Lors du tout récent Essen, parmi les jeux de plis asiatiques qui seront ensuite introuvables, était disponible Stella Quest, un jeu de plis aux nombreux petits ajouts bienvenus.
Le jeu se compose de cartes de valeurs de 1 à 6 dans 4 couleurs et chaque carte est en double. On ajoute 6 cartes break, qui fonctionnent comme les fuites de Skull King ; elles permettront d’avoir la carte la plus faible du pli.
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Ensuite, le jeu propose pas mal de petites nouveautés. Allez, on se fait la liste !
– L’étoile noire : pas de dark Vador à l’horizon, mais un jeton qui vous fera perdre un point de vie si vous gagnez un deuxième pli consécutif.
– Des points de vie pour aller avec donc, chacun en dispose de 5 et doit gagner avant de mourir. Ces points de vie servent également à définir la taille maximale de votre main.
– Le super atout. L’atout de base est défini par la carte visible de la défausse, mais il vous sera possible de créer un super atout en jouant une copie d’une carte déjà en jeu, défausse comprise.
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Avec tout cela, votre mission, si vous l’acceptez, est de créer une collection de cartes devant vous allant de 1 à 6. Pour récupérer une carte, il vous suffit de gagner un pli, ce qui permet de récupérer une des cartes jouées.
Attention cependant, si vous récupérez une valeur que vous avez déjà, vous perdrez également des points de vie.
À vous de remplir le contrat tout en restant en vie, ou vous pouvez également choisir l’option de faire chuter vos adversaires, puisque si l’un d’eux passe à 0 point de vie, la partie s’arrête, et parmi les survivants, celui dont le cumul de points de vie restants et de cartes uniques dans le tableau est le plus élevé gagne la partie.
Un jeu technique donc, qui peut ronronner si l’on laisse tout le monde construire son tableau tranquillement. Je vous invite à jouer agressif, à provoquer la perte d’un autre joueur pour l’emporter.
Le jeu propose aussi des petits points techniques, comme le fait d’être décalé sur les autres joueurs. Quand vous n’avez plus de cartes en main, vous refaites votre main à hauteur de vos points de vie restants, ce qui peut vous amener à avoir une main décalée.
Les cartes break ici apportent du contrôle, mais elles permettent aussi d’augmenter les risques pour celui qui gagnera le pli puisqu’il ne pourra pas choisir de carte break. Moins de choix, plus de chance de prendre un doublon et donc de perdre de précieux points de vie.
Avec tout ceci et encore bien d’autres choses comme les visuels très colorés et plutôt agréables, un matériel au-dessus de la moyenne pour le prix autour d’une vingtaine d’euros avec un insert pour la pioche, un jeton d’étoile noire en acrylique ou encore des jetons de poker pour les points de vie.
Stella Quest est un très bon jeu, technique, avec pas mal de nouveautés, ce qui vous poussera à le rejouer pour en découvrir toutes les facettes.
Yokai Septet arrivera bientôt chez Matagot, et juste avant vient de débarquer la version KS mini qui tient dans la poche, l’occasion de s’intéresser à cet excellent jeu de pli.
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Dans Yokai Septet, tout tourne autour du chiffre 7, voyez plutôt :
7 couleurs composées de 7 cartes chacune, elles ont toutes pour particularité d’avoir le chiffre 7, la première allant de 1 à 7 et la dernière de 7 à 13.
Les seules cartes qui rapportent des points sont les 7 et les yokais que le jeu propose en foil.
Le jeu est indiqué pour 2 à 4 joueurs, mais Yokai Septet, c’est 4 joueurs uniquement ! Et en équipes en plus.
12 cartes chacun et on commence par en passer 3 à son/sa partenaire et déjà, on touche quelque chose qui me plait énormément. C’est un moyen de faire passer tant d’informations, de donner des indices et des indications sur le jeu dont on dispose.
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Ensuite, la phase de pli est classique, must follow, et si vous n’avez pas la couleur demandée, couper est optionnel.
Votre but est de gagner des plis, mais surtout les fameux Yokais. Si votre équipe en accumule 4, c’est la victoire et vous inscrivez les points qu’ils vous donnent.
Mais si vous atteignez les 7 plis sans récupérer les 4 yokais, c’est la défaite, et ce sera l’équipe adverse qui marquera des points.
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Une mauvaise main n’est donc pas synonyme de défaite, tout est possible et chaque pli est un combat.
C’est ce qui rend le jeu très nerveux, très tendu. Peu de place pour faire des erreurs, vos adversaires n’en laisseront pas passer.
On peut voir Yokai Septet comme une belote boostée, c’est donc en équipe qu’il fonctionne, mais à 4 joueurs autour de la table, c’est exceptionnel.
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La VF arrivera sous peu, donc en plus il sera bientôt disponible facilement, et pour du pli jap… américain cette fois-ci avec Ninja Star, qui aura déjà rendu la toute première version japonaise bien plus aisée à trouver.
La toute dernière version Kickstarter permet de l’avoir dans une petite boite bien pratique, même sleevée. Bref, c’est parfait.
D’un jeu de plis tout simple, les dieux nordiques nous proposent quelque chose de bien plus malin avec 4 plis en simultané !
Blot est un jeu de Yohan Callet, Yann Grizonnet, David Paput et Eric Plotton, illustré par Martin Mottet et édité chez Palladis Games.
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BLOT mêle à la fois le classique et la nouveauté avec 4 plis en simultané sur lesquels jouer et pour chacun des règles de jeu simples en must follow avec un atout rappelé par le jeton de chaque pli.
Tout sera question de timing, puisque chaque pli se termine quand 4 cartes sont placées dessus. De plus, il n’y a pas de limite au nombre de cartes jouées par un joueur sur un pli.
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On a donc 4 plis, un de chaque couleur sur lesquels chacun peut jouer librement, il est juste interdit de poser la première carte de la même couleur que celle du jeton.
Ensuite, chaque pli se termine quand 4 cartes le composent. C’est toute une science du timing pour non seulement gagner les plis qui comptent, mais aussi qui finira tel ou tel pli. Les choix sont nombreux et très intéressants, gagner des plis n’est pas forcément une bonne chose !
Une fois que chaque pli est gagné pour la seconde fois, le joueur qui l’emporte le place sous un scoring qui donnera des points positifs ou négatifs pour la couleur du jeton placé.
Jouer une carte n’est donc pas des plus simple, où ? Quand ? Et laquelle ? Avec BLOT c’est un jeu de plis multicouches, où chaque choix ne semble pas si simple tout en restant fluide par la mécanique simple du jeu.
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Il vous faudra plus d’une partie pour maîtriser tous les aspects, les micro-stratégies et le timing du jeu. Ce principe des 4 plis simultanés est une vraie trouvaille, je l’avais croisé dans Monster Trick, mais ici le principe est bien plus avancé, avec des scoring tournants, une grande importance accordée au timing et à la finition de chaque pli.
Le jeu est indiqué pour 2 à 5 joueurs, comme d’habitude, les jeux de plis qui fonctionnent à deux joueurs sont des jeux calibrés pour ça, ici ce n’est pas le cas, donc on y jouera de 3 à 5 et personnellement, je le joue à 4 ou 5, les configurations parfaites pour le jeu.
Un dernier petit mot sur la direction artistique du jeu, les cartes sont vraiment magnifiques !
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BLOT est un très bon jeu de plis pour 4 ou 5 joueurs, pour un prix autour de 20 euros, je pense qu’on est sur une bonne affaire à l’époque actuelle.
Ça fait plaisir d’avoir un jeu de plis disponible par ici, à un prix abordable et qui en plus est très bon. Contrat rempli pour BLOT.
Jouer un jeu de plis en connaissant sa main, c’est bien trop simple. Avec Luz, on va corser l’affaire, vous seul ne connaissez pas votre main.
Luz reprend une mécanique que l’on connait mieux avec le jeu Hanabi, mais ici, pas de coopération, c’est chacun pour soi !
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Le gameplay commence donc par une phase de préparation où chacun va ranger les cartes qui lui ont été distribuées dans l’ordre croissant pour chaque couleur.
Les cartes sont de 5 couleurs, numérotées de 1 à 10 et sont colorées sur leurs deux faces.
Une fois cette étape terminée, on place une carte « High » au bout de la main (du côté le plus fort) et on la passe face cachée au joueur sur sa gauche. Il ne reste plus à chacun qu’à tenir ses cartes face numérotées vers les autres et nous voilà prêts à jouer !
Vous avez donc pour toute information le nombre de cartes de chaque couleur qui composent votre main. Ça fait peu, mais ne vous arrêtez pas là, le jeu est bien plus malin que ça !
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Vous avez également accès à une mine d’information : les mains de vos adversaires. C’est là que, comme pour un qui est-ce, vous allez en déduire ce à quoi la vôtre pourrait ressembler. Bien évidemment, toutes les cartes ne sont pas distribuées, de quoi laisser une part de mystère et surtout des choix très intéressants en cours de manche.
Le jeu, comme le reste de son gameplay, est classique, un must follow avec l’atout en blanc. Couper n’est pas obligatoire si on n’a pas la couleur demandée.
Les plis vont vous permettre de découvrir votre main, c’est là que la préparation de la manche est importante, par le rangement croissant de vos cartes.
Découvrir la carte que l’on joue, c’est bien, mais c’est un peu trop tard, on ne va pas faire machine arrière. En revanche, sa position dans sa couleur vous permet de savoir si les autres cartes de votre main de la même couleur sont plus ou moins fortes qu’elle.
C’est là qu’on voit déjà le potentiel de fun, de prise de risque et les grosses surprises qui peuvent tomber. Penser jouer un 5 et poser un 9 ? Mince, ce n’était peut-être pas prévu et normalement, si vous ne jouez pas avec des joueurs de poker professionnels, l’expression sur le visage du joueur risque d’en dire long et d’en faire rire plus d’un.
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Mais bon, à quoi cela sert-il de gagner ou de perdre des plis ? À remporter votre pari pardi !
En effet, une fois votre main disposée à la vue de tous, vous allez parier. Parier sur le nombre de plis que vous pensez faire avec cette main que vous ne connaissez pas.
Pas évident comme approche et le pari reste une des mécaniques les moins intuitives dans les jeux de plis, surtout lors de vos premières parties. Mais rassurez-vous, le gameplay plutôt simple du jeu va vous permettre de mieux prévoir le potentiel de votre main et surtout, il existe le jeton « and 1 ». Avec ce jeton, vous pouvez faire un pari à +1, mais sans obligation de le réussir.
C’est gentil, mais ne soyez pas naïf, le jeu ne vous récompensera pas de la même manière.
En cas de pari sec, sans ce jeton « and 1 », réussi, c’est le jackpot ! 40 points pour vous.
La même chose, mais avec le « and 1 », ce ne sera que 20 points. Eh oui, on joue sérieux ou on ne récolte que des miettes.
20 points, c’est toujours mieux que de se tromper, dans ce cas, ce sera une perte de 10 points par pli d’écart entre votre pari et ceux réalisés.
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LUZ est un jeu fun, rapide et avec des retournements de situation. Il coche de nombreuses cases et même une propre aux jeux coopératifs, la communication limitée.
Une notion souvent floue, qu’est-ce que je peux dire ou ne pas dire, est-ce que ma manière de ramasser un élément de jeu est une forme de communication ? Est-ce que je dois limiter mon mouvement ? Comment faire ?
Avec Luz, la limite dans la communication est nette et elle sera sans pitié. Cela arrive généralement quand un joueur hésite sur la carte à jouer, un autre lui dira que cela n’influence pas le pli et là… patatra ! Vous venez de donner des infos sur leurs mains aux deux autres joueurs autour de la table ! La communication limitée, c’est ça.
Ici, pas de coopération, donc vous allez l’appliquer à la lettre sans vraiment vous en rendre compte.
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Tout cela fait de Luz un très bon jeu, mais il a tout de même quelques points négatifs. Le jeu parfait n’existe toujours pas.
LUZ ne se joue qu’à 4, tout simplement parce que la main de chaque joueur est de 10 cartes et que jouer avec à peine 60 % du paquet devient clairement trop chaotique.
La version japonaise propose des graphismes pour le moins sobres. Bien que ça reste un jeu de plis, l’intérêt du thème est encore plus limité que dans un euro, à de rares exceptions.
Mais Luz essaie de proposer quelque chose de difficilement compréhensible avec cette pièce blanche. La VF sera assurément bien plus jolie.
Voilà donc Luz ! Du pli oui, mais sans voir sa main, et ça, ce n’est pas banal !
Luz est un jeu hybride, il utilise cette mécanique d’informations partagées que l’on rencontre dans des jeux coopératifs et en fait son cœur de gameplay. Cela en fait un jeu unique que je vous invite à essayer.
Le plateau. Un nom tout à fait francophone et pourtant, c’est aux Etats-Unis que le jeu à été créé. Son gameplay parlera à beaucoup de joueurs, il reprend les règles du tarot avec quelques changements et surtout l’ajout d’un plateau qui révolutionne tout !
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Le jeu est auto-édité et il n’est disponible que sur Etsy, un site de e-commerce ou chacun peut vendre son artisanat. Il vous est possible d’y acquérir le plateau… Du plateau, un bel objet en bois avec des jetons représentant les têtes et principaux atouts d’un jeu de tarot ainsi que des jetons numérotés pour chaque pli de la manche.
Pour le paquet de cartes en revanche, ce sera avec celui qui prend la poussière au fond d’un tiroir oublié ! Et si vous vous êtes immédiatement écrié « mais pas du tout moi mon jeu de tarot est toujours à portée de main » déjà vous êtes des champions et en plus la suite va vraiment vous plaire.
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Dans le plateau, on reprend donc les règles du tarot avec quelques ajustements :
– L’excuse est le 22 d’atout. (Personne au-dessus quoi.)
– Quand on appelle un partenaire, il se déclare immédiatement.
– On n’est pas obligé de monter à l’atout. (De surcouper.)
Le plus gros changement va surtout venir de ce plateau central sur lequel on retrouve toutes les têtes, le 21 et l’excuse ainsi que les 6 plus petits atouts et 13 jetons pour les 13 plis d’une manche.
Votre but n’est plus de remplir un contrat avec un nombre minimal de points, désormais, vous devez relier des côtés de ce plateau !
Deux coté opposés pour le pari minimum jusqu’aux 6 coté de l’hexagone pour le pari maximal. Il nous reste deux paramètres sur lesquels parier ; le nombre de joueurs par équipe. En effet, vous pouvez partir seul contre les autres ou appeler un partenaire (ou 2 à 6 joueurs uniquement).
Et pour finir le chien : avec ou sans ?
Ces 3 paramètres combinés vont définir votre pari et ensuite aux autres de passer ou de surenchérir.
Le tout se passe au dos du couvercle du plateau, c’est malin, c’est efficace.
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S’ensuit la phase « du jeu de la carte » ; le plus simple, c’est un exemple :
Nous sommes 4 et pour ce premier pli au final, on a le roi de pique, le valet de pique le 6 de pique et un petit malin qui coupe avec le 3 d’atout.
On va placer sur le plateau des marqueurs de l’équipe qui remporte le pli sur le roi, le valet, le 3 d’atout et le jeton du premier pli.
Si cette équipe est celle du joueur qui a remporté la phase de pari, les « attaquants », ces jetons composent le début du pattern, du canevas, que vous souhaitez créer.
Dans le cas inverse d’un pli gagné par l’équipe « en défense », ce sont des points du plateau qui permettront, s’ils sont reliés à d’autres de fermer le jeu et de bloquer le canevas possible de l’attaque.
Vous comprenez donc que vous n’allez plus jouer les cartes rapportant le plus de points, mais des cartes dont la position sur le plateau est intéressante.
S’ensuit une phase de pli où, par moment, certaines cartes deviendront les plus importantes, leur position étant le dernier point de passage possible pour valider le pari ! La tension sera également sur certains plis puisque chaque pli dispose d’un jeton.
C’est tout le tarot qui s’en voit revisité pour un résultat bien plus gourmand et croquant (A lire avec l’accent de Cyril Lignac.). Le résultat est plutôt impressionnant, le tarot, mais avec une profondeur supplémentaire, des décisions encore plus intéressantes et des cartes anodines qui deviennent primordiales avec l’avancée des plis.
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Le jeu n’est pas sans reproche non plus. On arrive sur un de mes thèmes favoris : le nombre de joueurs.
Le plateau sur le papier, c’est de 2 à 6 joueurs, mais en réalité, c’est 4 ou 5. Un peu comme le tarot en fait ! Tout simplement parce qu’un jeu avec une telle profondeur nécessite de la maîtrise et de l’interaction. À 6 joueurs, c’est le chaos et à 2 ou 3, c’est mou et sans grand intérêt. Mais bon pas de souci vu qu’à 4 ou 5, on est en présence d’un très grand jeu de pli !
Le plateau propose tout ce que fait le tarot en mieux et avec une profondeur de réflexion supplémentaire. En revanche, il retire les annonces, ce qui me dérange. En effet, les grands classiques disposent d’un système d’annonces qui est ici évincé. Ça ne modifie pas profondément le jeu, mais vous savez comment sont les vieux joueurs, il ne faut pas trop nous bousculer.
Vous le comprendrez, ce jeu me bluffe. Je ne pensais pas possible de revisiter un tel monument qu’est le tarot et surtout de le rendre encore plus intéressant.
Bien évidemment, le jeu est introuvable de ce côté de l’Atlantique. Il est disponible via Etsy comme je l’écris plus haut, mais attention, les frais de port et les taxes seront élevés. Pour autant, tout n’est pas perdu ! La page BGG le rappelle : le jeu est disponible également en PNP, les règles se trouvant sur cette même page !
Et si vous jetez un œil dans le forum, il y a même un fichier pour la version 3D.
Amateurs de plis, tapeurs de cartons et amoureux des doubles poignées, le platoww (à l’américaine) c’est à jouer !