Test : Cascadia extension Paysages

Test : Cascadia extension Paysages

Cette critique a été rédigée à l’aide d’une boite fournie par l’éditeur que nous remercions.

Île était une seconde fois.

Cascadia est un jeu où l’on doit construire un biome à l’aide de tuiles et le peupler avec des animaux adaptés, si vous ne connaissez pas le jeu de base, je vous invite à consulter l’article que nous avons rédigé ici :

Pour résumer, Cascadia est un excellent jeu accessible, aux règles simples et au temps de jeu contenu, tout en apportant une certaine dose de réflexion, teintée de hasard à gérer.

Quand j’ai su qu’une extension devait voir le jour, avec de nouveaux objectifs et des ajouts de gameplay, j’étais vivement intrigué de voir ce que l’équipe de conception avait bien pu nous concocter !

C’est donc avec une certaine impatience et une pointe d’excitation que j’ai commencé la lecture des règles et à jouer.

Premières impressions sur la lecture des règles : pourquoi ?

Pourquoi avoir ajouté des règles pour jouer à 5 et 6 ?

Je vous le dis tout de suite, pour moi, c’est un non-sens absolu.

Le jeu peut être longuet si on essaie vraiment de tout calculer et optimiser (Longuet pour un jeu de cette trempe j’entends.).

Donc ajouter des personnes autour de la table ne me semble pas une bonne idée, malgré l’ajout d’un mode « départ rapide » qui est censé écouter la durée du jeu, preuve que de base le jeu n’était pas conçu pour tant de personnes.

J’ai donc totalement fait l’impasse dessus, pour moi à partir de 5 personnes je préfère sortir un party game, hormis pour Nemesis, Western Legends, Fief et autres « gros » jeux où l’ambiance sera excellente puisque les jeux sont thématiques et immersifs car les durées de parties sont longues quand on demande à 5 ou 6 personnes de réfléchir, donc si le jeu est thématique et immersif, ça ira.

Cascadia n’est ni thématique, ni immersif, donc il était parfait en l’état à 4 maximum et j’ai clairement fait un blocage sur le fait d’ajouter 2 personnes autour de la table.

Des paysages, de nouveaux horizons !

La vraie nouveauté qui m’a intéressé est donc ce que l’on appelle les paysages, qui est le nom même de l’extension, preuve supplémentaire, s’il en était besoin, que c’est l’ajout principal de cette boite.

Donc le concept est relativement simple : on ajoute de nouveaux objectifs à atteindre pendant la partie, pour marquer plus de points de victoire et augmenter un peu la réflexion.

Sur le papier c’est excellent !

Dans les faits, c’est déjà moins intéressant…

Pourquoi ?

Parce que déjà, la mise en place du jeu est rallongée, ce qui n’est pas dramatique en soi, mais il faut mélanger 6 paquets de cartes supplémentaires, poser 6 variétés de tokens différents sur la table et chercher parmi de nouveaux objectifs spécifiques à cette extension pour les animaux.

Donc rajoutez quelques minutes de plus sur la mise en place et sur le rangement.

Ce ne serait que ça, ça passerait encore, mais après quelques parties, j’ai vu le gros défaut de cette extension, certes, les paysages apportent plus de réflexion, mais justement, ajouter trop de réflexion dans un jeu qui se veut rapide et assez nerveux, fait que le jeu en devient trop long et encore plus soumis à l’aléatoire.

Je m’explique :

Avant je devais faire avec l’aléatoire des jetons et tuiles qui sortaient et je devais tout faire pour économiser mes pommes de pin qui me servaient à tenter de mitiger un peu cet aléatoire.

Maintenant, comme j’ai des objectifs qui sont récupérables en cours de partie, je dois augmenter mon temps de réflexion pour savoir lequel choisir, comment l’optimiser et surtout, si la rivière de jetons et de tuiles n’est pas de mon côté un objectif pourra être totalement échoué ou inutilisable si la partie avait bien commencé et qu’elle se termine mal.

De plus, pour pouvoir récupérer un de ces objectifs, on va devoir poser un jeton sur une tuile, qui nous bloquera définitivement cette tuile pour y placer un jeton faune par la suite.

Ce qui réduit drastiquement les options possibles, rendant l’aléatoire de la pioche encore plus punitif…

Et je n’ai pas plus de pommes de pin à ma disposition pour tenter de mitiger ledit hasard…

Coucher de soleil et baisser de rideau.

Alors, au final cette extension, bonne ou mauvaise ?

Ça dépendra des points de vue et des goûts, j’ai lu vraiment tous les opposés.

Pour certaines personnes, ça ajoute de la stratégie, de la réflexion et c’est top, jamais plus elles ne joueront sans.

Pour d’autres, l’extension alourdit inutilement un jeu qui faisait son boulot à merveille de base.

Je vous avoue faire partie de la seconde équipe.

Pour moi, cette extension paysage est comme l’extension « champs de gloire » du jeu Pillards de la Mer du Nord, ça apporte de bonnes idées, mais ça alourdit inutilement le jeu.

Le temps de réflexion augmenté, la mise en place plus longue, le blocage des tuiles à cause des jetons paysage font que le jeu perd tout ce qui faisait son charme : un jeu accessible, rapide et jouable avec le plus grand nombre.

Là, on se retrouve avec un temps de réflexion pour les objectifs de milieu de partie et de fin de partie qui fait plus penser à Wingspan qu’à Cascadia.

Et, franchement, pour une durée de jeu similaire au final, je préfère jouer à Wingspan qu’à Cascadia avec son extension.

Autre point négatif pour moi : la taille de la boite !

Identique à celle du jeu de base, aussi grosse et volumineuse, alors que tout rendre dans la boite de base sans aucun souci, comme illustré ici :

Et le scoring !

Forcément, de nouveaux objectifs impliquent de nouveaux scorings, donc on prend aussi plus de temps pour compter les points en fin de partie…

Pour moi, le seul vrai intérêt de cette extension est de proposer de nouveaux objectifs faune pour varier les parties…

Est-ce que ça justifie l’investissement ?

Je ne pense pas…

Je vais m’auto modérer malgré tout.

Si le jeu était sorti directement avec les mécaniques de l’extension, je pense que ça aurait été un bon jeu qui m’aurait peut-être plu.

Mais malheureusement, la complexité apportée par l’extension fait qu’il sort pour moi de la catégorie dans laquelle il avait débutée.

Et pour le solo ?

Je voulais faire un article dédié au mode solo, mais mon avis est strictement identique à celui que j’ai déposé ici, puisqu’il ne varie pas du mode original, pour moi, en solo, le jeu perd son attrait et son intérêt, je n’ai même pas envie de détailler plus, je ne joue plus en solo avec l’extension, je préfère le jeu d’origine qui était excellent et qui n’avait pas besoin d’être alourdi.

Disponible ici :

Prix constaté : 30 €

Test : Cascadia

Test : Cascadia

Cascadia est un jeu de Randy Flynn illustré par Beth Sobel. Il est édité par Falout Games et localisé par Lucky Duck Francophone.  
C’est un jeu prévu pour 1 à 4 personnes pour des parties de 30 à 45 minutes, à partir de 10 ans. 

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Le matériel : 

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Composé de tuiles, de jetons en bois, d’autres en carton et de cartes ainsi que d’un sac en toile, le jeu est de bonne qualité générale. Les illustrations sur les jetons semblent fragiles, mais je n’ai eu aucun souci. Quelques jetons de bois étaient légèrement irréguliers dans ma version et le séparateur en carton tordu, mais rien qui ne gêne la lisibilité ou le gameplay. A noter que le jeu est vendu avec une feuille de score, c’est toujours appréciable. 

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A quoi ça ressemble ? 

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Comment on joue ? 

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Sans rentrer dans le détail des règles, qui sont très simples et claires, le jeu fournit beaucoup de possibilités, tant au niveau des modes de jeu disponibles que de la variété des parties.  En fonction du nombre de personnes participantes, il faudra retirer un certain nombre de tuiles aléatoirement. Ce qui fait que toutes les tuiles ne sortiront jamais à chaque partie, pour le renouvellement c’est parfait. 

Il y a aussi 5 tuiles de départ pour 4 personnes maximum, donc là aussi, même si on peut tomber régulièrement sur les mêmes tuiles de départ, la variété est quand-même possible, surtout quand on joue à moins de 4. 

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La mécanique est simple, on a devant nous 4 tuiles et 4 jetons animaux, on choisit une paire avec la tuile et le jeton qui est en dessous, on place la tuile de manière à ce qu’elle soit adjacente à une tuile déjà posée et qu’elle partage au moins un coin avec le même type de terrain et on place le jeton animal n’importe où sur notre paysage, du moment que cet habitat est adapté à l’espèce que l’on veut poser. 

Grâce à un système de jetons « nature » il sera possible de sélectionner une paire de tuile/jeton animal sans respecter la règle initiale. 

En fin de partie, on marquera des points en fonction des cartes d’espèce qui auront été piochées en début de partie et des terrains qu’on aura placés, la personne qui a formé des terrains plus grands que les autres aura un bonus de majorité. Le calcul final des points déterminera qui l’emporte et qui a réussi à mieux respecter les restrictions liées aux espèces. 

Voilà un petit résumé du gameplay. 

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Ce qui m’a plu dans ce gameplay, c’est clairement le renouvellement des tuiles pour que ça ne soit pas toujours les mêmes à chaque partie et la pioche des jetons qui peut être contrôlée via les jetons nature, via un système de surpopulation, pour pouvoir à la fois augmenter nos chances de piocher les bons jetons, mais aussi pour empêcher nos adversaires d’avoir peut-être un jeton qu’ils voulaient absolument. 

Cascadia ne brille pas par ses interactions directes, il n’y en a pas du tout, on construit son puzzle chacun dans son coin, mais les interactions indirectes vont être au cœur du jeu aussi. 

Prendre une tuile et un jeton en fonction uniquement de ce qu’il nous faudrait, ou alors regarder ce que font les autres pour aussi éviter qu’ils n’aient une trop grosse majorité de terrain ou leur supprimer des jetons animaux ? 

Voilà le dilemme de ce jeu et le sel des interactions indirectes. On peut jouer des deux manières, sans lever le nez de son puzzle ou en guettant ce que font les autres et en tentant de leur couper l’herbe sous le pied ! (ahah) 

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Une fois que tout le monde a 23 tuiles au total devant lui (la tuile de départ comptant pour 3 et 20 tours de jeu) la fin de partie est déclenchée. Pour le compte des scores, des cartes sont piochées en début de partie, et là, ce qui m’a beaucoup plu, c’est la possibilité de jouer de plusieurs manières : 

Soit on pioche aléatoirement, soit on s’attaque aux challenges proposés par le livret de règles et on pioche les cartes demandées et plus on va avancer dans les défis, plus ce sera corsé, avec des objectifs de points minimum à atteindre, des espèces spécifiques pour lesquelles marquer des points etc… 

Des variantes plus accessibles pour jouer avec les plus jeunes ou pour ceux qui veulent jouer sans gros calculs ou restrictions sont aussi possibles. 

Le jeu propose donc une rejouabilité et un challenge assez impressionnants ! 

Et ça c’est très appréciable, on va renouveler les parties sans avoir l’impression de tourner en rond ou de faire toujours la même chose ! 

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En solo, le jeu se joue dans le mode challenge, il faut atteindre les objectifs de pose de score et de cartes espèces, et il nous faudra aussi retirer une paire de tuile/jeton animal à la fin de notre tour pour simuler la présence d’une autre personne, mais pas de score à battre autre que celui imposé par le challenge. 

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Alors, finalement, ce Cascadia est-il un must have ? 

Pour moi oui ! Cependant, il n’est pas exempt de défauts ! 

Autant la rejouabilité, la beauté du jeu une fois la partie terminée, le côté puzzle game et la rapidité des parties avec la simplicité des règles en font un excellent jeu, autant quelques défauts doivent être soulignés. 

 
Déjà le temps de jeu en solo et à 4 est drastiquement inverse. 
En solo, je peux jouer en 15/20 minutes max quand j’ai mes idées et mes objectifs, mais je suis quelqu’un qui joue très vite de nature, rares sont mes phases d’analysis paralysis, mais dès qu’on joue à 4, et si on joue avec des personnes qui aiment tout optimiser, on va vite avoir l’impression d’un jeu qui traine en longueur, alors que ce que j’aime, moi, dans ce type de jeux, c’est de les jouer vite, on peut enchainer les scénarios et défis. 

Je n’ai pas minuté mes parties à 4, mais j’ai clairement eu l’impression que c’était bien trop long. Je préfère le jeu pour y jouer en solo et en duo, après ça sera trop long pour moi et je préfèrerais sortir autre chose comme jeu. Etrange, parce que j’aime réellement le jeu et j’apprécie de le faire connaitre, mais bon… Quand la sensation de lourdeur s’installe sur un jeu que je trouve très rapide ça me pèse (ahah bis). 

Si vous avez l’habitude de jouer entre optimisateurs ou entre speedrunners, vous y trouverez votre compte en termes de durée, mélanger les deux risque d’en frustrer certains. 

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Ensuite, parmi les défauts, l’un est totalement subjectif, n’est pas forcément un défaut, mais il est important de le savoir, le thème est totalement absent, je n’ai pas l’impression de bâtir un vrai écosystème et de placer des animaux dans un habitat adapté, j’ai juste des jetons à poser sur des tuiles et à faire correspondre les éléments pour faire des points. Donc on a clairement affaire à un jeu abstrait, mais ce n’est pas un vrai défaut, c’est juste qu’il faut le savoir si le ressenti de la thématique est important pour vous. 

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Ensuite la chose qui est frustrante au plus haut point en fonction des parties c’est clairement l’aléatoire. Alors, oui, il est maitrisable en partie avec les jetons nature. MAIS ! Si on arrive pas à avoir les jetons nature parce que les autres nous piquent toujours les tuiles dont nous aurions besoin, nous pouvons subir le jeu et l’aléatoire, car les tuiles sont piochées aléatoirement et les jetons animaux aussi. 

Donc en solo ce n’est pas très grave, on échoue à cause d’un tirage défavorable, bon, on relance la partie et c’est réglé. Quand on joue à 4, qu’on est dernier, et qu’on subit l’aléatoire pour ne jamais rien avoir et qu’on a passé pas mal de temps dessus, c’est bien plus frustrant et on n’a pas envie de refaire une partie aussitôt par crainte de revoir la même chose se produire. 

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Et dernier point négatif, certaines cartes espèce animale pour le scoring finale manquent de clarté malgré les explications fournies dans le livret de règles.  J’ai dû aller sur BGG pour connaitre les subtilités. 

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Alors, en lisant la liste des points noirs, comment est-ce que je peux dire que le jeu est un must have ? 

Parce que, pour peu qu’on aime la pose de tuiles, les puzzles et les jeux qui peuvent se jouer vite si tout le monde connait et est rapide, plus le fait que je joue au jeu majoritairement en solo ou duo, c’est un jeu idéal dans ces configurations.  
En solo une partie de 15/20 minutes ça détend, ça repose, mais ça fait réfléchir, si on est frustré par le tirage, on recommence et on tente de faire mieux, il s’explique facilement et peut être sorti avec tout type de personnes, donc ça aussi c’est un gros point en sa faveur. 

Sa rejouabilité et ses variantes sont aussi un gros point fort et on peut aussi noter tous les scores des challenges pour qu’à la fin de ceux-ci on puisse savoir qui a réalisé la meilleure performance sur l’intégralité des challenges ! 

Donc c’est un très grand oui pour moi, mais je le recommande surtout pour le solo/duo, au-delà il devient trop long pour moi et ma manière de jouer. 

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L’avis de Mariana :

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Quand j’ai vu sur Kickstarter, en octobre 2020 que l’équipe derrière l’excellent Calico avait créé un nouveau jeu, j’ai tout de suite été attirée et j’ai donc immédiatement voulu en savoir plus. En lisant la description du jeu, j’ai pu entrapercevoir la simplicité des règles de Calico, mais aussi toute sa complexité. Le thème sur la nature n’était pas pour me déplaire et je n’ai donc pas hésité très longtemps avant de rejoindre l’aventure.  

Cascadia est un excellent jeu de placement de tuile. La simplicité des règles et la rapidité des parties sont sans nul doute ses grands points forts. Les règles – en tout cas celles en anglais – sont très bien écrites, claires et avec de nombreux exemples. Ces atouts en font un jeu familial par excellence, plaisant aux enfants et qui ravira également les joueurs initiés. Le matériel participe à la très bonne expérience. Le thème n’est pas très présent mais cela n’est pas gênant pour moi dans ce type de jeu. Le seul point négatif que je pourrais faire est peut-être le manque de cartes objectifs – sachant que j’ai 5 cartes objectifs supplémentaires correspondant aux cartes promo réservées aux personnes ayant acheté le jeu via la plateforme de financement participatif. C’est dommage car le jeu se prête vraiment à enchainer plusieurs parties et moi qui aime le changement, je trouve ça frustrant de retomber sur les mêmes objectifs. Certes, les parties restent différentes du fait du tirage des tuiles, des combinaisons des cartes objectifs, des choix de chacun mais c’est à mes yeux un tout petit grain de sable que je voulais mentionner.  Cela n’est évidemment qu’un détail, car vous retrouverez le même plaisir lorsque vous le ressortirez quelques jours plus tard. Pour terminer, je tiens en mettre en avant l’excellent mode solo et les défis proposés par les auteurs – que vous retrouverez bien évidemment dans la partie challenge solo du blog (à venir). 

C’est sans surprise que je vous le conseille ! Bon, les joueurs n’appréciant que les jeux experts, clairement, ce jeu n’est pas fait pour vous sauf si vous êtes curieux de découvrir d’autres choses plus légères mais tout aussi agréables. 😊