assez cher je trouve, ça nécessite une table conséquente, la mise en place prend trop de temps, et le rangement c’est pareil. Tout ça pour 2 mécas relativement simples à aborder, mais comme on vous vend un jeu avec une rejouabilité artificiellement gonflée avec pléthore d’effets, de multiples jetons et/ou cartes, ça a forcément un impact sur le gameplay.

Puisque je vous dis que c’est simple

Déplacez votre pion/figurine autour de la table centre du plateau, récoltez la carte de l’emplacement et les jetons/bonus qui sont mentionnés, faites cette opération 4 fois pour recueillir 4 cartes, puis placez-vous dans une zone autour du plateau.

Chaque zone est résolue individuellement, les joueurs présents tirent des jetons de leur sac, appliquent les éventuels effets, et avec ce stop-ou-encore, continuent, s’arrêtent ou sont éliminés du « combat ».

Simple je vous dis.

Sauf que le jeu est ralenti par de nombreux retours à la règle, d’explications des exceptions, des effets supplémentaires, etc … Jusqu’à ce que tous les joueurs aient au moins fait 2 parties, le rythme s’en trouve vraiment impacté, et la sensation de redondance est bien présente.

Au début de chaque combat, pour peu qu’il y ait des habitants recrutés par des joueurs, il faudra faire l’état des lieux avant de commencer le combat :

« Alors il fait quoi ton lapin ?

Ah ok il rajoute de la force à tous les jetons d’un certain type.

Et le jumeau, lui c’est quoi son truc ?

Ah il peut se déplacer dans une autre zone s’il est éliminé ? »

Chaque effet doit être traité individuellement et bien spécifié car cela peut avoir un impact conséquent sur la résolution du « combat ». Et ça pour chaque zone et chaque carte habitant qui est dévoilée sur le plateau.

Je vous ai dit que votre personnage principal avait aussi un pouvoir particulier ?

Oui chaque pouvoir est différent des autres vous avez bien compris 😊

En plus, d’une partie à l’autre, les jetons n’auront pas les mêmes effets. 4 set-up de départ sont possibles, heureusement une aide de jeu est présente, mais c’est un élément supplémentaire à prendre en compte. Les set-up de départ c’est une bonne idée, ça permet de varier d’une partie à l’autre. L’inconvénient c’est que ça oblige à se rappeler des effets des jetons.

Jamais content je vous jure …

Si ça se limitait à ça, j’avoue que c’est tout de même une bonne trouvaille. Le problème c’est qu’il faut rajouter à ça toutes les cartes habitants et leurs micro effets qui ajoutent de la lourdeur au déroulement du jeu, de la longueur et profondeur de jeu artificielle puisqu’il faudra limite faire l’inventaire de ce qui est disponible dans la rivière des habitants, et dans chaque région avant d’entamer les combats pour (essayer) de retenir et anticiper les multiples effets.

Oui, forcément, ça devient moins lourd au fur et à mesure des parties. Mais pour cela il vous faudra un groupe de joueurs réguliers et pas de nouveaux venus toutes les 2 parties.

Un peu de citrate de bétaïne pour faire passer ça ?

Cette mécanique de bag building et de push your luck fonctionne à merveille dans les Charlatans de Belcastel. Les 2 jeux ont aussi pour points communs de proposer des micro effets (les habitants et les jetons dans Wonderland’s et les différents ingrédients dans Charlatans) et différents set-up de départ qui feront varier les parties (cartes et rivière des habitants pour Wonderland’s et les livres pour Charlatans).

Charlatans a su s’en tenir à cela et proposer un jeu abordable, ramassé et crédible dans sa proposition temps/profondeur de jeu.

Wonderland’s a avalé Charlatans au beau milieu de trop d’autres plats, et la digestion s’est mal passée. J’en ai l’impression d’un jeu qui en met plein les yeux, comme un magnifique buffet sur une table, mais comme si l’on me forçait à tout manger, j’en ressors ballonné et avec une envie de quelque chose de plus léger et plus clair. Un Charlatans de Belcastel peut-être ?

En soi, Wonderland’s n’est pas un mauvais jeu et je comprends aisément qu’il puisse plaire à beaucoup. Il a beaucoup de points positifs même si j’aurais préféré que le ramage soit à la hauteur du plumage. Je pense que je n’y rejouerai pas (en tout cas si c’est le cas il faudra que je trouve d’autres joueurs car ceux avec qui j’y ai joué ne veulent plus y rejouer ^^) et qu’il rejoindra la liste des jeux Kickstarter qui ont fini par être revendus. Ça serait d’ailleurs un bon sujet pour la rédaction du labo, un bilan des jeux pledgés sur Kickstarter, et encore présents/joués dans notre ludothèque ?

Notre boutique partenaire :

Prix constaté : 67,50 €

Test : Biotopes

Test : Biotopes

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

Sur Game on Tabletop du 8 au 28 mars 2023, quelques dizaines de boîtes avaient été éditées pour le FIJ et j’ai eu la chance de rentrer en possession de l’une d’elles (Merci à Palladis Games.).

Premier jeu d’un tout nouvel éditeur, Biotopes vous propose de créer votre propre écosystème. Le thème est pointu mais l’auteur est naturaliste, alors… j’attendais beaucoup de la thématique et m’interrogeais sur les mécaniques.

M’a-t-il convaincue ?

Oui ! Et voici pourquoi.

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Bio … top ! Ou presque …

S’il est une chose qui mettra tout le monde d’accord, c’est le soin apporté aux illustrations. Alizée Favier a réalisé un travail exemplaire : de la boîte aux cartes, les « bestioles » en tout genre sont magnifiques. On s’y croirait !

Pour le reste, j’aurais bien aimé du bois pour les jetons territoire (assez fins et au diamètre peu conséquent) et des tuiles un peu plus épaisses, ce qui aurait augmenté le prix en conséquence, malheureusement. Quant au petit jeton initiative, il aurait mérité quelque chose de plus attrayant (je ne dis pas une figurine, quoi que…). [Edit :  j’apprends avec le lancement de la campagne que tout cela est arrangé : des jetons en bois et un marqueur initiative renard du plus bel effet ! Il ne reste plus qu’à savoir comment mettre la main sur le kit d’upgrade vendu comme add-on lors de la campagne. 😉]

Le jeu est produit en France et sans plastique (hormis le film transparent autour de la boîte), ce qui représente un énorme défi par les temps qui courent. Il s’agit donc d’une édition écoresponsable, fait assez rare pour être mentionné, et ça, ça me plaît déjà beaucoup.

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Montre-moi ton écosystème…

Pour créer votre écosystème, vous partez d’un milieu naturel composé de plantes, et vous allez y intégrer différentes espèces, tout en contrôlant un maximum de territoires du paysage central.

Côté cartes, qui se nourrit de plantes ? Les herbivores ! Ce sont les premiers que vous placerez via l’action d’adaptation (illimitée), puis viendront les insectivores et enfin les carnivores. Le plateau individuel propose 6 autres actions que vous pourrez effectuer chacune une seule fois par cycle, pour piocher des cartes, transférer des cubes, faire reproduire vos espèces, ou coloniser le paysage central par différents biais.

La mécanique des cubes est très intéressante. Ces derniers représentent… Eh bien, la règle simplifie cette donnée à l’extrême en parlant du « vivant » mais on les nomme surtout les cubes bleus, jaunes, gris et verts. Je dirais qu’ils sont tour à tour de la nourriture, des déchets à recycler et des animaux.

Au centre de la table, vous lutterez pour contrôler les territoires qui vous intéressent, tout cela en n’en formant qu’un seul grand (ou petit d’ailleurs), l’essentiel étant de ne pas posséder plusieurs territoires isolés sous peine d’un malus.

Vous allez faire tout cela tout en gardant un œil sur les objectifs de fin de partie tirés au sort au début. Restez concentré !

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Combien d’écosystèmes ?

Lorsque j’ai fait ma première partie sur un stand du FIJ (à 4), j’ai tout de suite adhéré au jeu et ai été extrêmement frustrée de ne pas faire une partie complète (au moins du mode de base en 6 cycles). La fin du quatrième cycle mettant fin à la partie, je n’ai pu qu’imaginer ce que j’aurais pu réaliser lors d’une « vraie » partie… Heureusement, je me suis rattrapée depuis !

En duo, Biotopes me semble plus gentil qu’à 4 ou 5 où l’on se bat plus facilement pour contrôler les territoires.

En solo, j’avoue n’avoir fait qu’une seule partie pour le moment, n’étant pas fan du « beat your own score ». Mais la partie fut tout de même agréable. A vous de voir si ce genre de challenge vous convient.

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Verdict

J’étais la cible de ce type de jeu et je l’ai plutôt apprécié.

Côté matériel de l’édition GoT, rien à redire si ce n’est l’épaisseur des tuiles un peu fines et une boîte un peu juste pour le rangement (mine de rien, les sacs prennent de la place !).

Malgré un abord plutôt aisé, le jeu est frustrant et la courbe d’apprentissage semble bien pentue. Cela laisse présager de bonnes parties avant de dominer la bête ! En tout cas, les mécaniques sont bien huilées et fonctionnent parfaitement.

Notez que le mode avancé est le plus intéressant avec le choix des biotopes de départ et la configuration du paysage central.

Biotopes me paraît être aussi sympathique à jouer dans toutes les configurations, peut-être un poil plus agressif à 4 ou 5. Juste une réserve sur le solo où battre son propre score n’est pas trop de mes goûts.

Le jeu est très thématique et il est facile de se laisser happer par une immersion que seuls les cubes de couleurs pourraient gêner.

Quant à la rejouabilité, elle est assurée par les 80 et quelques cartes, ainsi que par le système de scoring de fin de partie sur le plateau des conditions environnementales et les cartes biotopes de départ.

Joueurs initiés, voire experts, vous pourriez trouver un bonheur tout naturel dans Biotopes.

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Disponible ici du 08 au 28 mars 2023 :

Prix constaté : 55€