Voici un nouveau projet Kickstarter qui vient d’apparaître: The King’s Guild! Lancé le 22 août et financé … le 22 août. Oui ça démarre fort le projet ira donc bien à son terme mais quelque chose me dit que ça ne va pas s’arrêter en si bon chemin.
Tout d’abord les gars ne sont pas des inconnus, c’est Mirror Box Games qui s’en charge. Ils ont déjà financé un projet Chaosmos sur Kickstarter en 2014 dont la campagne fut un beau succès avec plus de 130.000 dollars récoltés (sur 40.000 nécessaires pour valider la campagne). Malgré tout le King’s Guild avait fait son apparition sur cette même plateforme fin 2016 (sous le nom Guild Masters) mais n’avait pas finalisé sa campagne. Peut être à cause d’un montant trop élevé mais il ne manquait « que » 6.000 dollars sur les 30.000 demandés. Bref ils reviennent donc à la charge avec ce projet et c’est tant mieux!
Ils ont baissé le montant pour valider la campagne et de ce que j’ai pu en voir (je ne me suis pas tapé le projet qui a foiré, celui en cours m’a déjà pris du temps faut pas pousser non plus 😉 ) ils ont l’air d’avoir développé le concept (tout du moins visuellement) et c’est tant mieux!
Le jeu est prévu pour 2 à 5 joueurs, à partir de 14 ans et il faut compter entre 60 et 90 minutes par partie. Sortie prévue été 2018. Uniquement en anglais pour le moment, l’auteur m’a dit qu’il cherchait des traducteurs pour le livre de règles. Je pense que le matériel restera en anglais, même si on peut espérer avoir les règles en plusieurs langues.
Alors à quoi ça ressemble?
Le jeu est plutôt bien fourni au niveau du matériel mais c’est la tendance sur Kickstarter avec des jeux qui proposent de plus en plus de figs ou matos comme si on achetait son jeu au poids… Bref ici on va se retrouver avec un plateau bien balèze et plein de choses à mettre dessus (les ressources, les cartes, les pièces etc).
– Mirror Box Games nous a fournie pas mal de photos pour illustrer cet article –
De quoi ça parle?
Le roi est malade et on prépare sa succession. En tant que chef d’une des guildes de Greycastle, vous allez tout faire pour être proclamé nouveau roi. Le conseil des anciens élira le chef qui obtient le plus de prestige à la fin de la partie.
– les différents chefs de guildes –
Chaque joueur recevra une guilde différente, avec un départ asymétrique puisque les guildes n’auront pas les mêmes bonus (mais rassurez-vous ça a quand même l’air équilibré et ne devrait pas trop influer sur la partie… heureusement d’ailleurs!).
Sur le plateau central on disposera les ressources diverses que les joueurs pourront récolter comme le cuir, le métal, le tissu, le bois, les gemmes et la magie. Il y a aussi la réserve de pièces d’or, les cartes de trésors (qui constituent les récompenses des quêtes, on y reviendra), les cartes spécialistes (que vous pourrez recruter pour bénéficier de leurs divers bonus), les salles que vous pourrez construire dans votre guilde et bénéficier aussi de leurs différents bonus, et enfin les cartes de quêtes.
Ces dernières sont divisées en 2 âges (un peu comme 7 Wonders). On révèle un certain nombre de quêtes au début de la partie que les joueurs pourront s’approprier. Dès que l’un d’elle est achetée par un joueur, on en révèle une autre. A la fin de l’âge I sera révélée la carte Funérailles du Roi. A ce moment là, une sorte de poker menteur se met en place et chaque joueur mise un nombre de pièces d’or qu’il souhaite. Les joueurs révèlent leur mise, le plus gros enchérisseur remporte la Statue du Roi qui lui donnera 4 points de prestige à la fin du jeu.
– La statue du Roi –
C’est partit pour l’âge II, même principe au niveau des quêtes, et lorsque l’on révèle la carte Conseil des Anciens, le dernier tour se met en place. A la fin on calcule le nombre de points de prestige de chaque joueur, celui qui en a le plus remporte la partie!
– les cartes de quête –
Les cartes de quête, une fois résolues, vous permettront d’obtenir des trésors et des points de prestige. Par exemple, pour résoudre une quête « basique » il vous faudra dépenser 3 ressources de cuir pour fabriquer l’artefact nécessaire à la réalisation de la quête. Une fois l’item crafté, la quête est résolue et vous remportez les trésors correspondant.
Là où ça devient intéressant et compétitif c’est que certaines quêtes vous demanderont de fabriquer 2 items pour les résoudre. Si vous avez tous les matériaux nécessaires pour le faire à votre tour, tout roule. Mais si ce n’est pas le cas vous pouvez tout de même produire 1 des items. La quête n’est donc pas validée à votre tour, mais reste en suspens. Un autre joueur peut donc venir compléter la quête, ou vous pourrez la terminer à votre prochain tour. Du coup il peut être intéressant de quand même commencer une quête même si vous ne pouvez la finir ce tour-ci, ou pour un autre joueur de sauter sur l’occasion et rafler une récompense à moindre coût. Effectivement si la quête est résolue par 2 joueurs, le butin est partagée. Le premier joueur à avoir crafté 1 item pour la quête remportera la carte de la quête (donc 1 point de prestige à la fin), le second joueur choisit le trésor qu’il gagne, le dernier trésor revenant finalement au premier joueur.
– artworks des cartes spécialistes –
Voici les différentes actions que vous pourrez réaliser à chacun de vos tour:
Phase de récolte. Soit vous prenez 3 ressources du même type, soit 2 de types différents.
Crafting. Vous fabriquez le ou les items nécessaires à la réalisation d’une des quêtes disponibles sur le plateau.
Amélioration. Vous améliorez votre guilde en construisant une salle, ou en engageant un spécialiste, qui vous débloqueront des bonus pour les tours suivants.
A la fin du jeu on compte les points de prestige. Tout ce que vous possédez peut vous rapporter du prestige. Les cartes quêtes vous rapportent chacune 1 point, les trésors gagnés au cours de la partie aussi (possible de multiplier les points en associant les bonnes reliques entre elles), les salles construites et les spécialistes recrutées donnent le nombre de points indiqué sur leur cartes respectives, etc…
VERDICT
Prometteur! Franchement j’aime beaucoup le style graphique. C’est propre et bien réalisé. La boîte a l’air bien fournie il faudra juger de la qualité des matériaux avec le produit final mais ça a l’air nikel. L’univers est cohérent et immersif. Le thème n’est pas novateur mais bien retranscris.
Côté mécaniques rien de bien nouveau mais un mix bien huilé avec de la collecte de ressources, de l’amélioration, des bonus à débloquer et des récompenses aléatoires. On ajoute une phase d’enchères au milieu de la partie, et ça devrait fonctionner! Plusieurs stratégies sont possibles puisqu’à peu près tout peut rapporter plus ou moins de points de prestige. Quelques combos seront possibles avec associations de salles construites et de spécialistes recrutés.
Bref ça me botte bien et il y a de grandes chances que je me laisse séduire par ce jeu! A voir si je participe au financement kickstarter ou si j’attends qu’il soit dispo dans mon magasin préféré… Au labodesjeux, on est quand même souvent pressés! 😉
Merci en tout cas à Mirror Box Games, et à Matt le développeur du jeu pour leur autorisation et leur aide pour illustrer cet article.
Outlive résume à lui seul le phénomène du crowdfunding qui agite de plus en plus le monde ludo-éducatif. Je lisais dans le dernier numéro Hors Série de Ravage l’interview de Yoann, gérant de la société de distribution Blackrock. Article intéressant au demeurant et qui donne des infos sur le monde de l’éditeur et du distributeur de nos jeux-chéris. La garçon vient de STAPS à la base (j’avais pas mal de potes en STAPS à l’époque et le dénominateur commun semble être que peu d’entre eux sont restés dans le domaine sportif… comme quoi ça mène aussi à tout!) et fête les 10 ans de sa société qui a distribué notamment Garçon, Leader 1, Huuue pour ne citer qu’eux. La partie qui nous intéresse aujourd’hui concerne donc Outlive, carton annoncé au moment de sa mise en orbite sur Kickstarter, et son arrivée sur nos étals au mois de mai 2017.
Dorénavant, de nombreux créateurs et éditeurs de jeux tentent de sauter la case distributeurs et toucher directement leur clientèle par l’intermédiaire de Kickstarter, entre autres. Quand on connaît la répartition des marges sur le prix d’un jeu, et la part qui revient aux différents intervenants, certains peuvent y voir une solution pour augmenter ces marges, tout en s’affranchissant du circuit de distribution traditionnel. Bref on touche au commerce et marketing du monde ludique mais ça permet quand même de saisir l’opportunité que peuvent constituer les plateformes participatives pour certains acteurs, créateurs ou éditeurs.
Yoann donc, nous explique dans cette interview que selon lui, Kickstarter peut cohabiter avec le circuit traditionnel (nos boutiques spécialisées) et même offrir une vitrine plus importante pour des jeux orientés experts et moins vendeurs en boutiques tradi. On s’orienterait donc vers un développement parallèle des projets sur Kickstarter, et des jeux en boutiques tradi, sans que l’un et l’autre ne se gênent. Et des passerelles sont même créées entre les 2 avec cet excellent jeu Outlive notamment. Le projet a eu un retentissement assez hallucinant sur Kickstarter et a bouclé sa campagne sur un vrai succès, en développant un vrai engouement pour ce beau projet. Est-ce que ça restera un épiphénomène ou ce genre de passerelles va t-il se développer? On pourrait donner raison à Yoann puisque d’autres exemples fleurissent déjà, notamment avec l’excellent Scythe, qui dès qu’il sera de nouveau disponible viendra garnir la ludothèque du labodesjeux.
Bon maintenant on va examiner Outlive de plus près!
– mise en situation du jeu –
Outlive se déroule dans un univers post-apocalyptique après un désastre nucléaire. Des groupes de survivants doivent récupérer les ressources dont ils ont besoin pour survivre et développer leur abri anti-atomique. Le but est d’être le clan le plus productif pour être sélectionné par le « convoi », sorte d’arche de Noé qui arrive à la fin du jeu pour emmener ce clan vers le dernier paradis de ce bas-monde.
Les similitudes avec l’excellente série « The Walking Dead » sont nombreuses, si l’on enlève les zombies. C’est vraiment le côté survie qui prédomine. Vous allez devoir gérer vos survivants, collecter et conserver des ressources, améliorer votre abri, et faire avec les clans ennemis qui cherchent la même chose que vous. C’est du placement d’ouvriers dans un monde ravagé qui ne vous laissera pas de répit.
– différentes salles de votre abri anti-atomique –
En 6 tours (correspondant à 6 jours) le clan doit récolter le plus de points de victoires possibles pour être le clan « élu » et s’échapper de ce trou radioactif. Univers post-apocalyptique veut bien sûr dire que diverses calamités vont tomberont sur le coin de la tronche à chaque tour, et même s’accumuleront si personne n’y remédie.
Chaque joueur dispose de 4 héros qu’il déplacera sur les différentes zones de la carte, pour collecter, chasser, fouiller ou récupérer de l’équipement. Les rencontres avec les héros des autres joueurs font l’objet de mise sous pression (ou rackets) pour les délester de leur précieuse cargaison. Subtilité non négligeable et intéressante, un joueur ne peut déplacer un héros sur une zone déjà occupée par un de ses héros, ni revenir sur la zone qu’il occupait au début de ce tour.
Le côté anticipation et mise en place de la stratégie définie prend ici tout son sens puisqu’il faudra donc déplacer ses héros dans l’ordre qui permettra au mieux d’atteindre ses objectifs. Il est aussi intéressant d’aller sur la zone « cargo » qui permet de récupérer le token « 1er joueur » et ainsi commencer à déplacer son héros en premier lors du prochain tour.
– exemples d’équipements et de diverses ressources –
Vient ensuite la phase « nuit » durant laquelle le joueur va gérer son abri atomique. Il pourra résoudre les événements (payer le coût en ressource des diverses calamités pour annuler leurs effets et récolter les PV correspondants) et gérer la radioactivité qui menace la survie de son clan. Il doit nourrir les survivants qui le composent (avec les ressources qu’il aura collecté durant la phase nuit) au risque de les voir mourir dans le cas contraire, construire et développer des salles qui donnent des bonus divers (plus de ressources collectées la journée, ventilation plus efficace pour contrer la radioactivité etc…) et enfin réparer des équipements qui apportent aussi des bonus lors de la phase journée (mention spéciale au clin d’œil à Lucille la batte de Negan dans Walking Dead 😉
A l’aube les zones de la carte sont réalimentées en ressources et c’est reparti pour 1 tour.
– la batte de Negan –
On est obligé de vous parler de la direction artistique du jeu qui est à tomber par terre. Le jeu est très beau et bien réalisé. C’est un vrai plaisir d’aller chasser pour récupérer des petites côtelettes de gibier, et d’accumuler ses ressources. Le plateau est superbe et très clair. Un vrai coup de chapeau à l’illustrateur Miguel Coimbra qui réalise encore un travail incroyable sur ce jeu! L’homme n’est plus à présenter tellement sa patte se retrouve sur de nombreux jeux qui ont cartonnés (7 Wonders, Smallworld, Cyclades entre autres). Nous accordons une place toute particulière à l’esthétique des jeux et quand le résultat est nikel, il est bon de le souligner!
– exemples d’équipements que vous allez pouvoir récupérer dans le jeu –
Verdict
Franchement un vrai régal! J’adhère totalement au thème post-apocalyptique (chacun ses goûts) qui est très bien retranscrit ici. Le côté survivaliste est très prenant avec la collecte des ressources et la gestion d’un environnement hostile et une radioactivité qui peut réduire à néant vos efforts de la partie journée si elle n’est pas bien gérée. La prise en main est rapide même si la mise en place et le 1er tour peut faire peur, je vous garantis que la fluidité du jeu prend vite le dessus et on prend vite goût au jeu. L’auteur a inclus plein de petites références qui sont bienvenues et s’accordent parfaitement avec la qualité du travail de l’illustrateur. J’aime ce côté « Walking Dead » (les zombies en moins) qui oblige le joueur à fouiller les endroits où il se trouve, chasser et collecter afin de construire et améliorer son abri. Le hasard n’est que peu présent dans ce jeu et c’est tant mieux je trouve. Les mécaniques de jeu sont simples avec un placement d’ouvriers dans l’abri et la gestion de ressources mais elles sont parfaitement adaptées au thème.
Petit bémol sur la mise en place. Il y a énormément de composants pour ce jeu, et certains éditeurs ne soignent pas assez le rangement et l’organisation des boites. C’est le cas ici avec de simples sachets zip (t’as pas dit zip!). Du coup forcément ça prend du temps à mettre en place et à ranger…
Sur les parties que l’on a fait avec des nouveaux joueurs à chaque fois, l’explication semble complexe lors de l’énoncé des règles et de la présentation du jeu, mais au début du 2ème tour de jeu, tout le monde avait déjà pratiquement tout saisi. Ça s’enchaîne quand même plutôt bien, c’est logique et très immersif.
Bref vous avez compris, nous à l’équipe du labodesjeux, ça nous a bien plu! Perso je le recommande fortement et si l’univers et la patte graphique vous plaisent, vous ne serez pas déçus! Je vais essayer de tester les règles pour le jeu en solo qui sont dispo ici.