Mercado de Lisboa est un jeu de Julian Pombo & Vital Lacerda (Vinhos, On Mars, Lisboa, The Gallerist …). Il est illustré par Pedro Soto et édité par Eagle Gryphon Games. Sa localisation en version française est assurée par Runes Editions.
C’est un jeu prévu pour 1 à 4 personnes pour des parties de 30-45 minutes environ.
Aaaah le marché de Lisbonne, ses bouchers, ses poissonniers, ses bars à vinhõ verde, ses marchands de fleurs et ses salons de thés, ses fastfoods, ses sushis-bar… euh, attendez… quoi ?
Eh oui, ici c’est un marché moderne que nous propose Vital Lacerda…
Si la vue de ce nom vous fait peur car cet auteur est connu pour ses gros jeux experts, n’oubliez pas qu’il n’est que co-auteur et ça se sent !
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Le matériel :
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Comme toujours, quand c’est estampillé Eagle Gryphon Games (EGG pour les intimes), c’est de la qualité.
Je ne reviendrai pas sur le tout en détail, sachez que c’est épais, solide et résistant et qu’il y a un thermoformage ainsi qu’un magnifique sac en tissu, ça respire la qualité, comme toujours avec cet éditeur !
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A quoi ça ressemble ?
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Comment on joue ?
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Comme je l’ai dit en intro, le nom de Vital Lacerda est fortement lié à des gros jeux experts qui font brûler les neurones et cela peut en rebuter plus d’un !
Mais ici nous sommes dans un exercice qui lui semble totalement étranger : le filler.
Qu’est-ce qu’un filler ?
C’est un jeu que l’on a tendance à sortir entre deux gros jeux pour faire reposer le cerveau.
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Alors, pari réussi ?
Voyons cela ensemble.
Les règles de Mercado de Lisboa sont très simples et s’expliquent très vite.
En gros, à chaque tour il n’y a que 4 actions possibles :
Ouvrir un stand
Attirer des clients
Ouvrir un restaurant
Prendre 1 pognon
Simple non ?
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Oui, totalement, mais si c’était si simple, on se demanderait bien pourquoi M. Lacerda aurait apposé son nom là-dessus !
Sous son apparente simplicité, Mercado de Lisboa reprend une partie des mécaniques issues du système de construction de la ville dans le jeu phare de Vital (oui je suis comme ça moi, je l’appelle Vital, même que je le tutoie… si si… mais comme on ne s’est jamais parlé, je pense que ça ne doit pas le déranger outre mesure…), donc vous imaginez bien que ce ne peut pas être si simple.
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Alors, où sont les difficultés ?
Elles sont dans les choix, car si on découpe chaque action possible, elles ont toutes un impact direct ou indirect sur notre jeu et sur les autres !
Chaque tour de jeu est établi de cette manière :
Chaque personne fera une et une seule action, puis on passera à la personne suivante, jusqu’à ce qu’une des conditions de fin de partie soit atteinte.
La personne avec le plus d’argent en fin de partie l’emporte !
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Examinons les actions dans l’ordre :
Ouvrir un stand.
Nous avons en permanence 3 stands devant nous, une liste de clients potentiels visibles de tous et un total de 8 stands en bois à notre couleur, donc nous pourrons poser un total maximum de… 8 stands (Bravo, vous avez suivi ! Vous gagnez le droit de continuer de lire !)
Pour poser un stand, il suffit de le prendre, de le mettre où nous souhaitons sur le plateau et de payer son coût.
Coût qui se calcule selon le nombre total de stands présents dans la rangée ou la colonne où nous nous allons poser notre stand, en prenant le chiffre le plus haut !
Pour résumer, si je me pose sur un emplacement dans une ligne ou dans une colonne où il y a 2 stands APRES m’être posé, je compte la valeur maximale soit, 2 stands.
A 1 pognon par stand, je vais donc payer… 2 pognons !!!! (Magnifique !!!! Poursuivez la lecture !)
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Attirer des clients
Parce que oui, c’est bien beau d’avoir un beau stand, mais si je n’ai pas le client qui va avec, ça va me coûter de la thune pour rien, donc il faut attirer le client.
Il y a une liste de clients/clientes potentiels qui sont disposés sur le côté du plateau.
On y voit entre 1 et 4 clients/clientes avec des marchandises spécifiques.
Chaque « lot » de clients/clientes représente le nombre minimal de stands qu’il doit y avoir dans la rangée ou la colonne pour qu’ils/elles daignent se déplacer.
Il ne suffira pas de s’époumoner en disant « ELLE EST FRAICHE MA MORUE, ELLE EST FRAICHE !!! » pour que tout le monde se radine !
Encore faut-il que le ou lesdits clients/clientes aient envie de l’acheter cette morue !
Donc il faudra faire correspondre les icônes des clients/clientes aux stands présents sur le plateau pour espérer les voir venir !
On place donc la tuile du client/de la cliente sur l’emplacement de notre choix puis nous sommes payés.
Nous gagnons 1 pognon par client/cliente sur la tuile et par stand correspondant dans notre rangée ou colonne.
Mais ce n’est pas tout !
Parce que nos adversaires qui sont présents vont eux aussi gagner du pognon s’ils ont des stands qui correspondent sur la même rangée ou colonne que nous !!!
Parce que les clients/clientes ne sont pas très futé/es sur ce marché, ils sont déjà venus, ils ont déjà payé, mais une fois qu’un nouveau stand ouvre, ils repayent là où ils sont déjà passés… ils ont probablement oublié !
Mais ce n’est pas tout, on peut aussi gagner du bonus !!!
Comment ?
Eh bien, grâce à une autre action que je vais décrire juste après, mais que nous devrons faire avant…
Enfin bref, je me comprends, si vous non, lisez la suite (encore ?!).
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Ouvrir un restaurant
Lors de la mise en place, 10 restaurants sont placés sur le plateau de manière aléatoire.
Si nous en avons un (pour le récupérer il suffit de construire un stand ou un autre restaurant sur son emplacement et on le placera dans notre réserve), il suffit de le placer sur le plateau et de prendre 1 pognon à la banque !
Eh oui, ici on ne paie pas, on est payé pour construire des restos ! Rentable non ?
Attention cependant, tout resto dans notre réserve en fin de partie, qui n’aura donc pas été construit, nous fera perdre 1 pognon !
Parmi les restos disponibles, il y a une thématique qui se fait, si un stand qui vend du raisin est construit à côté d’un bar à vins, il y a un bonus, le proprio du stand est assuré de vendre sa production de raisin, idem pour un marchand de morue qui peut le vendre à un sushi bar (euh, disons que c’est du saumon plutôt que de la morue, ce sera plus vendeur) etc etc…
Donc, en fait, le bonus lorsqu’on attire les clients est que, si nous avons un (ou plusieurs) resto(s) qui jouxte(nt) notre stand, nous gagnerons 1 pognon par resto.
Sachant que, pour mettre tout le monde d’accord, le bar à bières est celui qui est un bonus, car c’est bien connu qu’on apprécie toujours une bonne bière quand on va acheter des roses et des tomates !
Et enfin :
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Prendre un pognon
C’est simple, on prend un pognon de la banque et merci de rien, au revoir m’sieur dame !
Notez que si tout le monde décide de faire cette action consécutivement, crac ! Rideau ! Fin de la partie, ils ne plaisantent pas avec le pognon Julian et Vital !
Bon, c’est encore un peu plus compliqué que ça (Quoi ? Mais c’est de l’arnaque, c’est bien un jeu expert !!!).
Non, restons calmes, ça semble compliqué, mais ça roule tout seul en jeu et c’est vraiment simple et plus rapide à expliquer de vive voix qu’à lire !
Quand on place un nouveau stand et que des clients sont sur le plateau, ils sont attirés par la nouveauté.
C’est-à-dire qu’ils vont venir acheter les produits à la vente pour peu qu’ils les intéressent, donc à la pose d’un stand, on peut gagner du pognon directement !
Et, comble du bonheur, on peut même payer le coût de placement APRES avoir été payé par les clients (Des clients plus rapide que les impôts ? Ils ont la belle vie au Portugal !!!!).
On va enchainer les tours jusqu’à ce que l’une des deux conditions de fin de partie soit déclenchée :
Dès lors qu’il ne reste plus que 4 emplacements disponibles sur le marché pour placer des stands et des restaurants, ou qu’il ne reste plus que 4 emplacements pour attirer les clients/clientes, un dernier tour est déclenché (sauf pour celui ou celle qui a déclenché la fin de partie), et ensuite on procède au décompte final en retirant 1 pognon par resto placé devant nous et qui n’est donc pas sur le plateau.
La personne avec le plus de pognon remporte la victoire !
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Le mode solo
Je parle quelque peu du mode solo, car j’aime énormément jouer en solo (Bon, c’est pas une nouvelle fraîche ça, mais j’aime le préciser.).
Il se déroule plus ou moins comme le mode multi-joueurs dans la manière de jouer, mais il est coupé en 9 « scénarios » où les mises en place et objectifs de partie seront différents.
Dans un scénario, il faudra scorer uniquement avec un seul type de stands, d’autres en jouant avec ou sans certains emplacements pour les clients, d’autres encore en limitant le nombre de stands que vous pourrez construire etc etc…
Chaque fois qu’on arrive à gagner 32 pognons d’un coup, une récompense supplémentaire de 2 points de prestige est accordée !
Les points de prestige sont décernés en fin de partie en fonction de la quantité de pognon que nous aurons accumulée en fin de partie.
Une feuille de score pour suivre chaque scénario est prévue en fin du livret de règles pour savoir où nous en sommes et pour connaitre notre niveau de prestige final une fois les 9 « scénarios » accomplis !
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VERDICT
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Etant plusieurs au Labo à posséder le jeu, je vous propose d’avoir aussi les avis des autres membres du Labo, en quelques lignes, puis le mien viendra après.
Pour LudodelaLudo : Un jeu rapide et accessible avec assez de matière pour faire un peu chauffer la cafetière, mais qui manque un peu de profondeur et d’options pour rendre les parties différentes.
Pour Romain : Une mécanique froide et sans saveur, un échec pour un Lacerda : une énorme déception.
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Pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce jeu !
Je lui trouve un petit côté échecs avec la manière de se placer, de se placer comparativement aux autres, un peu comme dans un Bosk et pour savoir où se placer et quand attirer des clients pour que ça ne profite pas trop aux autres et pour tirer le plus de bénéfices de nos stands et restos !
Le thème est certes totalement absent, je n’ai pas vraiment l’impression de gérer des marchandises et des stands, mais le plaisir de jeu fût instantané chez moi !
C’est rapide, ça se joue bien, c’est joli, ça demande quand-même de réfléchir, et ça demande une bonne dose d’opportunisme, donc j’aime beaucoup !
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Le mode solo m’a posé un peu plus de problèmes.
Car il faut dire que le jeu est totalement dépendant du hasard, hasard dans la pioche des stands (même si le fait d’en avoir 3 identiques sur le plateau ou dans notre zone perso nous permet de les défausser pour en piocher 3 nouveaux) et dans la pioche des clients…
Donc, en multi-joueurs on s’adapte et c’est parfait, mais en solo, avec certaines restrictions assez compliquées, si on ne pioche ni les bons stands, ni les bons clients, la défaite sera cuisante !
C’est très frustrant je l’avoue.
Après, je lui pardonne volontiers car on est sur un jeu qui va se jouer en 15/20 minutes environ en solo, donc on peut très vite recommencer une partie ou passer à un autre scénario.
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Pour moi, Mercado de Lisboa est un bon jeu qui permet de souffler un peu en effet entre deux gros jeux, ou de le faire passer à des joueurs plus occasionnels entre 2 autres jeux rapides, et leur donner envie de connaitre des jeux plus profonds et plus longs, car ils devront quand-même réfléchir pour marquer des points, sans pour autant avoir à manger 40 minutes d’explications de règles.
Si par contre vous êtes un adepte pur et dur des jeux de Vital pour leur profondeur et leur complexité, vous n’y trouverez pas votre compte (comme Romain par exemple).
C’est un jeu à prendre tel qu’il est, un bon jeu rapide, qui demande de la réflexion quand même et avec un matos d’excellente qualité.
Le nom de l’auteur est-il réellement si important tant qu’on passe un bon moment ?
Aujourd’hui je m’attaque à un gros morceau. Certains diront même à des jeux intouchables, ah non personne ne dit ça ? Alors allons-y !
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Vital Lacerda. Et voilà, c’est lâché, je vais tenter de faire le tour des jeux de l’auteur portugais. Des jeux qui, à mes yeux, sont uniques par une caractéristique assez reconnaissable : les mécaniques sont intégrées dans le thème du jeu.
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Ils ne sont pas nombreux les auteurs à développer des jeux dans ce sens de réflexion. Partir du thème pour y intégrer les mécaniques, c’est être sûr que l’éditeur vous suivra, que votre thème est assez fort pour justifier cela.
Avec Lacerda, c’est le sentiment que j’ai à chaque fois que je joue à l’un de ses jeux. Le thème est tellement présent qu’il justifie telle ou telle action et donc la partie en devient plus fluide. Un ami auteur me dis souvent que lors de ses tests de prototypes, il prête une attention particulière au fait que les joueurs, lors de leurs échanges, utilisent des mots pour parler du matériel comme cartes, cubes, pions, tuiles ou des mots en rapport avec ce que ce matériel représente. Quand je joue à un Lacerda, je parle de mon galion dans Lisboa, de ma vigne de la région du Duro dans Vinhos ou encore de ma serre dans On Mars. C’est un gage de qualité et d’immersion qui met en lumière le talent de l’auteur, les joueurs sont tout simplement dans le jeu, dans l’histoire qu’il raconte. Je connais les régions du Portugal depuis que je joue à Vinhos, il faut le faire quand même !
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Je suis donc plutôt partial quand il s’agit des jeux de Lacerda. Je suis un grand fan de ses créations, il ne m’est pas facile de les classer entre celui que je préfère et celui que je joue le moins. Pour les tests qui vont suivre, je vous parlerai de Vinhos, The Gallerist, Lisboa, Escape plan et On mars.
Je laisse Kanban de côté puisque sa sortie dans sa version EV en fin d’année me donnera l’occasion d’en reparler. Pour CO2, c’est le seul que je n’ai pas joué, le coopératif me refroidit énormément, je fais partie de ces joueurs alphas invivables sur une partie en coop, je dois donc soit trouver des joueurs très motivés, soit arrêter de vouloir imposer mon avis à chaque action…. Et c’est pas si simple.
Pour ces avis sur les jeux, je ne ferai pas le tour de toutes les règles.
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Avant de commencer avec Vinhos, mon premier Lacerda, parlons un peu de l’éditeur avec qui il travaille depuis quelques temps désormais, Eagle Gryphon Games. Ce qui marque en premier, avant même de s’intéresser aux jeux, ce sont ces boites rectangulaires et massives. Une fois ouvertes, on se dit que l’on est en présence d’un jeu ou chaque détail est travaillé, tout y est amélioré, plus épais, plateaux double épaisseur, cartes toilées et inserts travaillés. Tout est fait pour créer cet effet Wahoo, le plaisir d’avoir une table de jeu magnifique et, ne le cachons pas, pour justifier le prix de chacun de ces jeux qui dépasse de plus en plus facilement les 100 euros.
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J’ajouterai le travail de Ian O’toole (Age of Steam, Nemo’s War, Lisboa, The Gallerist, Rococo, …), l’illustrateur en vogue ces derniers temps qui sait rendre un jeu lisible et la couverture de la boite magnifique. Pour le côté beauté du plateau de jeu d’un Vinhos, chacun se fera son avis.
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Alors commençons par Vinhos, dans son édition 2016, une édition allégée par rapport à sa grande sœur de 2010 et donc bien plus accessible. Oui oui accessible. Après tout, Vinhos ce ne sont que 6 manches avec deux actions par joueur par manche, au final, en 3 heures c’est réglé.
Car oui j’avais oublié de le préciser, les jeux de monsieur Vital sont plutôt orientés expert, voir expert-expert. Du bon chauffe neurones comme on les aime, du gros jeu qui fait la soirée !
Dans Vinhos il y aura donc 6 manches divisées en 3 périodes : une de 3 manches, une de 2 manches et finalement une dernière d’une seule manche qui, bizarrement, dure bien plus longtemps que les deux autres ! à croire que l’on réfléchit plus quand on n’a plus que 2 actions.
Les joueurs victimes d’analysis paralysis, ce syndrome qui vous pousse à surcalculer tout ce qui pourrait se passer, vous faisant passer pour un Kasparov ludique en cas de victoire ou juste celui qui prend trop de temps pour pas grand-chose si vous vous plantez, ces joueurs-là font partie des nombreuses victimes des jeux de Lacerda. Il est tellement facile, voir même tentant d’essayer de tout anticiper. Mais essayer seulement car ces jeux offrent tellement de possibilités qu’il sera bien compliqué de ne pas passer 20 minutes à chaque tour pour tout prévoir.
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Donc Vinhos ! Cultiver du vin portugais vous a toujours tenté ? L’appel de la vigne et des cépages ? C’est l’occasion de mettre à l’épreuve vos talents d’œnologue. Le titre vous propose, sur vos domaines, de cultiver des vignobles de différentes régions du Portugal proposant vins rouges et blancs. Ici pas de rosé en mélangeant les deux mais des œnologues et des experts qui, dans vos caves vont améliorer vos vins en vue de leur revente, leur exportation ou le but ultime : gagner la foire aux vins annuelle !
Eh oui ! On peut résumer ce jeux en 3 phrases mais cela ne vous empêchera pas de jouer pendant des heures.
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Alors pourquoi craquer ? Qu’est ce qui fait de Vinhos un jeu qui vaut son prix ? Est-ce un jeu exceptionnel ?
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Vinhos est un excellent jeu, si je voulais pousser, je dirais même que vous disposez de 2 jeux en 1 avec les versions 2010 et 2016 dans la même boite. Le tarif est élevé et si vous voulez toutes les options et mini extensions, oui ils ont mis des add-ons à part, le ticket avoisine les 140 euros. On passe donc dans une catégorie de prix au-delà des simples mécaniques et du matériel, toute qualité premium qu’il soit. On passe au stade de l’objet de collection. Vous payez une part de magie, certains diraient de vent, comme pour tout objet de collection. Vous seul pouvez juger si la possession de ce jeu vaut le tarif déboursé.
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Pour ma part, je ne regrette pas une seule seconde mon achat, Vinhos est un jeu profond et très agréable, un bel objet que j’ai plaisir à mettre sur la table et à faire découvrir.
Quand je dis que le jeu est fluide et lisible, je suis dans le cadre des jeux experts, on parle d’un jeu qui détient la note de 4.05/5 en « poids » sur Boardgamegeek, 4.21 dans sa version 2010. Le poids sur BGG est issu d’un vote par les joueurs, chacun vote pour le niveau d’expertise demandé par le jeu avec à 1 du familial et à 5 un jeu expert opaque et très complexe. Avec 4 on est dans la classe des jeux pour experts affirmés.
Un gros jeu donc, physiquement et dans ses mécaniques, et pourtant, une fois lancé, vous ne reviendrez quasiment pas dans le livret de règles, tout est dans le thème et logique. On remarquera même l’intégration du pion de compte tour qui vous ajoute un coût quand vous choisissez l’action où il se trouve, le genre de détail qui me fait dire que cet auteur est vraiment à part.
Comment fonctionne le cœur de mécanique du jeu ? De la pose d’ouvriers avec pour but d’optimiser au maximum les actions choisies. Au centre du plateau un carré de 3 cases par 3 vous proposant les 9 actions du jeu. Obtenir de nouveaux cépages, vinifier vos vins dans vos chais en installant de nouvelles caves, en recrutant des œnologues, des ouvriers agricoles et des experts pour vous assister. Tout cela coûte de l’argent bien entendu et, comme d’habitude, la gestion de vos ressources financières sera centrale. Et pour récupérer des fonds, il vous suffit de vendre vos productions aux commerces locaux, si vous le voulez, vous pouvez exporter également vos fûts.
Les cépages disponibles sont différents avec chaque région du Portugal, chacune ayant son petit avantage. Une belle occasion d’apprendre que le Duro est la région qui produit le porto, ce vin cuit qui peut être rouge ou blanc !
Les vins dans vos caves vont prendre de la valeur avec le temps qui passe mais attention si vous les y laissez trop longtemps il se gâtent et sont perdus. De plus, la qualité d’un vin n’est pas la même que sa valeur financière ! Certains vins seront naturellement plus chers, d’autres auront besoin de promotion pour se vendre mieux.
La météo sera bien entendu de la partie, favorisant la vinification de vos vins ou la rendant moins bonne, chaque année est différente !
Le but de tout cela est d’être reconnu meilleur vigneron par vos pairs et, pour ce faire, quoi de mieux que de remporter l’une des foires aux vins annuelles ?
Cet événement intervient à la fin de chacune des 3 manches. Les joueurs peuvent présenter leurs productions plus tôt dans la saison mais en général vous attendrez le dernier moment pour laisser vos vins travailler le plus possible en cave.
Remporter une foire vous assure de la renommée mais attention chaque foire sera un nouveau combat, avec ses spécialistes à satisfaire, ses bonus à récupérer. Même si votre stratégie n’est pas axée sur les foires elles restent un élément central du jeu vous permettant de récupérer de nouveaux tonneaux qui sont au centre du jeu.
Pour les voies stratégiques, vous pouvez vous axer sur l’exportation à l’international ou encore récupérer des objectifs après les foires. N’oubliez pas, comme dans tout bon jeu expert, de surveiller vos adversaires, là encore il vous faudra plus d’une partie pour anticiper et contrer leurs choix. Pas d’interaction directe, nous sommes vignerons, on ne va pas aller détruire la cave d’un concurrent quand même !
Et pour faire tout cela, 2 actions chacun par manche. La première année dure 3 manches, la 2ème année dure 2 manches et la dernière année ne dure qu’une seule manche ! C’est plutôt rapide même si pour chaque action choisie le joueur peut l’effectuer 2 fois.
Peu d’actions au final mais pour autant peu de frustration ! Même si, je dois l’avouer, le jeu a un point faible : la météo.
Je m’explique, dans le cas d’une partie où la météo désastreuse s’enchaine, les productions sont très faibles et toutes les actions deviennent extrêmement tendues, la partie parait très frustrante. C’est pourquoi je vous conseille quelque chose qui normalement ne se fait pas : retirer les deux tuiles météo -2 lors de votre première partie, pour ressentir la montée en puissance du jeu et en apprécier les mécaniques.
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Voilà un rapide tour du propriétaire de Vinhos, un jeu de Vital Lacerda qui s’est imposé comme l’un des meilleurs auteurs de jeux experts ces dernières années. Pour compléter, j’ajouterai que le jeu tourne très bien dès 2 joueurs, il prend une autre dimension à 3 et à 4 mais on ne s’ennuie pas en duo non plus !
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Je vous retrouve bientôt pour jeter un œil à Lisboa ! En attendant, bon jeu à tous, moi ça m’a donné envie de le ressortir.
Bien que certains jeux soient tenus « secrets » encore aujourd’hui, et que nous ne disposions pas de toutes les informations, il y a déjà une dizaine de jeux que nous avons identifié comme très prometteurs, et que nous attendons avec une grande impatience durant cette année 2019!
Si elle est aussi riche que 2018, ça s’annonce + qu’intéressant et ça démarre d’ailleurs très tôt avec le 1er de notre liste:
Cette extension ajoute un nouveau plateau de jeu XXL et un nouveau lieu, la base sous-marine, ainsi qu’un mode solo.
Outlive, le jeu de base, avait conquis tout le monde chez nous, et on espère que cette nouvelle extension qui semble apporter encore + d’interactions entre les joueurs saura apporter son lot de nouveautés intéressantes.
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2. Wingspan
prévu pour mars 2019
auteur: Elisabeth Hargrave
illustrateurs: Ana Maria Martinez Jaramillo, Natalia Rojas, Beth Sobel
Jamey Stegmaier, l’un des éditeurs les + dynamiques outre-Atlantique, et qui a notamment édité Scythe, Viticulture, Euphoria, My Little Scythe, arrive avec de gros projets en 2019. Wingspan a pour thème l’ornithologie. Alors oui, clairement ça ne me fait pas vibrer non plus… Mais on peut s’attendre à un jeu avec des mécaniques bien pensées, un équilibrage aux petits oignons, et un résultat étonnant! Du moins on l’espère, mais on fait confiance à cet éditeur!
C’est Matagot qui se chargera de la localisation et la distribution dans nos contrées.
Une bien belle équipe réunie sur ce projet avec Vincent Dutrait (Solenia, Robinson Crusoé, Rising 5, When I Dream, Elysium … ) et Cédric Lefebvre, Môssieur Ludonaute. Thème SF qui m’attire à la base, Space Gate Odyssey s’annonce prometteur avec un matériel aux petits oignons (Ludonaute sait proposer du matériel hallucinant, comme avec Last Heroes).
On incarne une confédération qui doit gérer un portail d’acheminement de colons vers des exoplanètes.
Un jeu qu’on a aperçu à Essen et qui nous a fait baver d’envie devant son matériel à tomber par terre. Dans ce jeu, on incarne les meeples qui veulent s’échapper de leur sinistre condition et rejoindre leur planète pour vivre libres. En construisant votre fusée vous devrez y acheminer vos précieux meeples et les libérer!
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5. Between Two castles of Mad King Ludwig
auteurs: Matthew O’Malley, Ben Rosset
illustrateurs: Laura Bevon, Agnieszka Dabrowiecka, Bartłomiej Kordowski, Noah Adelman
Un bon jeu de draft de cartes et placement de tuiles. Vous travaillerez de concert avec votre voisin de droite pour construire un château, et avec votre voisin de gauche pour en construire un autre. Pour l’emporter il ne faudra pas négliger l’un ou l’autre des châteaux!
Comme pour Wingspan, c’est Matagot qui se chargera de la localisation et la distribution dans nos contrées.
L’un des auteurs les + hypés de ces dernières années arrive avec plusieurs projets dont ce On Mars. Cette planète, décidément, inspire beaucoup les auteurs, et après le raz de marée Terraforming Mars, on attend beaucoup de l’association Lacerda avec un thème SF.
La Boîte de Jeu débarque avec ce projet qui a connu une campagne Kickstarter très fructueuse l’an passé. Dans ce jeu de placement d’ouvriers, nous incarnons une tribu qui doit trouver son nouveau chef. Vous allez être mis à l’épreuve pour prouver vos aptitudes à vous occuper de la tribu et subvenir à ses besoins.
Un autre jeu que nous avions backé lors de sa campagne Kickstarter l’an dernier. Grosse direction artistique et thématique très poétique. Le lien de l’aperçu.
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Voilà voilà 2019 s’annonce très forte en sorties ludiques et on a hâte de tester les projets cités plus hauts. Plein d’autres jeux sortiront aussi cette année et réserveront leur lot de surprises! On me murmure à l’oreille qu’Antoine Bauza aurait encore des choses sous le pied pour 7 Wonders, ainsi que pour Tokaïdo!!!! Et ça c’est une sacré bonne nouvelle!
Ce nom donne des palpitations à bon nombre de ludistes.
C’est toujours un événement quand il décide de sortir un jeu. Auteur très respecté (adûlé?) dans le monde des jeux, Vital Lacerda fait partie de ces auteurs à part. On lui doit entre autres Lisboa, Vinhos, The Gallerist, Co2. Cela fait seulement quelques années qu’il créé des jeux mais il a déjà acquis une certaine renommée.
C’est un spécialiste des eurogames bien équilibrés, offrant une vraie stratégie avec des mécanismes poussés, et sur des thématiques souvent à des années lumières des modes actuelles.
Il nous revient donc avec un nouveau projet: Escape Plan.
D’ores et déjà un gros succès annoncé sur Kickstarter, le jeu vous met dans la peau d’un braqueur qui se la coule douce en attendant que les remous provoqués par son dernier casse ne retombent un peu. L’argent du braquage a été caché et investit dans de multiples investissements juteux aux 4 coins de la ville.
Mais la police continue son enquête et l’étau se resserre. Vous décidez alors, avec vos associés, de vous séparer et de quitter la ville.
Mais le SWAT est déjà en route pour vous appréhender et la police s’apprête à boucler la ville!
Voici donc le pitch. Un thème braqueur/police qu’on a déjà pu voir mais cette fois-ci le braquage a déjà été réalisé. Il s’agit de s’échapper de la ville en récupérant le maximum d’argent avant de fuir!
Ian O’Toole qui a déjà collaboré avec Vital LAcerda sur ces précédents jeux, et en charge du design et des illustrations pour Escape Plan.
Jetons un œil au matériel et aux illustrations:
Voyons maintenant comment ça se danse:
Le jeu est divisé en 3 tours qui correspondent à 3 jours. Au fur et à mesure, la police quadrille la ville et ferme les issues.
Vous allez devoir voyager dans la ville et récupérer l’argent du casse, engager des gangs pour faire diversion, vous déguiser, etc…
Chaque joueur aura une jauge de notoriété à gérer, qui, en augmentant, va débloquer de nouvelles capacités pour votre braqueur, mais aussi attirer l’attention de la police!
Lors du 3ème jour il faut s’enfuir par l’unique sortie encore disponible, en emportant suffisamment de cash pour payer son évasion. Le vainqueur est celui qui aura réussi à emporter le plus d’argent!
La ville est représenté par un plateau central sur lequel on va poser au fur et à mesure des tuiles constituant cette ville et ses quartiers. La ville va donc se développer sous nos yeux et on devra alors adapter nos déplacements.
Il y a 6 phases par tour de jeu:
phase de revenus. Chaque joueur reçoit l’argent en provenance de ses investissements dans la ville. On peut aussi payer pour débloquer des tuiles talents.
la phase patrouille. La police commence à fermer les issues de la ville et à resserrer son étau. On pioche 2 cartes dans la pile des cartes police et on les positionne sur les sorties de la ville correspondantes. Si c’est la 2ème carte police que l’on pose sur une sortie, celle-ci est bloquée par la police et il faudra s’échapper par une autre!
la phase ville. On révèle les tuiles de la cité au fur et à mesure. Chaque joueur va poser 1 tuile cité sur le plateau, en faisant attention à faire concorder les différents types de terrains (industriel, commercial, résidentiel, eau). La tuile posée doit être adjacente à 2 tuiles déjà en place.
la phase ordres. On change l’ordre de jeu. En fonction de la jauge de notoriété de chaque joueur, on change l’ordre des joueurs. Le joueur avec la notoriété la plus élevée devient 1er joueur, et ainsi de suite.
la phase d’actions. Cycle matin/après-midi/soir/nuit/aube. Les joueurs vont pouvoir effectuer leurs actions à chaque moment de la journée, et ajuster leur jauge de notoriété à chaque étape.
la phase changement de jour. On prépare le jour suivant.
Les différentes actions des joueurs:
se reposer. Chaque joueur peut se reposer une fois par jour et rendre de nouveau disponibles les contacts et les équipements déjà utilisés.
se déplacer. En utilisant vos points de mouvement vous allez pouvoir visiter d’autres endroits de la ville. Vous pourrez aussi utiliser le métro ou un hélicoptère. Gardez à l’esprit qu’à chaque mouvement que vous faîtes vous augmentez la possibilité de vous faire reconnaître par la police. Vous allez donc devoir gérer votre notoriété au fur et à mesure de vos actions. Suivant le bâtiment que vous visitez vous allez pouvoir visiter les endroits dans lesquels vous avez investi votre argent, et ainsi récupérer vos revenus. Vous allez pouvoir récupérer une partie du butin caché dans des coffres engager des gangs, acheter de l’équipement, aller vous faire soigner, aller à l’Eglise, et vous rendre sur les sorties de la ville.
Vous aurez à votre disposition de l’équipement, des gangs que vous aurez engagé, des cartes de contacts que vous pourrez utiliser à votre tour pour vous aider à récupérer votre butin et éviter les flics.
Il faudra toujours garder à l’esprit que votre jauge de notoriété évoluera au fur et à mesure de vos actions, et que vous devrez la gérer tout au long de la partie. Certaines actions la feront diminuer, d’autres la feront augmenter. De la bonne gestion de cette jauge dépendra votre capacité à récupérer votre butin et effectuer vos actions, et donc de vous échapper de la ville avec le plus d’argent possible!
VERDICT
Exploitant un thème bandit/voleur très intéressant, avec une patte graphique originale, ce nouveau Lacerda nous fait de l’œil et nous invite à endosser le costume de braqueur en fuite. Aux vues des règles que j’ai parcouru, je ne peux qu’être sûr du potentiel du titre, sachant que l’auteur maîtrise sur le bout des doigts les mécaniques poussées, la stratégie et l’équilibrage.
Personnellement j’aime beaucoup le fait que la carte se dévoile au fur et à mesure en positionnant des tuiles. Cela assure une rejouabilité au titre puisque aucune villes ne se ressemblera.
A première vue, il y aura beaucoup d’éléments à gérer avec les différentes parties de la ville à visiter pour récolter ses revenus et récupérer son magot, ses contacts à activer afin de faciliter ses déplacements et ses rapports avec la police, sa notoriété qui évoluera constamment et sera impactée par chacune de nos actions.
Sans oublier que la présence des autres joueurs au même endroit fera sensiblement augmenter votre notoriété! Et oui une réunion de braqueurs au même endroit passe difficilement inaperçu 😉
Bref du très très bon encore pour ce titre de Vital Lacerda en ce moment en financement participatif.La bonne nouvelle pour ceux qui hésitent à soutenir directement le projet sur la plate-forme de financement participatif, c’est que Philibert vous propose de précommander le jeu directement sur leur site. Pas de frais de livraison donc, ce qui pourra faire baisser la note.
Comptez tout de même 79,95€ pour ce beau jeu prometteur, avec plein plein de matos à l’intérieur! Alors ne tardez pas!!!
Pour être totalement complet, vous aurez la possibilité de commander les autres jeux de Vital Lacerda sur la plateforme Kickstarter. Des bundles comprenant différents jeux sont disponibles et peuvent vous permettre de découvrir cet auteur et son travail.