Test: Kiki va sortir les poubelles ?

Test: Kiki va sortir les poubelles ?

Kiki va Sortir les Poubelles est un jeu de Jean Pineau et Antoni Guillen.

Édité par « Le Droit de Perdre » et distribué par Blackrock Games.

C’est un jeu pour 3 à 8 personnes à partir de 10 ans et pour des parties d’environ 15 minutes.

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Le matériel :

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Une petite boite, des cartes, un sabot en carton pour les maintenir et quelques tuiles en carton, ça fait le taff sans souci !

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A quoi ça ressemble ?

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Comment on joue ?

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Alors, sachez que Kiki va Sortir les Poubelles est un jeu d’excuses bidons !

C’est pas moi qui l’ai dit, c’est noté sur la boite ! (Pardon pour les amoureux(es) de la langue française il fallait que je le fasse, c’est comme ça !)

Dans ce jeu, vous êtes une bande de colocataires plus feignasses les uns/unes que les autres et vous allez trouver tous les prétextes du monde pour ne pas sortir les poubelles !

On distribue 6 cartes à chaque coloc’, qui vont constituer l’intégralité de sa main pour les 3 manches de jeu que comporte une partie de « Kiki ».

Pas de tour de jeu, chacun joue en simultané !

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Mais comment t’est-ce qu’on fait pour jouer une fois qu’on a nos 6 cartes en mains s’il vous please ?

Une tuile lieu sera jetée sauvagement (ou doucement, vous avez le choix de la méthode hein !) sur la table (ou sur toute autre surface sur laquelle vous avez l’habitude de jouer) et dès qu’une personne aura trouvé un prétexte en rapport avec le lieu visible, elle posera ses cartes sur la table et donnera son excuse à voix haute.

Les autres coloc’ pourront, si l’envie leur en prend, interroger la personne suspectée de tirer au flanc pour essayer de la choper en flag’ de mauvaise foi !

Une fois que tout le monde aura posé ses deux cartes sur la table, que toutes les excuses auront été dévoilées et les suspects interrogés, chaque coloc’ va pointer du doigt la personne qui, en son âme et conscience (Denis, si tu me lis !), n’aura aucun respect pour la colocation et aura essayé de rester les doigts de pied en éventail à glandouiller au lieu de sortir la poubelle.

La personne qui aura fait l’unanimité devra retourner une de ses cartes côté poubelle.

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Et on enchaine avec la seconde manche, puis la troisième.

Sachant qu’on ne pioche jamais de cartes entre deux manches, donc lors de la première manche vous aurez 6 cartes en mains, 4 pour la seconde manche et forcément 2 pour la dernière, donc la dernière manche sera la plus difficile à gérer parce que vous risquez de vous retrouver à devoir aller exorciser la cafetière dans les W.C, ce qui risque fortement d’être perçu comme une excuse bidon (Mais que celui ou celle qui n’est jamais allé exorciser une cafetière dans les toilettes me jette la première truelle !) !

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Je n’ai pas expliqué comment jouer les cartes, donc je le fais tout de suite !

  • Sur la partie haute de la carte, vous avez une action, comme « exorciser » pour reprendre l’exemple précédent.
  • Sur la partie basse, vous avez un objet, un animal, un aliment ou autre.

Il faudra donc poser la partie haute d’une carte avec la partie basse d’une autre, j’illustre mon exemple précédent « exorciser la cafetière » :

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A l’issue des 3 manches, la plus grosse feignasse de la coloc’ sera la personne ayant le plus de poubelles posées devant elle et elle sera gratifiée du gage de votre choix (Ah, on me signale que ce n’est pas dans les règles du jeu… zut !).

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VERDICT

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Autant vous le dire tout de suite, je suis sorti de ma zone de confort avec ce jeu !

Je ne suis pas spécialement un grand joueur de jeux d’ambiance, d’apéro games, je l’étais et mes gouts ont changé.

Donc ici je partais avec un apriori.

Et puis au final je suis rentré dans le jeu car les excuses sont tellement moisies, pourries, tirées par les cheveux et souvent totalement improbables qu’on passe un excellent moment et que la mauvaise foi et les accusations bidons vont elles aussi faire partie du jeu. (Sachant que c’est clairement mon type d’humour, je ne pouvais qu’aimer au final, tout comme l’excellentissime Crazy Theory chez les mêmes éditeurs dont vous pourrez retrouver mon test ici .

Donc une excellente surprise, on a enchainé les parties et les fous rires !

En plus, pour les amoureux des arbres, Le Droit de Perdre est associé à Youpi Planète qui a pour vocation de planter 2 arbres pour chaque arbre qu’ils utilisent !

Au final nous n’avons eu qu’un seul regret pour le jeu (qui sera son vrai défaut pour moi) c’est qu’on finit souvent par avoir les mêmes cartes et les mêmes lieux.

Du coup on ne peut pas toujours jouer autant de parties qu’on le voudrait à la file parce qu’une certaine redite va s’installer.

Ce n’est pas gênant, mais on aurait aimé avoir plus de lieux, plus de cartes et plus de folie donc !

Kiki va Sortir les Poubelles, c’est bon, mangez-en ! (Du jeu, pas des poubelles hein !!!).

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Disponible ici:

Prix constaté: 13 €

Interview-Test: I am a Banana !

Interview-Test: I am a Banana !

La folie est une notion extrêmement polysémique. Elle désigne le plus souvent des comportements jugés et qualifiés d’anormaux. Selon le contexte, les époques et les milieux, la folie peut désigner la perte de la raison ou du sens commun, le contraire de la sagesse, la violation de normes sociales, une posture marginale, déviante ou anticonformiste, une impulsion soudaine, une forme d’idiotie, une passion, une lubie, une obsession, une dépense financière immodérée.

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Non, ce monsieur n’a rien à voir avec le jeu, quoique …

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Et de la folie il y en a dans tous les jeux de l’éditeur Le Droit de Perdre, que ce soit dans « Comment J’ai adopté un gnou », « Taggle », « Crazy Theory » ou « Buzzer Fucker ».

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Une partie de la gamme de Le Droit de Perdre

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Mais la folie n’est pas le seul fil rouge de cette gamme. Ce qui définit au mieux l’ensemble de ces jeux, c’est la communication, l’interaction entre les joueurs, l’ambiance créée par cette rencontre entre le jeu et les acteurs ludiques.

On peut donc dire que la gamme est composée dans sa grande majorité de jeux d’ambiance. On peut se poser la question de savoir quelle est la proportion de sensations et de réactions entre le jeu lui-même et la participation des joueurs, lequel des deux ambiance l’autre ? L’œuf ou la poule ?

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La réponse n’est pas vite répondue, au contraire, bien malin celui qui pourrait y apporter une réponse nette, mais ce qui est sûr c’est que lorsque ce type de jeu vient épouser un groupe de joueurs, l’alchimie éclaire la table, sous forme de rires et de réactions positives partagées.

« I am a banana » ne déroge pas à la règle, je dirais même, c’est un jeu qui vient sublimer tout ce qui peut rapprocher les participants, qu’ils se connaissent ou qu’ils soient d’illustres inconnus.

Un exemple d’inconnus !

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Un jeu d’ambiance est donc une machine finement huilée, précise, dont les rouages, souvent intelligemment cachés, activent chez chacun d’entre nous des stimuli communs et presque innés, car le rire ne s’apprend pas, le rire ne s’apprivoise pas, il apparait parfois avec ses gros sabots là où on ne l’attend pas.

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« I am a Banana » est un jeu de Antonin Boccara (Panic Island ! , Par Odin, Fiesta de Los Muertos et son extension récente, La Catrina …) et Yves Hirshfeld (Ambition – oui oui ! – Taggle, Speech, Association 10 dés …), illustré par Yves également (c’est même son premier !) et édité par le Droit de Perdre.

Un jeu plein de folie pour 4 à 8 joueurs, à partir de 8 ans, pour des parties variables de 20 min à beaucoup plus !

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Essayons ensemble de comprendre comment on arrive à créer un tel chef d’œuvre d’ambiance et de finesse avec Antonin, Yves et François l’éditeur !

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  • Bonjour Docteur, présentez-vous et dites-moi : c’est quoi votre spécialité ? Si votre parcours ludique était une maladie mentale, ça serait laquelle et pourquoi ?

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Yves : Bien qu’ayant choisi le pseudo de @Monpsyvite sur Tweeter, je ne suis pas docteur pour un sou et en veux particulièrement à mes enfants de n’avoir aucun lien avec la médecine car j’aurais pu les déranger toute la nuit avec mes angoisses existentielles !

Bref ! Auteur de livres pour adultes ou enfants, ex comédien, metteur en scène, auteur et réalisateur à la TV, c’est le jeu qui, depuis pas mal d’années a pris le pas sur mes autres activités. Particulièrement depuis que je vis à la Rochelle. Et si mon parcours ludique était une maladie, ce serait la blennorragie de l’esprit mais je ne sais absolument pas pourquoi.

Yves, il est tout seul mais souvent à plusieurs !

Quant à ma spécialité… ce sont les jeux d’expression et de fantaisie, ceux qui côtoient le monde du théâtre où j’ai passé tant d‘années. Ceux où l’imaginaire, l’humour et la création dominent. Une autre de mes spécialités… les pâtes al vongole.

Mais telle n’est pas la question posée, présume-je.

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Antonin : Ma spécialité c’est d’être pour toujours un grand enfant. Depuis toujours je joue et j’aime jouer avec les autres. Alors au bout d’un moment, quoi de plus normal que de tenter de créer des jeux… Et comme j’aime bien rire, je fais donc souvent des jeux où on rigole… Les chiens ne font pas des chats !

Je suis atteint de manière incurable du syndrome de Peter Pan, pour mon plus grand bonheur : je ne serais jamais grand.

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François : J’édite avec Le Droit de Perdre des jeux humour et d’esprit depuis 2009, qui voyagent sur une délicate ligne de crête entre la crétinerie abyssale d’un côté et l’intelligence profonde de l’autre. La maladie mentale de notre ludographie me semble être un trouble bipolaire, où l’on bascule souvent du rire léger à l’émotion sincère et réciproquement.

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  • 99.99% de vos jeux sont apparentés à la case des jeux d’ambiance, pourtant le jeu c’est sérieux non ? Comment fait-on pour rester professionnel quand on développe des jeux loufoques et barrés ?

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François : C’est sûr qu’entre le délire auquel invitent nos jeux et le niveau d’organisation qu’il faut pour les amener à exister, il y a comme un grand écart. L’évolution la plus importante pour réussir ce numéro d’équilibriste a sûrement été de travailler avec les auteurs.

J’ai démarré en créant les premiers jeux Le Droit de Perdre, puis en 2011 j’ai commencé à éditer Yves Hirschfeld et Fabien Bleuze. Cela a permis d’encourager l’énergie loufoque et barrée du côté des auteurs pour pouvoir me concentrer sur les contraintes et les joies du travail éditorial.

Comme quoi, il y a toujours 2 côtés, si ça c’est pas du trouble bipolaire !

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  • Dans ma tête on est plusieurs à se dire que c’est le jeu de la maturité, pouvez-vous me raconter l’histoire de ce jeu, en employant des rimes en « é », ou en « ou », ou en « on » ?

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Antonin :

« C’était », un point c’est tout

Deux idiots dans un salon

Dont les idées tournent en rond

Mais à force de tourner

L’une d’entre elles s’est éveillée

Et dans un rire un peu fou

Une règle s’est faite d’un coup

Ma foi le plus dur après

Ce fut de s’en rappeler

Antonin refuse de grandir…

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Yves :

Si ta question n’est pas con,

Pour les rimes ? Pas question.

Et le jour où j’atteins la maturité

Autant dans le lac me jeter.

Ce jeu est une superbe création

Née des esprits en fusion

De deux auteurs de renom :

Moi et Antonin Boccaron.

L’un comme l’autre, espérons,

Espiègles nous sommes et serons

Pour d’autres projets, non de non !

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  • La direction artistique à l’air aussi habitée par de multiples esprits dérangés ! Pourquoi avoir choisi des illustrations qui paraissent en décalage complet avec les standards actuels ?

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François : Nous aimons travailler avec une grande liberté chez Le Droit de Perdre. Les standards nous influencent rarement, si bien que nos jeux se retrouvent effectivement souvent en décalage…

Et parfois ça marche, parfois ça marche pas (c’est bipolaire !)… En l’occurrence, I am a banana a été enfin l’occasion d’assouvir un désir de longue date : mettre en valeur les dessins d’Yves Hirschfeld qui ont tous une forme de « précision imprécise » qui entrait vraiment en résonnance avec le jeu. Cela s’imposait comme une évidence dès les premiers tests avec les protos, notamment à travers les réactions des premiers joueurs.

Les dessins d’Yves sont tendres et mordants à la fois, ils font sourire sans jamais verser dans la caricature facile, en bref ils sont attachants comme leur dessinateur.

Les trois mousquetaires du rire !

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  • Quand on illustre ce genre de jeu, comment fait-on pour rester lucide ? Y a-t-il des inspirations, des modèles ? Quels ont été vos facilités ou bien vos contraintes sur ce jeu ?

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Yves : Le dessin a toujours été pour moi une petite manie que j’ai pratiquée dans tous les domaines de mes activités. Le dessin est un plus qui m’a permis d’abord de faire chier mes profs mais plus tard de concrétiser mes décors et costumes de théâtre, mes propres storyboards comme réalisateur, mes illustrations dans des bouquins et autres crayonnés pour mes protos de jeux.

Alors ? vous préférez Yves ou Léonard ?

Lorsque j’ai proposé quelques dessins à mes camarades Antonin et François pour faire tourner les premiers tests d’I AM A BANANA, je ne sais plus qui, du coauteur ou de l’éditeur a jugé en premier que le style que j’adoptais collait bien au sujet.

Mais je les en remercie car c’est mon premier jeu illustré par moi-même et je peux te dire que je me la pète sérieusement. Je me demande même si je ne vais pas arrêter là cette interview ou te demander du pognon pour poursuivre…

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  • On est tous conscients que vous vous êtes tous rencontrés dans un hôpital psychiatrique, mais imaginons que vous êtes sous un mélange d’opiacé et de morphinométique, imaginez votre rencontre idéale, celle qui aurait abouti à la création d’un super jeu d’ambiance ?

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Yves : Ma rencontre avec François, il y a bien 15 ans et avec Antonin, suffit à répondre à ta question. Et ça m’arrange car je n’ai pas compris ta question.

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Antonin : Une rencontre inopinée lors de Monaco-Manchester City en 2017 ! On se prend dans les bras lors du dernier but de Bakayoko et fous d’allégresse on décide de faire un jeu… Ça aurait été beau !

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François : Je nous vois tous les trois allongés sur le deck du yacht de Lady Gaga avec Fabien Bleuze habillé en masseuse égyptienne. Nous approchons du port de La Rochelle quand vient l’illumination : ça y est, nous tenons enfin la règle du jeu Attrape-Bite !

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  • Les fous sont facilement reconnaissables car quand on leur demande s’ils sont fous, ils répondent non ! Vous a-t-on déjà posé la question ? Et si non, pourquoi ? Et c’est quoi le petit plus de ce jeu ?

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François : J’adore cette folle question.

On m’a souvent demandé ce que nous prenions quand nous faisons nos jeux, mais pas si j’étais fou… Pourtant la question se pose ! Dans I am a banana, ce que je trouve particulièrement fort, c’est l’immédiateté avec laquelle on ressent la tension ludique dans son corps. La mission est simple : il faut faire un mime facile, mais pas n’importe comment et pas n’importe quand, alors dès la première seconde, le corps se tortille, poussé par l’envie de s’exprimer et contraint par le besoin de ne pas se faire repérer.

Et l’on rit tout de suite, parce qu’on voit les autres joueurs ressentir exactement cela. Tout cela a une chouette conséquence que vous remarquerez lors de votre prochaine partie : on s’échange de beaux regards dans I am a banana.

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Antonin : Comme dit ce cher Pascal : « Les hommes sont si nécessairement fous, que ce serait être fou, par un autre tour de folie, de n’être pas fou. »

Pascal ??

Le petit plus de ce jeu, c’est justement cette folie douce qui est en chacun de nous. Une folie ludique où l’on peut faire n’importe quoi mais pas n’importe quand car le docteur surveille. Une finesse dans le bazar !

Ce qui fait que le jeu peut plaire autant à des joueurs timides qu’extravertis.

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Yves : Ici, on est fou, avant tout pour bien se marrer.

Le petit plus c’est qu’on se chope des fous-rires parce qu’en tant qu’auteurs, on n’est pas fous, on introduit la folie douce (dont on a tant besoin).

C’est fou, non ?

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  • On dit que vous adorez les accessoires, mais qui a eu l’idée des lunettes ?

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Antonin : Je ne sais plus trop qui a eu l’idée, mais c’est une belle idée ! Et j’adore le jeu de mot qu’il y a sur les tranches : Ray Banana !

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Yves : I AM A BANANA tourne très bien sans les lunettes mais Antonin, François et moi cherchions ce petit supplément d’âme, ce petit objet qui permettrait de sublimer l’aspect « crétin » du jeu, apportant, par là même, une difficulté mesurée mais efficace pour le docteur.

Celles-ci étaient trop chères !

Comme au théâtre, un bon scénario, un bon gag est toujours apporté par une rupture. Un bon acteur a le sens de la rupture. Un bon jeu (si tant est qu’il le soit) contient des ruptures.

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François : Il y a tellement d’échanges entre auteurs et éditeur dans notre processus d’élaboration des jeux que nous ne prêtons pas vraiment attention à qui apporte quoi. Les idées fusent au service du jeu.

L’idée des lunettes a fait suite à d’autres idées pour accentuer l’expérience du jeu. Un temps, il était même question de fournir des menottes pour bloquer les mains des joueurs qui se sont fait griller ! Puis les lunettes se sont imposées, parce qu’elles collaient parfaitement au thème des fous et du docteur, qu’elles avaient l’intérêt de gêner légèrement la vue du docteur et qu’elles soulignaient l’originalité asymétrique du jeu : le docteur est seul contre tous.

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  • Pour être honnête avec vous, à la lecture des règles, je trouvais le jeu plat, sans grand intérêt. Et puis j’ai été assez fou pour y jouer… N’est-ce pas plus difficile de créer un bon jeu d’ambiance, qu’un jeu de placement d’ouvriers par exemple, parce que les vraies sensations arrivent pendant une partie et qu’il faut donc forcément jouer pour apprécier ?

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Yves : Pour moi (et je pense que mes camarades iront dans ce sens) il n’y a pas de recette pour un bon jeu. Pas plus qu’il y en a pour un bon film, un bon bouquin ou autre…Tout est question d’alchimie, de rencontres, d’opportunités, de travail et de gros coups de chatte pour que tout soit en place au bon moment.

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François : Si tu me demandais de bosser sur un jeu de placement d’ouvriers, je pense que j’aurais quelques gouttes de sueur sur le front… J’admire le travail de leurs éditeurs. Ils doivent souvent construire des cathédrales de règles qui pourtant fonctionnent harmonieusement ensemble. C’est le fruit de beaucoup de persévérance.

A l’inverse, les jeux d’ambiance paraissent plus simples à créer, mais c’est effectivement une illusion : il y a probablement autant de sueur dans leur création, le cheminement est juste très différent et l’expérience aide à se créer une méthode pour y parvenir. C’est un peu comme si on l’on comparait un recueil de poèmes et un roman en littérature.

En tout cas, bravo de ne pas t’être arrêté à la simple page de règles et d’avoir fait l’expérience du jeu ! C’est spécialement important dans I am a banana pour les raisons qui sont liées à ce que tu vas ressentir dans ton corps dont je parlais un peu au-dessus.

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Antonin : Je ne sais pas si c’est plus dur de faire un bon jeu d’ambiance mais c’est sûr que c’est un autre exercice que de faire un bon jeu de gestion.

Le premier repose généralement sur une idée simple et centrale quand le second est constitué souvent d’un mélange de nombreux ingrédients ludiques qui donnent ensemble toute sa spécificité au jeu.

Après, je trouve que dans les deux cas, les vraies sensations arrivent pendant une partie et qu’il faut donc forcément jouer pour apprécier les jeux. Et c’est très vrai pour « I am a Banana ».

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  • Le choix du titre, c’est fou mais ça me rappelle un jeu, où l’on se mettait un truc sur le front !! « Am I a Banana » ça vous parle ou vous êtes trop jeunes ? Pourquoi la banane ?

Coïncidence ?

Yves : Parce que le mot banane…ça donne la banane !

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Antonin : Pour la petite anecdote, le jeu s’appelait au début « Je suis une truelle » mais finalement la banane l’a emporté parce que c’est tellement drôle et universel.

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François : Je découvre grâce à toi « Am I a Banana » !

La banane a aussi un rapport avec le thème de la folie. En anglais, « bananas » est utilisé comme adjectif, au sens figuré, pour qualifier une personne ou une situation de folle ou complètement dingue.

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  • Si jamais on se recroise dans le grand hall de l’hôpital, chacun assis sur une chaise, agencées en rond au centre de la pièce, on parlerait de quoi ?

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François : De l’impératif catégorique selon Kant dans une perspective hégélienne de dialectique matérialiste, bien sûr, puis du repas à la cantine et enfin je redemanderai vos prénoms…

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Antonin : De football, de Jacques Brel et de jeux de société bien sûr !

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Yves : De moi. Les autres c’est que des cons.

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  • 2020 est une des années les plus folles après 1920, pour 2021 vous avez prévu quoi ludiquement ?

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Antonin : Plusieurs projets avec Yves ont été décalés en 2022, ce qui nous laisse du temps pour les peaufiner tendrement. Sinon pour 2021 j’ai un jeu un peu fou qui sort chez Gigamic mais pour l’instant je ne peux pas en dire plus… 😉

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Yves : C’est que… Antonin et moi, ensemble ou séparément, on a des tas de jeux qui devaient sortir en 2021 et, suite à la COVID, ils ne paraîtront qu’en 2022 ! Alors, j’aime autant te dire que ta question fait mal. Ô comme c’est moche ta question !

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François : Un jeu sur l’impératif catégorique selon Kant, puis un autre sur la perspective hégélienne de dialectique matérialiste… Ah non, attends : nos deux prochains jeux à paraître en 2021 sont un jeu de lettres et de rapidité signé Erwan Morin (auteur de Speed Colors chez Lifestyle ou Cupcake Academy chez Blue Orange) et un jeu d’ambiance par équipes du duo Benoit Turpin et Romaric Galonnier (parmi leurs nombreuses créations : Welcome chez Blue Cocker pour le premier, Profiler chez Cocktail Games pour le second).

Il y a également de chouettes projets en cours avec Yves & Fabien qui aboutiront peut-être l’an prochain.

Enfin, pourquoi pas sortir un bon gros jeu de figurines à écraser, intitulé « Fuck you, Corona ! »…

Chiche ???

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  • Sinon, quand est ce qu’on sort de cette chambre pour jouer avec nous ou vous !?

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Yves : Môrdi ?

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François : Dès que tu m’auras détaché, choupinou.

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Antonin : Je suis déjà dehors, moi !

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Je ne sais pas si la folie me guette mais, croyez-moi, ce jeu m’a ouvert les yeux !

Pour être honnête, ça ne partait pas franchement bien, car je suis des plus exigeants en jeu d’ambiance, il faut dire il y en a tellement, dont certains qui ne prennent pas avec tout le monde.

Celui-ci sonne comme une évidence, voire une référence naissante dans la catégorie « Je vais faire n’importe quoi, mais je vais me marrer ! ».

La magie opère à la seconde où l’explication des règles prend fin, on comprend tout de suite qu’on ne pourra pas faire semblant, qu’il va falloir donner de sa personne, de son talent d’acteur (ou de mime) le plus enfoui en nous.

Mais attention ! Ce jeu n’est pas un vulgaire jeu de mime, non, ce qui le caractérise c’est bel et bien la finesse et l’intelligence qui vous mèneront à la victoire. En parlant de victoire, compter les points dans ce jeu n’est pas forcément une priorité tant l’ambiance autour de la table vient écraser toute récompense matérielle.

Au bout de 3 minutes, on se prend tellement au jeu que tous les « fous » ont l’impression d’avoir attrapé un virus inconnu qui nous pousse à répéter des gestes et des mouvements saccadés, brefs et succins afin de ne pas se faire griller par le docteur à lunettes.

Une vraie mise en abîme qui nous pousse à la fois à essayer de faire découvrir aux autres fous l’image que l’on interprète, mais aussi d’essayer de retrouver les images des autres fous et le tout à l’insu du docteur à l’affut de nos moindres gestes ! Le tout sous le coup d’un minuteur le plus souvent trop court. La folie dans son plus bel apparat !

Voici l’arme qui m’a fait mourir … de rire

« I am a banana » est un vrai médicament pour soigner la morosité dans cette triste période, une bouffée d’air ludique, hors du temps et de l’espace.

Messieurs, ma folie se joint à moi pour vous tirer un chapeau gigantesque, à la hauteur de votre talent !

Je tiens à remercier sincèrement, Yves, pour sa passion de comédien qu’il arrive à transmettre à travers ses œuvres ludiques, Antonin, pour sa joie de vivre et ses multiples facettes, et François, pour nous permettre d’accompagner nos vies de rares moments de folie douce !

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