Pour les plus érudits d’entre vous, le nom de Ken Follett ne sera pas inconnu. Une de ses œuvres les plus reconnues est justement Les Piliers de la Terre, constitué de 3 livres. Cette série de livres a été adaptée en série TV, et maintenant en jeux de sociétés. A l’heure actuelle, 2 jeux sont disponibles, et la communauté ludique « harcèle » Iello pour que le 3ème jeu soit de nouveau édité en français (Iello si vous nous lisez on milite nous aussi pour ce retour 😉 ).
Concernant les Piliers de la Terre que nous avons pu tester, le jeu ainsi que le livre se déroulent dans l’Angleterre du XII ème siècle, avec pour élément central la construction d’une cathédrale. N’ayant pas lu les livres je m’abstiendrais de toutes références ou autres, mais Djon de l’équipe du labodesjeux m’a indiqué que les cartes reprenaient certains personnages du livre, et que le jeu était fidèle à l’oeuvre papier.
Le jeu a été créé par Stefan Stadler et Michael Rieneck, 2 auteurs allemands bien connus dont nous avions d’ailleurs proposé un aperçu de Merlin il y a peu. Edité donc par Iello, le jeu est prévu pour 2 à 5 joueurs, à partir de 12 ans et pour une durée d’environ 2 heures.
Alors à quoi ça ressemble?
– Aperçu du matériel et du plateau –
La mission de chaque joueur sera de participer à la construction de la cathédrale au centre du plateau, en récoltant des ressources et les transformant en points de victoire. Il s’agit pour l’essentiel de placement d’ouvriers. Les joueurs auront à disposition des artisans qui selon leur coût à l’achat seront plus ou moins efficaces dans leur travail. Les ressources sont au nombre de 4 avec le bois, la pierre, le calcaire et le métal. Le joueur peut en récolter à l’aide de ses 12 ouvriers qu’il a à sa disposition à chaque tour, mais il peut aussi acheter des ressources au marché de la ville, moyennant de l’or.
Une partie se déroule en 6 tours. A chaque tour, un système de draft se met en place. Les joueurs vont devoir choisir entre un lieu ou envoyer ses ouvriers (que l’on peut diviser en plusieurs groupes), ou acheter un artisan qui viendra travailler pour son compte. A chaque nouveau tour, les cartes artisans sont renouvelées, et deviennent de plus en plus intéressantes, mais aussi plus chères à l’achat.
Après cette draft, le premier joueur va piocher dans un sachet opaque des pions maîtres d’oeuvre appartenant à chaque joueurs (3 chacun), et mélangés à chaque tour dans ce sac. Le joueur dont le maître d’oeuvre est pioché en premier va pouvoir le placer sur l’un des lieux du plateaux en payant 7 or. Il récupère ainsi l’action associée au lieu, qui peut être une carte artisan, des points de victoire, des ouvriers supplémentaires, le jeton premier joueur etc… Il peut aussi décider de passer et donc de ne pas payer, et pourra ensuite le placer sur le plateau, une fois que les maîtres d’oeuvre auront été piochés. Cette action lui coûtera alors nettement moins cher au fur et à mesure de l’avancée du tirage, voire ne coûtera rien du tout. Cette phase de pioche est particulièrement importante, puisqu’en fonction des stratégies de chacun, certains lieux du plateau deviennent plus intéressants que d’autres. Il est donc sage d’y placer son pion avant ses adversaires, puisqu’un lieu ne peut être occupé que par un pion (pour l’essentiel des lieux). Malgré tout cela a un coût et il faudra bien gérer ses ressources en matériaux et en or.
A chaque tour auront aussi lieu des événements qui seront piochés aléatoirement et qui affecteront l’ensemble des joueurs. Ces événements peuvent être de nature positives (par exemple recevoir plus de ressources que prévu), ou négatives (moins de maîtres d’oeuvre disponibles au tour prochain). On peut se protéger de ces événements en plaçant l’un de ses maîtres d’oeuvre dans le lieu évêché sur le plateau.
Enfin, le roi exigera un impôt de chaque joueur à chaque tour. On peut aussi se prémunir contre cette taxe en plaçant un maître d’oeuvre dans le camp du roi sur le plateau.
En fonction du placement des ouvriers et des maîtres d’oeuvre, le joueur va récupérer des ressources, des artisans, des ouvriers, de l’or, des points de victoire, se protéger contre l’événement, contre l’impôt royal etc… Le joueur pourra ensuite convertir ses ressources en points de victoire, grâce à ses artisans.
– ici le joueur possède 5 cartes artisans. Le maçon lui permet de convertir 1 pierre en 1 PV, 4 fois par tour –
Plus on avance dans le jeu donc, et plus les artisans convertissent moins de ressources en plus de PV. Ils coûtent bien sûr plus chers à l’achat mais le calcul est à prendre en compte pour mener votre camp à la victoire.
Ici le souffleur de verre (oui on l’a déjà dit mais un jour on saura faire des photos on promet!) convertit 1 calcaire et 1 métal pour 3 PV, 1 fois par tour. Beaucoup plus rentable donc, mais plus cher à) l’achat (8 pièces d’or) et n’entrant pas en jeu tout de suite.
– Au centre du plateau la cathédrale en construction –
A chaque tour va aussi se construire une partie de la cathédrale. Elle prendra forme sous vos yeux, et la pose de la dernière pièce de cet édifice symbolisera la fin de la partie.
A la fin du jeu, le vainqueur est celui qui a le plus de points de victoire!
VERDICT
Un très bon jeu de placement d’ouvriers, de gestion de ressources, parsemé intelligemment de draft de cartes et de pioche de pions qui redéfinissent le joueur prioritaire au placement sur le plateau. Tout ça mis ensemble fonctionne très bien, et le jeu alterne entre les phases de gestion chacun dans son coin, et des phases d’interaction lorsqu’on sait que si on place son maître d’oeuvre sur ce lieu, on bloque la stratégie du voisin.
Stratégies justement qui sont multiples, et au cours de nos parties, on a vu des joueurs se concentrer sur des objectifs différents et pourtant finir au coude à coude. Il y a plusieurs éléments à gérer, les ressources, les ouvriers, l’or, les lieux du plateau et leurs bonus associés, les événements aléatoires, les impôts du roi, etc…
Bref un jeu intelligent, du beau matériel, une thématique forte et bien respectée. Un jeu qui fait honneur à l’oeuvre de ce grand écrivain, selon ceux qui ont lu le livre! Nous en tout cas ça nous a donné envie de jouer aux autres jeux de la gamme, alors on relance l’appel!
Imaginons ce que ça peut donner:
driiiiiiiiiiiiiing
Iello? (blague)
Oui Iello euh non allo! Ici lelabodesjeux, on peut toujours rêver et croire que vous savez que l’on existe, mais figurez-vous qu’on habite pas bien loin de vos locaux, alors si vous voulez pas qu’on débarque chez vous sans prévenir, bossez un peu donc sur la réédition d’Un Monde sans Fin en VF et qu’ça saute!
clac! (bruit de raccrochage de téléphone comme si on avait encore un vieux téléphone à la maison…)
Bon bah on vous tiendra au courant de leur réponse 😉
Super week-end passé aux Jeux du Stan à Nancy où nous avons pu découvrir quelques jeux très sympathiques, au premier range duquel Merlin, la nouvelle production de Stefan Feld et Michael Rieneck, distribué par Queen Games. Stefan Feld est un des gros auteurs allemands et qui excelle dans le bon gros jeu à l’allemande – eurogame – c’est à dire des jeux de gestion, souvent très mathématiques avec une limitation du hasard et de l’interaction. Le terme « kubenbois » est aussi utilisé car on y associe souvent du matériel assez sommaire et … des cubes en bois. Voilà pour la partie culture voyons voir ce que sa dernière création a dans le ventre!
– contenu de la boîte –
Basé sur la légende du Roi Arthur, d’Excalibur et du Graal, le jeu prend place alors que l’on cherche un digne successeur au Roi Arthur. Avec l’aide de Merlin, les chevaliers vont devoir cravacher pour prétendre au trône. Ils vont devoir augmenter leur influence dans les différentes provinces, construire leurs manoirs, éliminer les traîtres, accomplir des quêtes et gérer les emplacements de leurs serviteurs afin de gagner le plus de points de victoire possible. Le jeu est prévu pour 2 à 4 joueurs, à partir de 14 ans et pour une durée d’environ 1 à 2 heures (et oui c’est allemand!!! 😉 ).
Le matériel est beau, le plateau central très bien illustré. Il représente la table ronde au milieu, vue du haut, avec de grandes colonnes séparant les différentes provinces se situant tout autour de la table ronde. Chaque joueur dispose d’un plateau individuel, et une autre partie représentant le domaine du roi se place à proximité du plateau principal.
Au début d’un tour chacun lance 4 dés, 3 pour son chevalier et 1 pour Merlin. Il n’y a qu’un seul Merlin que tout le monde peut faire déplacer. En fonction des actions que l’on souhaite effectuer le joueur va utiliser ses dés pour déplacer son chevalier (ou Merlin mais une seule fois par tour puisqu’il n’y a qu’un seul dé Merlin par joueur) autour de la table ronde. En fonction de la case sur laquelle il s’arrête il va pouvoir effectuer l’action correspondante. En vrac il peut construire un manoir, échanger une carte objectif qui ne lui convient pas, échanger une influence qu’il a préalablement posé dans une province contre un drapeau, ou contre un bouclier, ou contre le placement d’un de ses serviteurs dans une province. Il peut aussi gagner des PV équivalents au nombre de boucliers/d’influences/cubes qu’il possède, etc… Il pourra aussi récupérer le Graal ou Excalibur qui donnent droit bien sûr à des bonus intéressants.
– centre du plateau et roue des actions –
Un des éléments qui nous a vraiment plu c’est la planification des déplacements. Au début du tour on lance donc ses 4 dés. A chaque phase de déplacement on va en choisir un pour faire avancer son chevalier (ou Merlin) du nombre de cases indiqué par le dé. Il y a plusieurs possibilités pour modifier la face du dé, ou le sens de déplacement durant la partie pour réussir à tomber sur l’action qui nous intéresse. Cela oblige à une vraie anticipation et avoir plusieurs coups d’avance. Bien trouvé!
Sur son plateau individuel on dispose de 4 serviteurs (les cylindres jaunes en bois) représentant un maçon qui nous permet de gagner un cube permettant de construire un manoir, le soldat qui nous permet d’obtenir un bouclier permettant de se protéger des traîtres et les éliminer, le porte-drapeau qui permet d’obtenir un … drapeau, la dame d’honneur qui permet d’augmenter son influence dans un province. Sur les côtés gauche et droit on vient positionner les drapeaux que l’on récolte lors de la mise en place du jeu, et tout au long de la partie grâce à notre porte-drapeau entre autres. Certaines quêtes vous demanderont d’avoir tel ou tel drapeau en votre possession. Si c’est le cas, et à n’importe quel moment de votre tour, vous pouvez valider la quête et empocher les PV correspondant. L’intérêt principal des drapeaux est que chacun a un « pouvoir » particulier en fonction de sa couleur. Certains permettent de déplacer son chevalier sur la roue des actions, certains de changer la face d’un de vos dés, un autre de déplacer votre chevalier dans le sens inverse des aiguilles d’une montre… Bref de quoi adapter votre stratégie et vos déplacements en fonction de vos besoins et de vos adversaires.
– le plateau individuel –
Sur la partie haute du plateau on voit les 6 blasons représentant les 6 provinces. Au début du jeu, et après chaque phase de décompte des points (il y en a 3 dans la partie), on nous attribue des traîtres qu’il s’agira de réduire au silence puisqu’ils nous sanctionneront de 3 PV de pénalité s’ils sont toujours actifs à la phase de décompte.
– les traîtres –
Pour s’en débarrasser il faut récupérer un bouclier de la couleur correspondante. Sur l’exemple ci-dessus j’avais réussi à en récupérer 1 pour chacun de mes traîtres, et donc éviter de perdre 3 PV par traître vivant.
– les cartes objectifs –
Au début du jeu on nous attribue 3 cartes objectifs qu’il faudra essayer de remplir pour accumuler les PV. Il s’agit de récupérer les éléments demandés en haut à gauche de la carte. Par exemple, pour le premier objectif à gauche, il faut avoir en sa possession 1 influence dans la province noire, 1 cube provenant de la province marron, et un bouclier de la province mauve.
Près du plateau principal, on construit aléatoirement au début du jeu le domaine représenté par des tuiles de différentes couleurs. C’est sur cette zone que l’on viendra construire nos manoirs qui nous rapporteront des PV suivant la tuile et la zone sur lesquelles ils sont bâtis.
VERDICT
Nous avons intitulé cet article Aperçu plutôt que Test comme habituellement car nous n’avons pu l’essayer qu’une seule fois et ne pouvons juger de la rejouabilité du jeu, même si une partie est parfois suffisante pour s’en faire son avis ;-).
En tout cas Merlin ne nous a pas laissé indifférent! C’est un vrai jeu de gestion, de placement et de gain de PV. Il est complet, bien illustré et très plaisant. La thématique du Roi Arthur et de Merlin l’enchanteur est plaisante, même si comme souvent dans ce genre de jeu elle n’est pas prépondérante. Mais suffisamment présente pour y être agréable.
Il y a beaucoup d’aspects à gérer en même temps, et le fait d’avoir un plateau immense au centre + un plateau individuel + une zone pour le domaine + les cartes objectifs et leur défausse doit suffire à vous en convaincre. L’interactivité se limite à jeter un œil à ce que font les adversaires pour veiller à ne pas perdre l’influence d’une province (chacun est libre de placer ses marqueurs d’influence dans une province, mais lors du décompte final c’est le chevalier majoritaire qui emporte la mise), et parfois venir prendre la place d’un de ses serviteurs dans une province.
Plusieurs stratégies sont donc possibles vu le nombre d’éléments en jeu, et le fait que presque tout ce qui se trouve sur les plateaux peut rapporter des PV. Mais pour avoir un œil partout, il faut planifier ses déplacements sur la roue des actions, accomplir des quêtes et faire attention aux 3 décomptes intermédiaires pour scorer un maximum!!
Merci à Les Jeux du Stan de nous avoir donné l’occasion de l’essayer, et à Barbara de chez Queen Games pour nous avoir présenté le jeu!