Reiner Knizia n’est pas prolifique, non, il a dépassé ce stade depuis bien longtemps. Créateur de centaines de jeux, les jeux de cartes et plus particulièrement de plis sont une de ses spécialités. Dans beaucoup de jeux, c’est aussi le meilleur moyen de noyer les bons jeux dans la masse. C’est personnellement le cas avec Potage Sauvage, jeu de 2002 lors de sa première édition, que je n’ai découvert que récemment par sa nouvelle édition dans la gamme Iello Cartes où l’on trouve Le Roi des Nains, Prophétie, les deux épisodes de The Crew ou le récent Inside Job.
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Potage Sauvage est un jeu de pli avec un twist intéressant : chaque joueur dispose de 5 cartes de scoring et en activera une à chacune des 5 manches de la partie pour lui-même.
C’est là que se trouve le cœur du jeu. Vous allez viser les cartes d’une des 4 couleurs et, si vous en avez l’occasion, pourrir les plis qui pourraient plus intéresser vos adversaires.
Le système de plis est lui aussi modifié. Chaque joueur joue ses cartes une par une, mais le pli continue tant que la soupe au centre de la table n’atteint pas une valeur de 10 ou plus. De quoi laisser le temps à chacun d’espérer, de pester sur les ingrédients fournis par les autres ou de se jeter sur le mélange proposé avant qu’il ne soit gâché.
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Le gameplay est un must follow (fournir la couleur demandée par le premier joueur) avec des cartes de valeurs 1 à 5, une carte de valeur 10, du bouquet garni sans valeur et une carte permettant de ramener le potage à une valeur de 0.
Une couleur se démarque, le gris qui ne dispose que de cartes de 1 à 5 mais qui, une fois joué, permet à tous les joueurs de désormais jouer la couleur de leur choix (passage en may follow).
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Simple, basique
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Le jeu parait plutôt simple et basique, mais rapidement les choix pour le pli en cours et la suite de la partie deviennent intéressants. On est toujours entre deux eaux à espérer que les ingrédients nous permettent d’empocher quelques points tout en pourrissant la soupe pour les autres (qui nous le rendent bien).
Ajoutons que la manche s’arrête quand un joueur ne peut plus jouer, avec des plis qui s’arrêtent après un nombre non défini de cartes jouées (valeur totale de 10 ou plus). Les mains ne se videront pas à la même vitesse, ne traînez donc pas pour récolter quelques points.
Le jeu oscille entre frustration et satisfaction. D’un pli au suivant, on est également sur du chambrage et de la chougne ! Le jeu est résolument fun, ne cherchez pas un jeu de pli complexe ou en maîtrise totale, ce Potage Sauvage, c’est un peu de chaos, un soupçon de maîtrise et pas mal de coups bas. De quoi passer un très bon moment entre amis ou en famille.
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La reco du Labo
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Le jeu est indiqué pour 2 à 5 joueurs. Encore une fois à 2 joueurs, on fera l’impasse, le jeu n’est pas du tout qualifié pour ce format. À 3 ça vivote sans grand intérêt, en revanche à 4 comme à 5 là le jeu tourne comme une horloge, privilégiez ces configurations.
Jeu fun, pour 4 ou 5 joueurs qui veulent passer un bon moment, voilà mon résumé de Potage Sauvage. Et en plus, le jeu est facilement trouvable, encore un point positif !
Parfois, on tombe sur un jeu qui arrive sans un bruit dans les étals. Franchement, ça fait aussi du bien de ne pas entendre parler d’un jeu plusieurs semaines avant de pouvoir y jouer, de se faire plein d’attentes qui parfois ne seront pas telles qu’on les espérait. First Empires est arrivé, et c’était la 1ère fois que j’entendais parler de ce jeu. En commençant par admirer l’illustration, je me dis que ce coup de crayon me dit quelque chose. Le nom de l’auteur ne me dit rien, par contre le logo Sand Castle Games me rappelle le sympathique Res Arcana. En retournant la boite je vois enfin le nom de l’illustrateur, et… Ah bah non en fait, il n’est pas présent non plus … Alors on ouvre pour le retrouver en toute dernière page du livret de règles.
Jérémie Fleury, puisqu’il s’agit de lui, est un illustrateur français que j’adore. Il ne fait pas que du jds et je vous invite à consulter sa page Facebook, et son site web. Vous pourrez aussi le découvrir avec cette petite vidéo à laquelle il avait gentiment participé, et qui permet en + de découvrir son atelier de travail, ce qui est très intéressant je trouve !
Cher Jérémie, tu as encore réalisé un très beau travail pour ce jeu, et le manque de considération des éditeurs de ne pas te faire figurer sur la boite est sidérant. Je prédis que beaucoup de gens prendront le temps de retourner la boite pour lire le dos, et ça sera aussi grâce à ton travail visible sur la tranche ou la couverture dans les boutiques. Rien que pour cela tu mérites, comme tous les illustrateurs, de figurer sur la boite.
Après ce petit coup de gu**** on va s’intéresser à ce jeu qui mérite que je vous en parle, et pas seulement pour ses illustrations !
Il est l’œuvre de Eric B. Vogel (Kitara, Cambria, Hibernia, beaucoup de jeux qui finissent par a en fait, mais pas vraiment localisés dans nos contrées), illustré par Jérémie Fleury, édité par Sand Castle Games et distribué par Asmodée.
Il se joue de 2 à 5 joueurs, à partir de 10 ans et pour une durée de 45 minutes environ.
Et si toute l’histoire du monde s’était déroulée différemment ? Et si les grands empires de notre Histoire n’avaient jamais vu le jour ?
Après tout, les empires sont gagnés et perdus sur un lancer de dés !
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A quoi ça ressemble ?
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C’est Risk-é
Bah oui, avec First Empires, il va être difficile de ne pas voir la filiation avec Risk. Un jeu qui depuis + de 50 ans initie des millions de ludistes. Un jeu qu’on aime détester mais à qui de nombreux ludistes, dont moi, doivent de leur avoir fait découvrir ce merveilleux monde ludique. Le succès de ce jeu et sa longévité impressionne, et on ne compte plus les dizaines de variations.
Oui le système de jeu a vieilli, oui il y a beaucoup mieux, oui il est long, très hasardeux.
First Empires part du même principe, une carte du monde à conquérir. Avec vos explorateurs vous irez voyager et conquérir des régions du globe. Vous devez avoir au moins 1 explorateur de + que le nombre de ceux d’un adversaire présents sur la région que vous convoitez. Si c’est le cas, vous prenez la région, et le vaincu se replie dans une zone qu’il occupe sur la carte. Rien de bien compliqué.
L’apport de ce jeu si on continue à le comparer à Risk, c’est que chaque joueur aura un plateau individuel avec 6 pistes à faire progresser tout au long de la partie. Ainsi le joueur pourra récupérer de nouveaux explorateurs, lancer + de dés à chaque tour, les relancer plus souvent, piocher des cartes, ou encore se déplacer encore plus. Il faudra combiner la couleur des dés que vous lancez au début de votre tour, et posséder une région de la même couleur, afin d’avancer sur telle piste. C’est plutôt malin, bien amené et permet aux joueurs de développer leur civilisation de manière différente. Untel privilégiera le nombre de dés à lancer en début de tour, un autre souhaitera débloquer tous ses explorateurs au plus vite. Le plus malin arrivera certainement à optimiser plusieurs pistes.
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Dynamique à souhait
Pour progresser sur les pistes, les joueurs devront récupérer des zones de la couleur souhaitée. Même s’il y en a plusieurs sur la carte, vous ne pourrez que rarement éviter le conflit, sous peine de ne pas réussir à faire progresser vos pistes, et ne pas débloquer les bonus associés. Il en résulte sur cette carte que les forces en présence seront très souvent en mouvement, soit du fait du joueur qui va s’étendre, soit du fait des conquêtes qui changeront l’empereur des lieux au gré des tours.
La carte aurait d’ailleurs mérité d’être plus grande, car lorsque les joueurs débloquent leurs explorateurs, il peut arriver parfois de masser un certain nombre de ces pions au même endroit, et la taille des régions est limitée. Cela nuit un peu à la lisibilité du plateau.
A 3 ou 4 joueurs il y a 15 régions sur le plateau. Chaque couleur y est présente 3 fois, je vous laisse faire vos calculs, mais clairement, quand plusieurs joueurs cherchent à occuper une région de la même couleur, il y a bagarre ! Ajoutez à cela qu’en cas de conquête sur une région contenant une ville adverse, le vainqueur la conserve et gagnera des points de victoire à la fin, certaines régions seront vite au centre de l’attention ! Mais la vérité d’un tour ne sera pas la même 2 tours après, et ce dynamisme et ces forces sans arrêt en mouvement sur la carte font partie du jeu, et c’est même très plaisant.
Si vous restez sur vos positions, vous manquerez à un moment ou un autre de la bonne couleur de région afin de faire progresser telle ou telle piste. Soyez en mouvement et à l’affut des changements d’équilibres dans les régions qui vous entourent !
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Un beau travail d’édition
J’ai déjà souligné le fâcheux oubli de créditer l’illustrateur sur la boite, je ne reviens pas dessus. En ce qui concerne le matériel et la boite de rangement, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu dans les mains un jeu si bien édité. Vous pourrez trouver les couleurs et illustrations un peu trop flashy, mais côté matériel, on se retrouve avec des plateaux double couche pour y positionner les cubes et les faire progresser sans tout faire valdinguer dans un mouvement de bras. Un thermoformage aux petits oignons vous attend, et surtout, chaque joueur bénéficie d’une petite boite cartonnée contenant tout son matériel nécessaire. Les boites se rangent dans leurs emplacements dans le thermo, et c’est ultra chouette !!!
S’il vous plait, les autres éditeurs, inspirez-vous de ce jeu !!
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Un familial dynamique et inspiré
First Empires ne réinvente pas la roue, ne vous méprenez pas. Il s’adresse à un public familial qui aime bien jouer, ça n’est pas un premier jeu pour découvrir le jeu de société. Si vous en avez marre de jouer à Risk avec l’oncle Raymond, n’hésitez pas à lui faire découvrir. Le jeu est simple à expliquer, une fois compris le fait de devoir associer la face d’un dé avec une région de la même couleur sous votre contrôle pour faire progresser une piste et débloquer un bonus, il n’y a plus qu’à ! Il est proposé aux alentours de 36€ selon vos boutiques, ce que je trouve cohérent avec le matériel proposé, et je pense qu’il arrivera à trouver son public. Personnellement, je sais que je le proposerai à la prochaine après-midi jeux avec les enfants ados du quartier !
En ce qui concerne la configuration de jeu, notez la présence au verso d’une carte prévue pour 2 joueurs, sur le recto une carte prévu de 3 à 5, avec le continent américain accessible uniquement à 5 joueurs. Ce qui signifie que l’équilibre des régions est conservée pour n’importe quel nombre de joueurs. C’est plutôt le côté « fun » du jeu qui se perd un peu à 2 (1 seul adversaire à surveiller), et à 5 (un peu trop de monde à surveiller ^^). Donc je privilégie le jeu à 3 ou 4 qui fonctionne parfaitement selon moi.
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