Bomb Busters, c’est le pas gagnant de l’As d’or 2025. Un classique chez Cocktail, mais la petite surprise cette année, c’est le fait qu’il ne soit pas nominé.
Le jeu est un coopératif pour 2 à 5 joueurs qui nous met dans la peau d’un groupe de lapins démineurs. Tout au long des 66 missions, vous allez chercher à couper des paires de fils de même valeur avec un autre démineur.
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Tout commence par la répartition des fils au hasard, chacun les dispose sur un porte-tuiles dans l’ordre croissant. On donne un indice sur une tuile de son jeu et ensuite nous voilà partis tous ensemble à l’aventure !
Il existe 4 exemplaires de chaque chiffre, les valeurs vont de 1 à 12, c’est donc 48 tuiles dont il faudra se débarrasser. Pour faire cela, vous choisissez une tuile de votre jeu sans la montrer et vous demandez à un partenaire si la tuile que vous désignez chez lui est bien la même.
En cas de succès, on défausse les deux tuiles ; en cas d’échec, votre partenaire met un indice devant cette tuile indiquant sa valeur.
Et si vous disposez de toutes les tuiles restantes pour une valeur, vous pouvez les couper en solo en les défaussant.
Notre équipe doit donc tout couper sans faire trop d’erreurs, sinon c’est l’explosion et l’échec de la mission !
Mais Bomb Busters ne s’arrête pas à ce gameplay si facile ! Le jeu est évolutif avec pas moins de 66 missions.
C’est là que Cocktail Games intervient en ajoutant beaucoup de bonnes idées, une grosse dose d’humour, et le tout donne un jeu où chaque mission amène son lot de nouveauté par le matériel, mais également dans le gameplay.
Attention au fil rouge à ne surtout pas couper tant qu’il en reste d’autres, aux missions sous le stress d’un timer ou encore à celles complètement folles avec l’aide de l’homme chauve-souris.
Il y a de tout dans cette boite et surtout du très bon. Chaque mission n’est pas qu’une variante du jeu de base, elle est vraiment unique et le plaisir de les découvrir n’en est que meilleur.
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Un jeu coopératif de déduction, on en a déjà vu des tas. Il existe des écueils à éviter, comme l’analysis paralysis, ce fait qu’un joueur va se perdre dans ses réflexions et donc ne pas jouer, rendant le rythme autour de la table lent, avec le risque de voir les joueurs sortir du jeu. Ici, on reste tous impliqués, les bonus à débloquer permettent de se sortir des situations plus délicates, voire de jouer « au talent » avec le risque de crasher toute l’équipe, mais ça aussi fait partie du plaisir de jeu.
Il n’y a pas non plus ce sentiment d’être le vilain petit canard, celui qui a fait perdre le groupe ; au contraire, en cas d’échec, toute la table se met à débriefer la mission pour voir ce qui est améliorable en vue de la réussir ensuite. Ce n’est plus du jeu, c’est du team building !
Le jeu réussit le pari de rester sur cette ligne de crête du jeu de déduction entre trop facile et totalement introuvable ou hasardeux, et ce peu importe les changements apportés par les différentes missions. Certaines seront clairement plus retors mais creusez-vous les méninges, la solution est là !
Au final, on enchaine les missions, chaque victoire apporte un sentiment de plaisir, la prise de risque met tout le monde en apnée en attendant le verdict du coup joué, et quand c’est le fil rouge qui est coupé trop tôt, on comprend mieux la dure vie des démineurs.
Familial, fun et facilement jouable avec n’importe qui, c’est le cahier des charges chez Cocktail, et il est ici complètement validé !
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Un petit message pour les joueurs avec des gros doigts ou adeptes des échecs critiques en dextérité : oui, les tuiles sont plutôt fines, ou si vous aimez placer des grands coups de genoux dans la table, ça risque de faire tomber les tuiles de leurs porte-tuiles. Mais c’est aussi la vie du démineur d’être un peu plus minutieux que le commun des mortels.
Un super jeu donc, que je peux sortir en famille et entre amis, même avec des amateurs d’eurogames et de grosses réflexions, un jeu qui restera longtemps, au moins le temps d’en venir à bout, et là déjà il y a du boulot !
Avant de commencer, je me dois de rappeler que je n’ai pas joué à la première édition, donc je ne ferai aucun comparatif entre les deux versions.
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Les jeux japonais : leur réputation
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Je pense qu’il faut commencer par parler de la réputation des jeux japonais.
Ils sont connus pour être élégants, souvent simples dans leurs règles, mais profonds dans leur gameplay, souvent épurés et donc très lisibles, ce qui peut nuire à l’attrait visuel.
Et c’est vrai que, même si je n’ai pas pléthore de jeux japonais, ceux que je possède et ceux que j’ai déjà vu passer répondent souvent à l’ensemble de ces critères, voire à tous en une seule fois (je prendrais pour exemple « Trains », mon jeu de deckbuilding préféré et qui coche toutes les cases, même si l’aspect visuel sobre et épuré me plait énormément ! Retrouvez le test de Trains ici.
Donc la question ici est de savoir si Yokohama, dans cette nouvelle édition remplit tout ou partie de ces critères.
Pour certains, vous en conviendrez, ils sont assez personnels, mais essayons de rester le plus objectif possible.
L’élégance est présente, le jeu se joue bien, la thématique se ressent, on peut légèrement se gêner et il y a de l’interaction positive aussi, l’ambiance est plus à la cordialité qu’au déchirement.
La simplicité des règles est relativement absente.
Leur agencement n’est pas ce qu’il y a de plus intuitif en première lecture et il faut vraiment progresser au fil des pages pour voir le schéma se construire et les règles sont assez nombreuses pour sentir que l’on a affaire à un jeu expert aux règles en adéquation, donc les règles ne sont pas simples (j’entends par simples, 4 ou 5 pages et une compréhension immédiate si nous n’avons pas l’habitude des jeux de société modernes).
La profondeur du gameplay est présente, on sent la courbe d’apprentissage avec des scores qui ne font que monter au fil des parties et des nouvelles stratégies que l’on va mettre en place ou de l’affinement de notre compréhension de l’imbrication des mécaniques.
Epuré et lisible : là ça pêche un peu, il y a quand même beaucoup d’icônes, certaines étant assez petites, la confusion entre deux icônes est possible et fréquente au départ, mais après quelques parties ça roule quand-même (contrairement à ce que peuvent laisser penser les photos de fin de partie où on pourrait penser que c’est le chaos total.)
Malgré tout, il arrive parfois, lors de parties à 4 surtout, qu’on se retrouve à chercher où sont placés nos meeples tant ils sont petits et que le plateau est immense et coloré.
Pour ce qui est de l’attrait visuel, personnellement j’aime beaucoup, le jeu est relativement coloré, les illustrations sont très belles et thématiques, ça aide aussi à la lisibilité, ce qui est paradoxal, mais je le répète, certaines icônes sont moins lisibles, globalement, tout est clair.
Donc ce point est assez mitigé pour moi.
Au final je lui mettrais un 2,5/4 pour les critères de réputation des jeux japonais.
C’est donc plus un jeu japonais teinté d’eurogame.
Mais au final, ça marche bien !
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Une mécanique bien huilée
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Car au final, n’est-ce pas la mécanique qui va nous intéresser le plus ?
Et dans ce domaine, Yokohama est très bon.
La pose d’ouvriers est associée à un léger twist : il faut avoir des meeples placés sur le plateau et ces meeples doivent former un chemin continu pour aller sur un autre emplacement avec notre président.
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Résumons :
Nous avons un président, qui est notre meeple principal, celui qui nous permettra de réaliser l’action du lieu où nous l’avons déplacé.
Mais pour le déplacer, il faudra qu’il y ait une chaine continue de meeples assistants sur le plateau pour pouvoir déplacer notre président du point A au point B.
Sans assistants disponibles nous allons passer notre tour, ce qui n’est pas avantageux car le jeu est une course.
Il faudra donc bien faire attention aux lieux que nous voudrons visiter et au réseau à créer pour y arriver.
De plus, tous les assistants présents sur le lieu où nous faisons une action seront retirés à la fin de ladite action, donc il faudra de nouveau les placer ailleurs par la suite pour pouvoir toujours nous déplacer librement.
Ajoutez à ça des cartes « technologie » qui vous permettront de vous affranchir de certaines de ces règles, des blocages de lieux faits par les présidents de vos adversaires et des déplacements qui vous obligent à donner de l’argent à votre adversaire si vous passez par le lieu occupé par son président ou si vous placez des assistants sur le lieu sur lequel est placé son président et vous avez déjà une mécanique de placement d’ouvriers qui est bien sympathique et qui va demander de la réflexion et de l’anticipation pour éviter de se faire bloquer ou de tomber rapidement à cours d’argent.
Car le blocage dans ce jeu peut devenir légèrement punitif.
Comme je l’ai dit, le jeu est une course, donc perdre du temps peut signifier perdre la partie.
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Une course oui, mais à la fin anticipable
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Eh oui, ici tout est anticipable ou presque.
Les conditions de fin de partie sont connues de tous et si quelqu’un veut mettre fin à la partie, ça peut se voir, vous pouvez donc tenter de ralentir votre adversaire ou de vous préparer pour d’autres actions qui vont vous rapporter des points.
De la même manière, vous pouvez quasiment connaitre tous les points de victoire qui seront ajoutés en fin de partie, à quelque chose près, ça permet de vous situer et de savoir où aller pour optimiser vos actions si vous ne voulez pas ou ne pouvez pas ralentir votre adversaire ou bloquer l’emplacement pendant un tour.
C’est malin et c’est élégant, on cherche à se bloquer, mais tout en finesse, en délicatesse.
La course se fait aussi avec les majorités car beaucoup de points de victoires finaux seront gagnés par des majorités, à la majorité de meeples placés sur les emplacements de fin de partie, à la majorité de valeur de cartes technologie etc…
En résumé, il faut avoir le plus possible de tout, avant tout le monde !
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A l’arrivée, Yokohama nouvelle édition, réussite ou échec ?
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Pour moi, c’est une réussite.
Je trouve le jeu très joli, le matériel est ultra qualitatif, le rangement proposé est excellent, les plateaux double couche sont super plaisants et l’ensemble sonne vraiment japonais.
Le seul défaut que je trouve au matériel c’est la taille des meeples qui sont trop petits pour mes gros doigts.
Le gameplay est excellent et j’ai passé d’excellents moments dans toutes les configurations, bien qu’ayant lu qu’en duo le jeu n’était pas fou, je le trouve très bien adapté car le nombre de bâtiments disponibles est adapté selon que l’on joue à 2, à 3 ou à 4.
Il y a certes un peu plus de place à deux qu’à 4 pour se déplacer sans être trop gênés, mais je trouve que ça amène différents niveaux de réflexion selon la configuration dans laquelle on joue, ce qui est vraiment appréciable.
Le jeu peut dépasser les 90 minutes annoncées, je dirais que 90 minutes c’est en duo, on passera plus facilement la barre des 2H à 4 selon aussi votre temps de réflexion lors de votre tour.
Donc je pense vraiment que cette réédition n’est pas inutile car le jeu d’origine (qui date de 2016, donc déjà presque un ancêtre dans notre monde) n’était quasiment plus trouvable et les prix étaient élevés.
Maintenant j’attends avec impatience la réédition de la version duel qui est dans le même cas de figure et qui m’a chaudement été recommandée !
Synapse Games, à vous de jouer !
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Notre boutique partenaire :
Prix constaté : 55 €
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L’avis de Thibault :
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On m’a souvent comparé Yokohama et Istanbul, et étant grand fan de ce dernier, j’avais toujours été curieux de tester son cousin du Soleil Levant. Et effectivement, on retrouve certains grands principes, le pion principal qui se balade dans la ville et réalise l’action de la tuile sur laquelle il arrive, les ressources qu’on collecte pour réaliser des contrats ou des objectifs, les adversaires qui nous soutirent des sous si on les croise en chemin, la possibilité d’activer des tuiles à distance, et ainsi de suite.
Pourtant, certaines différences pas si mineures font que le ressenti n’est pas du tout le même. Le fait de devoir semer des Assistants comme le Petit Poucet ses cailloux pour pouvoir amener son Président où on le souhaite, ou bien l’idée que la puissance de l’action réalisée soit proportionnelle au nombre d’éléments de sa couleur présents sur la tuile, apportent une couche calculatoire assez importante et l’aspect « optimisation de trajectoire » si rigolote dans Istanbul disparait complètement dans Yokohama.
Ainsi, la contrainte n’est plus du tout dans l’optimisation du circuit parcouru par notre pion Président, puisqu’il est assez facile de récupérer des pions Assistants et qu’il n’y a pas de limite de pas. A la place, on retrouve des problématiques, plus classiques au final, d’actions à effectuer dans un certain ordre : récupérer des ressources, des contrats, débloquer des Assistants, les positionner stratégiquement, débloquer des boutiques pour pouvoir les construire dans la foulée, toute une séquence à mettre en place pour éviter de prendre du retard sur les autres joueurs.
Ça n’en fait pas un moins bon jeu, juste différent, et j’avoue préférer le puzzle proposé par Istanbul à celui de Yokohama, qui me parait plus austère et plus mécanique, plus froid au final.