Test : Speed Letters
Fusionner deux genres aussi éloignés que le jeu de lettres et le jeu d’ambiance est un exercice compliqué. C’est un peu comme monter une émission de télé avec comme présentateurs-vedettes Bernard Pivot et Patrick Sébastien, il faut quand-même que le concept soit sacrément béton pour que ça marche. Parmi les jeux qui ont tenté l’expérience, Bananagram, Djams ou Mot pour Mot, aucun ne m’a laissé un souvenir impérissable. Speed Letters pourrait-il me réconcilier avec cette association a priori contre-nature ?
Ce jeu est l’œuvre de Erwan Morin (Speed Colors, Cupcake Academy), illustré par Mathieu Clauss (Ricochet, I am a Banana, Mes Amis Sont), édité par Le Droit de Perdre.
Il se joue de 2 à 5 joueurs, à partir de 7 ans et pour une durée inférieure à 30 minutes.
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A quoi ça ressemble ?
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Jeu de mots
Dans Speed Letters, chaque joueur commence avec un paquet de vingt-six cartes, pour les vingt-six lettres de l’alphabet. On tire un mot qu’il va falloir épeler en jetant ses cartes dans la boîte simultanément et le plus rapidement possible. On gagne des points par lettre posée avec cependant deux petites subtilités. Si la lettre en question n’était pas dans le mot ou avait déjà été posée, on perd des points. A l’inverse, les lettres posées le plus tard rapportent plus (L’idée étant de pousser à la prise de risque).
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Clepsydre et des lettres
Le point positif qui saute aux yeux, c’est l’édition. Pas trop mal dans son genre : les règles sont limpides ; les cartes et jetons sont agréables et solides ; il est produit en Union Européenne ; son titre, certes anglais, reste très évocateur ; la boite est d’un joli rouge… Ça sent que j’essaye de meubler pour en dire du bien ?
Ce n’est pas complètement faux, on sent vraiment le soin apporté à l’édition. J’ai même trouvé plutôt malin le système de scoring mais pour le reste…
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Faut pas mettre ses “E” dans le même panier
Car maintenant, il faut que je vous parle des sensations de jeu… Qui ne sont pas extraordinaires. Même avec des joueurs occasionnels (comme mes parents), la sauce n’a pas pris. Bien qu’il faille épeler des mots, Speed Letters est surtout un jeu d’attention. Il faut poser ces cartes tout en restant vigilant à ce que posent les autres. L’idée de devoir faire deux choses à la fois est un principe éculé des jeux d’ambiance qui fonctionne très bien dans Keep Cool ou Jetlag (le burger de la mort de Burger Quizz). Mais dans Speed Letters, ça ne décolle jamais. Je ne saurais pas trop vous dire pourquoi. Peut-être parce que les joueurs peuvent décider de s’arrêter quand ils veulent ? En tout cas, on ne ressent jamais vraiment la tension qu’on devrait ressentir. On finit par décider au pif si on prend le risque de mettre notre lettre ou pas et au final, même si on gagne, on ne ressort pas avec l’impression d’avoir mieux joué que les autres mais simplement d’avoir eu plus de bol.
Dans un souci de complétude, le jeu propose deux variantes (deux joueurs et junior), toutes deux inutiles. Jouer à deux un jeu d’ambiance, pas besoin de vous expliquer pourquoi ça ne fonctionne pas. Quant à la version enfants, je me permets d’avoir de gros doutes. Le principe même du jeu demande une maîtrise de l’écriture qu’ont rarement les enfants de 7 ans et il faut quand même de grosses paluches d’adultes pour tenir et manipuler rapidement une main de vingt cartes (six cartes de moins dans les règles de base).
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Épelle-moi si tu peux
Speed Letters n’est pas foncièrement désagréable à jouer. Il est juste… oubliable. Son seul mérite est de réunir dans une même boîte la dictée de Pivot (orchidoclaste ou cathartique sont des mots plutôt rares dans un jeu d’apéro) et le plus grand cabaret du monde. Par contre, ils auraient dû laisser l’humour de Patoche à Patoche. Ça laisse du gras sur les doigts.
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